Une cinquantaine de "faucheurs volontaires" d'OGM ont pénétré jeudi sur le site d'une coopérative agricole à Castelnaudary, dans l'Aude, éventrant plusieurs centaines de sacs de semences de colza et de tournesol qu'ils considèrent illégales.
Portant des banderoles sur lesquelles on pouvait lire "Non aux OGM" ou "Colza et tournesol OGM, depuis des mois, gouvernement hors-la-loi", ces militants venus d'Occitanie et d'ailleurs se sont ensuite assis au milieu de l'entrepôt, avant d'être évacués par une trentaine de gendarmes.
La cible de cette opération : la coopérative agricole audoise Arterris, à Castenaudary, premier multiplicateur de semences de l'Hexagone.
"On entend dire qu'il n'y a plus d'OGM cultivés en France. C'est faux. On est venu dire par cette action que les OGM, qui devraient être interdits, sont en fait en vente ici dans ce hall pour les agriculteurs qui veulent bien en semer. C'est en complète contradiction avec la législation européenne", a déclaré l'un de ces "faucheurs", le Toulousain Jacques Dandelot.
Les NBT en question
Arterris affirme pourtant qu'il n'y a pas d'OGM chez elle au sens strict de la loi, car le gouvernement français ne considère pas ces graines comme telles. Ce sont des NBT. Des plantes modifiées, mais sans introduction de gène étranger. Néanmoins, la Cour de justice européenne et le Conseil d'Etat ont affirmé qu'elles devaient être soumises à la même législation que les OGM. Ces graines de colza et de tournesol ont été obtenues par des NBT et sont considérées comme des organismes génétiquement modifiés par les anti-OGM.
Aucune mesure sérieuse n’est prise en France aujourd'hui pour cataloguer ces plantes comme OGM. On ne peut plus attendre parce que le tournesol va être semé d’ici quelques jours dans les champs, et on va se retrouver avec des milliers d’hectares de tournesols OGM en France qui après vont passer dans l’alimentation humaine et animale. On ne peut pas laisser faire ça !
" Nous demandons au gouvernement qu’il se conforme à ce que lui a demandé le Conseil d’Etat, c’est-à-dire qu’il décide quels OGM doivent être non règlementés, ce qui veut dire que tous les autres seront règlementés. Voilà ce qu'on lui demande. On lui demande aussi autre chose: d’arrêter l’hypocrisie de l’importation d’OGM, alors qu’ils sont interdits ou règlementés en France ," rajoute Françoise Marille, faucheuse volontaire des Pyrénées Orientales.
"En revanche, le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie a estimé début janvier que les NBT " ne sont pas des OGM", mais des technologies qui permettent "de faire apparaître plus tôt une variété qui aurait pu apparaître naturellement à un moment donné".
Les militants ont finalement été évacués par les gendarmes. Un huissier devra évaluer le préjudice pour la coopérative, qui va porter plainte.