Canal du Midi : un vaccin relance l'espoir de sauver les platanes

Un vaccin sera testé cette année, relançant l'espoir de sauver les milliers de platanes qui longent le canal du Midi mais sont condamnés par une maladie incurable et dont le strict plan d'abattage fait polémique. Ce pré-traitement sera injecté sur des platanes touchés ou pas par le chancre coloré.

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Développé par le Centre d'expertise en techniques environnementales et végétales (Cetev), basé non loin de Toulouse, ce nouveau remède est en fait une "solution de pré-traitement", a expliqué à l'AFP Jacques Noisette, directeur de la communication aux Voies navigables de France (VNF), organisme public qui gère le canal.

Le fongicide sera injecté sur "plusieurs centaines" de platanes "validés sains ou en tout début de maladie", a-t-il précisé. 

Plusieurs fois annoncé mais toujours repoussé, le test se déroulera sur trois ans et a pour but d'éliminer le chancre coloré, un champignon très contagieux qui résiste à tout traitement et tue un platane en trois à sept ans.

Le chancre coloré a débarqué avec les Américains pendant la deuxième guerre mondiale


La maladie, qui a été amenée dans les caisses de munitions que transportaient avec eux les Américains libérant la France, relance l'espoir d'une alternative au vaste programme d'abattage de la totalité des platanes, sains ou non, qui est parfois ressenti comme un "massacre".

Sur un total de 42.000 platanes initialement plantés, 14.000 ont été ainsi abattus. Et 4.000 arbres d'espèces immunes ont été replantés.

Une pétition réclamant "l'arrêt de l'abattage et la mise en place d'un traitement 100% naturel" a recueilli plus de 17.000 signatures à ce jour.

200 millions d'euros sur 20 ans 


Le programme devrait coûter 200 millions d'euros sur vingt ans, financé à parts égales par les VNF, les collectivités territoriales et le mécénat.

Outre les platanes, le combat pour les abords du canal passe également par le projet en cours de classer les berges au titre de monument historique.

Le canal est actuellement classé à l'Unesco sur son fil d'eau, plus 20 mètres en moyenne de chaque côté, mais l'Unesco avait demandé que le site ne soit pas atteint dans son intégrité.

La Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dréal) avait demandé le classement mais la procédure n'a pas abouti, notamment à la suite d'oppositions d'élus locaux qui craignaient de ne plus pouvoir lancer aucun aménagement dans le secteur concerné.

De nouvelles consultations ont été lancées par le préfet de l'Aude, Jean-Marc Sabathé, qui a fourni un rapport, actuellement sur le bureau de la ministre
de l'Environnement, Ségolène Royal.

"Ce n'est qu'une proposition", rappelle M. Noisette. "Cela peut se faire mais il faut voir les contraintes. Ca ne va pas a priori freiner le développement mais va le rendre plus compliqué".


Les grandes étapes du Canal du Midi
Initié il y a 350 ans, le canal du Midi s'étire de Toulouse à l'étang de Thau (Hérault), reliant la Méditerranée à l'Atlantique, un rêve de près
de cinq siècles.

Il y a 475 ans: l'idée d'un canal

Depuis 1539, l'idée d'une jonction entre les deux mers, à travers le Languedoc, ressurgit régulièrement avec son lot d'études mais sans solution de mise en oeuvre ni d'approvisionnement en eau.

De 1648 à 1660, Pierre-Paul Riquet, fermier des gabelles, sillonne le territoire dont il a la charge pour récolter la taxe du sel et découvre un réseau hydrologique sur la Montagne noire pour alimenter en eau le futur canal.

Le 15 novembre 1662, Riquet présente son projet à Colbert.

Il y a 350 ans: l'édit du roi Soleil

Le 7 octobre 1666, le roi Soleil signe l'édit qui autorise la construction du canal.

Le 1er janvier 1667, les travaux débutent.

Le 1er octobre 1680, Riquet meurt à Toulouse, quelques mois avant la fin des travaux, après y voir consacré toute sa fortune.

En mai 1681, une première navigation solennelle signe une inauguration partielle.

Trente ans après: le canal est achevé

En 1684, l'Intendant inspecte le canal et rédige le procès-verbal de réception des travaux. Mais le canal s'ensable rapidement et Vauban, commissaire général aux fortifications du royaume, est envoyé pour inspecter le canal. Celui-ci préconise la construction de multiples ouvrages pour limiter l'ensablement.

En 1694, l'ouvrage est considéré comme terminé, grâce aux 12.000 ouvriers mobilisés.

En 1787, Thomas Jefferson, ambassadeur des États-Unis, vient étudier le canal et son système d'alimentation.

En 1858, la gestion du canal est reprise par la Compagnie des Chemins de Fer du Midi et en 1897, une loi autorise le rachat du canal par l'État.

Il y a 20 ans: le classement de l'Unesco

Le 7 décembre 1996, l'Unesco inscrit le canal du Midi sur la liste du patrimoine mondial de l'Humanité. Le classement dope la fréquentation touristique sur le canal qui capte 28% du tourisme fluvial national.

Il y a 10 ans: la maladie des platanes

En 2006, un champignon, le chancre coloré des platanes, apparaît, menaçant les 42.000 arbres qui bordent le canal et protègent les berges. La maladie incurable contraint les autorités à décider d'un plan d'abattage. Quelque 14.000 platanes sont abattus en dix ans et 4.000 arbres sont replantés. Une pétition demandant l'arrêt de l'abattage recueille plus de 17.000 signatures à ce jour.
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