Une Iranienne d'une trentaine d'années, fuyant la répression dans son pays, a été interpellée le 4 novembre à Carcassonne (Aude). Elle fait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français. Des associations dénoncent la volonté de la préfecture de la renvoyer en Iran.
Zoya (prénom d'emprunt) n'avait qu'un but : fuir la répression de son pays, l'Iran, et retrouver une amie vivant à Dublin en Irlande. La femme d'une trentaine d'année avait rejoint la Turquie par camion, puis l'Italie et enfin la France. C'est le 4 novembre à Carcassonne dans le département de l'Aude, qu'elle est contrôlée par les douanes.
"Elle a présenté alors aux douaniers un passeport, s'étant avéré être un faux document. Ce faisant, conformément à la législation en vigueur, elle a été brièvement placée en garde à vue, puis remise aux services de la police aux frontières" rapporte la préfecture de l'Aude. Toujours selon les services de l'Etat, Zoya n'aurait pas été en mesure de "justifier son identité et sa nationalité."
Sans ressources, sans attache familiales en France, n'ayant pas sollicité l'asile sur le territoire, la jeune femme fait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a été placée en rétention administrative au centre de rétention administrative (CRA) de Cornebarrieu, en Haute-Garonne.
Le discours et les faits du gouvernement pointés du doigt
La situation provoque la colère de l'association le Cercle des voisins. "Zoya a du faire face aux passeurs et bien entendu qu'elle a été obligé d'acheter de fausses pièces d'identité. Mais cette décision préfectorale est incompréhensible. On ne peut pas imaginer un préfet n’ayant pas allumé sa télévision, ne sachant pas ce qui se passe en Iran, qui se dirait "je vais autoriser les autorités iraniennes d'identifier Zoya pour qu’elle puisse repartir directement en Iran" réagi Alain Cwiklinski, membre du Cercle des voisins de Toulouse.
Sa colère est d'autant plus grande qu'Emmanuel Macron a reçu, vendredi 11 novembre à Paris, des femmes iraniennes, dont il a salué la "révolution qu’elles sont en train de conduire" à l’issue d’une visite au forum de Paris sur la paix.
"Il y a les discours et les faits, s'emporte Alain Cwiklinski. On fonctionne en dehors de toutes les considérations humaines. Cette femme, elle était sans voile. Elle était sans rien. Elle manifestait sa colère en Iran. La première chose à faire, c’est de ne pas la mettre dans un centre de rétention. On parle de femmes iraniennes qui vont en prison car elles tagguent. Zoya, elle va en prison seulement pour la liberté."
Zoya toujours sous le coup d'une expulsion
48 heures après l'arrivée de Zoya au CRA de Cornebarrieu, un juge des libertés l'a libéré, "à la suite d'un vice de procédure" selon la préfecture de l'Aude.
Le Cercle des voisins l'a pris en charge. La jeune iranienne est accueillie par une compatriote et sa fille ayant fui elles aussi l'Iran en raisons de convictions religieuses et au port du voile.
"Nous allons tout faire pour l'aider à faire une demande d'asile politique en France" explique Alain Cwiklinski. Seul problème. Zoya est toujours sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et peut être renvoyée en Iran à tout moment.