REPORTAGE. Guerre en Ukraine : "Nous sommes plus unis que jamais", Natalia réfugiée à Blagnac

Ce 24 août célèbre l'Indépendance de l'Ukraine acquise le 24 août 1991. Cette date marque aussi 6 mois de guerre depuis l'invasion de la Russie le 24 février 2022. Natalia Gordiichuk, ses deux filles et sa mère ont trouvé refuge à Blagnac. Elles nous ont reçu en ce jour de fête nationale pour les Ukrainiens.

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En ce jour d'Indépendance de l'Ukraine, Natalia Gordiichuk, réfugiée à Blagnac depuis le 28 février 2022, a affiché des drapeaux jaune et bleu un peu partout dans son appartement. Elle nous accueille avec le sourire, mais son visage est teinté de tristesse.

"Nous sommes plus unis que jamais"

Pour la première fois, elle ne célébrera pas ce 24 août à Kiev auprès des siens. Car cette journée marque aussi les 6 mois de la guerre en Ukraine, un double anniversaire difficile pour ces réfugiés ukrainiens venus se mettre en sécurité en France et qui ne peuvent toujours pas rentrer dans leur pays.

L'appartement qu'elle loue se trouve dans une petite résidence coquette de Blagnac, le balcon donne sur un parc bucolique. Un environnement sécurisant qui contraste avec les angoisses et les interrogations qui habitent cette maman tous les jours depuis son exil forcé de Kiev en février dernier.   

Pour moi ce 24 août est un jour très important, il célèbre l'Indépendance de l'Ukraine. Même si notre histoire démarre bien avant, cela reste un événement important pour notre peuple. Car aujourd'hui on remet en question notre indépendance avec cette invasion russe. Jamais on n'aurait pu penser que cette guerre dure aussi longtemps. Mais nous sommes plus unis que jamais, notre sentiment de fierté est encore plus fort même si là, j'avoue que notre cœur n'est pas à la fête.

Natalia Gordiichuk, réfugiée ukrainienne

Nous avons été bloqués à Barcelone le 24 février au début du conflit

Natalia est pensive. Son français est impeccable, impressionnant. Femme très diplômée, elle a appris notre langue à l'école puis elle a poursuivi à l'université en faisant des traductions. Sa maîtrise de notre langue l'a beaucoup aidée dans son exil, tout comme son métier. " Tous les réfugiés ukrainiens n'ont hélas pas cette chance", rajoute-t-elle. 

Cette maman divorcée est en effet commerciale pour une société de microbiologie à Kiev qui travaille pour une entreprise à Blagnac.

Ce lien professionnel lui a permis de venir se réfugier ici en février quand le conflit a éclaté. "Le 24 février nous étions en vacances à Barcelone avec deux de mes filles, Paulina et Elina, quand les Russes ont commencé à bombarder. Notre avion a été cloué au sol et annulé, on ne pouvait plus rentrer. Grâce à mes liens professionnels à Blagnac, nous sommes venus ici en attendant. Nous avons ensuite été logés plus d'un mois dans une famille d'accueil à Cornebarrieu. Puis grâce à mon salaire et avec l'aide d'une association, j'ai pu louer et m'installer dans cet appartement avec mes filles et ma mère que j'ai dû aller récupérer à Liev en juin dernier", nous explique Natalia.

Une vie transitoire

L'appartement est spacieux, lumineux, très propre mais transitoire. Excepté quelques drapeaux et symboles ukrainiens, on sent que Natalia ne souhaite pas s'installer définitivement à Blagnac. 

J'ai vraiment envie de rentrer chez moi à Kiev, j'ai un appartement là-bas en hyper centre-ville. Il n'a pas été touché par des bombardements. Je pourrais rentrer mais je crains que les Russes attaquent de nouveau, la situation est encore instable. Je dois mettre mes enfants à l'abri. De plus ma fille de 9 ans va faire sa rentrée en septembre ici en France, donc j'attends, un peu, 6 mois, voir l'année scolaire pour voir si le calme dure longtemps. De toute façon je n'arrive plus à avoir de projets à longs termes.

Natalia Gordiichuk

Le visage de Natalia se ferme à nouveau. Évoquer le futur est douloureux, car il est sans perspective pour cette famille ukrainienne. La troisième de ses filles, la plus grande de 21 ans, est étudiante et est restée à Liev à l'Ouest de l'Ukraine. Le papa des deux petites, lui, vit toujours à Kiev. "Il les appelle très souvent. Ils se parlent au téléphone", précise Natalia.

Elle n'aura jamais pensé vivre une guerre dans son pays

Au milieu de l'entretien, Natalia et sa maman s'interrompent. Des alertes infos de leur pays viennent de tomber. Les yeux rivés sur leurs portables, elles suivent heure par heure l'évolution du conflit. Ce 24 août la Russie a intensifié ses bombardements sur Kharkiv à l'est du pays. "Le jour de l'Indépendance, c'était prévisible", glisse-t-elle.

 

Sa maman Lindmyla Kohhanhets écoute sa fille avec attention. Cette ancienne reporter de guerre, aujourd'hui à la retraite, a couvert la guerre en Tchétchénie, en Irlande du Nord. Elle a aussi fait des reportages sur les conflits en Afghanistan et en Géorgie. Jamais elle n'aurait pensé vivre une guerre chez elle. Sa fille nous traduit ses pensées : "Je connais bien la guerre, hélas trop bien… Mais c'est différent quand c'est dans votre pays, quand cela touche vos amis, votre famille. C'est terrible…"

La grand-mère s'arrête alors de parler, les yeux embrumés de larmes. Nous n'insistons pas. Natalia reprend alors.

Célébrer l'Ukraine

Ce soir pour fêter ce 24 août, nous organisons un repas ici avec des amis, ma mère, mes filles et ma sœur et ses enfants. Mais avant nous irons nous rassembler et marcher à Toulouse avec la communauté ukrainienne puis nous inaugurerons le monument en hommage au poète et peintre ukrainien Taras Chevtchenko, un héro de la Nation. Ce monument a été déplacé par la ville de Toulouse dans le parc Compans Caferelli dans le cadre du jumelage avec Kiev. Nous sommes très reconnaissants d'avoir ce monument à cet endroit là et de ce lien entre Kiev et Toulouse.

Natalia, réfugiée ukrainienne

Leur sentiment de fierté, cette famille ukrainienne va l'exprimer ce mercredi dans les rues de Toulouse dès 16h30 pour la fête nationale pour l'Ukraine. Natalia arborera les couleurs de son pays avec un seul espoir : "Même si j'aime la France et que je suis très reconnaissante de son accueil, je veux rentrer chez moi, au plus vite."

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