Après les terribles inondations d'octobre 2018 dans l'Aude, les vignes de Jean Sentenac avaient les pieds dans l'eau. Il se demandait comment il allait s'en sortir. 10 mois de travail acharné lui ont offert une récolte inespérée. Les vendanges viennent de démarrer. Nous sommes retournés le voir.
C'était le 15 octobre 2018 : sous l'effet de pluies diluviennes, le fleuve Aude, qui longe le domaine de Jean Sentenac à Trèbes, sortait de son lit et inondait les vignes et le domicile familial. Sur 45 des 52 hectares que comptait la propriété, il a fallu relever les pieds couchés, déblayer les nombreux déchets et remettre en état le réseau d'irrigation. Et au bout de 10 mois : la récompense est venue sous forme d'une vendange inespérée.
Solidarité vigneronne
Le fruit du labeur de toute une année, c'est donc ce premier jus de Chardonnay, vendangé au matin du 3 septembre 2019, au terme d'un travail titanesque, grâce au coup de pouce, en décembre, d'une centaine de bénévoles, viticulteurs pour la plupart, venus aider le viticulteur et sa famille. Une solidarité orchestrée par l'Association Audoise des Agriculteurs Sinistrés, fondée et présidée par Philippe Vergne, également président de la chambre d'agriculture de l'Aude :
Heureusement, les raisins, sortis bien après les inondations, n'ont pas été touchés, selon Jean Sentenac :40 conseillers sont allés sur le terrain, effectuer 800 expertises. A partir de là, on a fait un appel aux dons, qui ont afflué, tant de la part des collectivités que des organisations professionnelles ou des particuliers. On a récolté 750.000 € qui ont servi notamment à la mise en place de matériel lourd, au transport de terres... Les derniers chèques sont en train d'être répartis entre les plus sinistrés.
Il n'y a pas eu d'impact ni sur la fleur, ni sur la constitution des grains et des grappes, qui sont sortis bien après [...] Ça a retardé la taille, parce qu'avant de pouvoir entrer dans les vignes, nous avons dû les redresser, ça nous a pris 3 à 4 mois et du coup, nous avons commencé à tailler fin janvier, début février, au lieu de novembre. On a dû prendre des renforts parce qu'il fallait absolument qu'on ait fini avant fin mars.
Investissements importants
Les Sentenac ont donc commencé à récolter les parcelles de blancs. Pour cela, ils ont réalisé d'importants investissements pour remettre en état tout ce que l'eau avait abîmé. Pierre Sentenac, l'un des viticulteurs de la famille, explique que seul le pressoir a pu être sauvé. Il a fallu changer à peu près tout le reste du matériel :
Toutes les pompes, le moindre outillage, la moindre des perceuses... Tout ce qu'on avait, enterré ou à 1,80 mètre de haut, tout a péri ! Il a aussi fallu nettoyer tout le limon qui s'immisçait dans les tuyaux, partout !
Quantités en baisse
La météo, plus clémente depuis les inondations, a aussi aidé Jean Sentenac. Sa récolte devrait être un peu moins importante en quantité, mais promet d'être de très bonne qualité.