L'association Alerte aux toxiques publie une étude sur 22 crus français labellisés HVE, haute valeur environnementale. Elle met en avant la présence de résidus de pesticides malgré cette certification créée en 2011. Le cru AOP Cabardès "esprit Pennautier" figure en 4e position avec 10 toxiques.
En pleines vendanges, cette étude fait le buzz sur les réseaux sociaux et surtout échauffe les esprits chez les viticulteurs. C'est aussi un pavé dans la mare pour le gouvenrment et son label HVE créé en 2011. Une certification viticole et environnementale issue du Grenelle de l'Environnement.
22 crus ont été analysés et 180 molécules ont été recherchées par le laboratoire Dubernet basé à Montredon-des Corbières, dans l'Aude, une référence en matière d'analyses viticoles et oenologiques.
Si les viticulteurs ne contestent pas les résultats de l'analyse, ils dénoncent des interprétations erronées, orientées voire fausses. Car en agriculture raisonnée, comme en bio, il n'y a jamais zéro résidus de produit chimique mais les doses utilisées ne doivent pas être toxiques et en dessous des seuils de la charte.
Une bouteille de Château de Pennautier 2016, esprit de Pennautier, a donc passé les tests. Verdict, 7 à 9 traces de résidus sur 180 recherchés ont été détectées. Toutes très largement en dessous des normes. Les propriétaires du "Versailles du Languedoc" sont choqués.
Une "odieuse manipulation des résultats" ?
Le Château de Pennautier, seul cru d'Occitanie à figurer dans cette étude, dénonce "une étude à charge pour décrédibiliser la démarche HVE".L'entreprise audoise ne refute pas les chiffres et les résultats des analyses réalisées par le laboratoire Dubernet, mais elle crie au scandale quant aux interprétations faites par l"association Alerte aux toxiques.Cette étude prétend prouver que les vins concernés contiendraient des produits dangereux (qu’elle sous-entend même interdits, avant de reconnaitre qu’il n’en est rien au fil de son texte) et dont on trouverait des résidus dans un de nos vins.
Elle s'explique dans un communiqué.
"Sur 180 molécules recherchées par le laboratoire dans l’analyse citée pour l‘esprit de Pennautier 2016, on trouve 7 traces de résidus qui sont très largement inférieures aux limites maximales résiduelles autorisées. L’indice le plus haut des 7 molécules atteint 1,6% de la teneur maximale autorisée sur raisin sur cuve comme le précise le compte rendu d’analyse. La publication n’est donc pas sérieuse et tend uniquement à nuire à l’image des domaines qui ont été choisis comme le dit l’étude, avec soin et en particulier «chez des personnalités assumant des responsabilités» (Sic !) dans l’espoir de faire le plus possible de battage médiatique".
Retrouvez le site de l'association Alerte aux toxiques et l'analyse des 22 crus.
L'avis des laboratoires Dubernet qui ont réalisé les analyses
Dans un communiqué, les laboratoires audois Dubernet expliquent : "les teneurs en résidus dans les vins, quand nous en trouvons, sont très faibles, toujours très en dessous des LMR (en moyenne de l’ordre de 0 à 3 % de ce seuil selon les molécules). La situation des vins en France est donc très loin de poser des problèmes vis-à-vis des limites légales. Nous savons aussi qu’en raison des progrès permanents des outils d’analyse, des teneurs autrefois non détectées le sont devenues, alors qu’elles se situent à des seuils infinitésimaux".
À quel moment doit-on s’abstenir d’interpréter un résultat analytique relevant de concentrations tellement faibles qu’elles ne signifient plus rien ? C’est ce type de questions que les experts se posent actuellement. Il est donc recommandé la plus grande prudence concernant toute interprétation hâtive des teneurs très faibles, que peuvent porter les analyses de résidus.
Et de conclure, "on peut enfin souligner que certains des vins cités dans cette communication sont issus de millésimes plutôt anciens, quand les domaines et château cités n’étaient pas forcément encore certifiés HVE… Former une critique de HVE à partir d’analyses réalisées sur des vins non HVE semble être une méthodologie très contestable".
Le label HVE
Au 1er janvier 2020, il y avait 5.400 exploitations HVE en France, dont 828 en Occitanie. 8 sur 10 sont des exploitations viticoles, principalement en Gironde, dans la Marne ll'Aude, l'Hérault et le Gard.
- niveau 1 : il correspond à la maîtrise de la réglementation environnementale et à la réalisation par l'agriculteur d'une évaluation de son exploitation au regard des cahiers des charges du niveau 2 ou du niveau 3 ;
- niveau 2 : il certifie le respect par l'agriculteur d'un cahier des charges comportant des obligations de moyens permettant de raisonner les apports d'intrants et de limiter les fuites dans le milieu. C'est dans ce cadre que des démarches environnementales peuvent être reconnues si le niveau des exigences environnementales de leur cahier des charges et le niveau des exigences de leur système de contrôle sont jugés équivalents au dispositif de certification environnementale ;
- niveau 3 ou HVE : il s’appuie sur des obligations de résultats mesurées par des indicateurs de performances environnementales.