L'Eurodéputé audois Eric Andrieu (PS), président de la commission "pesticides" au Parlement Européen, a vu sa boîte mail piratée. Il y voit la main des lobbies pro-glyphosate et réaffirme sa détermination à statuer sur cette question de santé publique malgré les pressions.
L'incident aurait pu le faire douter, il a au contraire renforcé sa volonté d'aller au bout de sa mission. L'eurodéputé Eric Andrieu (PS), originaire de l'Aude, a vu sa boîte mail récemment piratée et il y voit la main des lobbies pro-glyphosate. Car au Parlement Européen, Eric Andrieu est président de la commission "pesticides", qui planche actuellement sur la révision du protocole d'autorisation de mise en marché de ce type de molécules.
Certains courriels redirigés automatiquement vers la corbeille
Ce sont ses assistants qui se sont aperçus que quelque chose n'allait pas : certains courriels contenant certains mots clés ne leur parvenaient jamais. Pas de problème pour ceux où était écrit le mot "bonjour", par exemple, mais les courriers électroniques où était mentionné le mot "cancer" étaient automatiquement déviés vers un dossier "glyphosate" qui lui-même tombait directement dans la corbeille.
Une intervention extérieure directe
Alertés, les services informatiques du Parlement Européen ont confirmé le piratage, qui n'a pu être effectué que par une intervention extérieure directe. En revanche, s'ils ont pu établir la date de cette manipulation, ils n'ont pas pu en retracer l'origine. Eric Andrieu a raconté cet épisode à Sylvain Jaeger et Christophe Chassaigne.
Pressions récurrentes
Pas de quoi effrayer Eric Andrieu, qui en a vu d'autres : pomme portant la mention "ceci contient du glyphosate" déposée sur son bureau, tentative d'invitation à une réunion secrète avec le président de la branche française d'un groupe d'agro-chimie (qu'il a déclinée) : les pressions sont constantes au poste qu'il occupe.
Des lobbies autorisés
Car les enjeux financiers sont énormes pour les industriels et autres semenciers : l'interdiction d'un pesticide ou d'un herbicide peut avoir des conséquences considérables pour leur activité. Et même si les lobbyistes de Monsanto ont été bannis du Parlement Européen, les lobbies en général y restent autorisés et très actifs.
Légitimité des élus renforcée
Mais paradoxalement, Eric Andrieu pense que leurs tentatives de pressions renforcent la légitimité des élus à statuer sur ces questions de santé publique.
Le pouvoir, on l'a par la loi : il faut que le politique réinvestisse sa fonction et qu'il définisse bien ce pourquoi il est élu, sans tenir compte des pressions ou des lobbies : pour des objectifs sociétaux. Et nous pouvons y répondre en émettant des lois qui garantissent la protection non pas de quelques-uns, mais du plus grand nombre.
Vote le 6 décembre
Le Parlement Européen se prononcera sur la révision du protocole d'autorisation de mise en marché des molécules de type "glyphosate" le 6 décembre 2018, en assemblée plénière.