Des milliers d’Ukrainiens continuent de fuir la guerre, jetés sur les routes, tentant de rejoindre les pays voisins. La solidarité s’organise partout en Europe, y compris en Languedoc-Roussillon. Des initiatives de particuliers aux propositions des collectivités, les offres d’hébergement fleurissent à toutes les échelles.
Depuis la première offensive russe le 24 février, plus de 1,5 million de personnes ont fui l'Ukraine vers les pays voisins, selon l'ONU. Au-delà de la solidarité exprimée par les dirigeants des pays de l'Union Européenne, ces images d'exode ont ému la population. A toutes les échelles, des élans de générosité spontanés ont vu le jour.
Accueillir des réfugiés chez soi
Natacha gère depuis 14 ans un hôtel aux alentours de Carcassonne. Ukrainienne, elle suit à distance la guerre qui fait rage dans son pays depuis l’invasion russe du 24 février. Elle scrute, impuissante, l’évolution des affrontements, alors que certains de ses proches se trouvent toujours en Ukraine et en Russie. “Aujourd’hui, je vis au jour le jour, chaque heure”, murmure-t-elle. Natacha a décidé d’agir à son échelle : elle compte mettre à disposition des réfugiés ukrainiens une trentaine de chambres de son hôtel.
Bien sûr, je vais les accueillir gratuitement ! Aujourd'hui ça me touche, parce que c'est tellement proche de moi, et parce que je pense à ma famille. Mais c'est naturel, je pourrais faire la même chose avec des réfugiés de n'importe quel pays.
NatachaGérante d'un hôtel près de Carcassonne
Alors que la durée de la guerre est encore incertaine, Natacha balaye d'un revers de main la question de la pérennité financière de son hôtel, si le conflit venait à s'éterniser. "On n'aurait jamais pu imaginer ce qui allait se passer. Alors l'argent... Aujourd'hui, il n’y a que la générosité, la gentillesse et la paix qui comptent."
Les municipalités se mobilisent
Toujours dans l'Aude, la municipalité de Castelnaudary s'active elle aussi pour mettre des logements à disposition des réfugiés ukrainiens. Le maire, Patrick Maugard, souhaite rénover en urgence sept appartements (4 T1 et 3 T3), qui faisaient partie de l'ancien lycée. "Nous n'avions pas prévu d'utiliser ainsi ces appartements. Mais avec cette tragédie qui se déroule à deux heures de chez nous, on ne pouvait pas rester les bras ballants. Alors on a accéléré le calendrier : on va finir les dernières rénovations dans les jours à venir", explique Patrick Maugard.
Le maire tient à le préciser : il ne s'agit pas de donner aux Ukrainiens ce qui aurait dû revenir à des habitants de Castelnaudary. "Nous avons 200 logements en construction actuellement, on ne déshabille pas Pierre pour habiller Paul ! Et les Français ne sont pas sous les bombes, en ce moment."
De nombreuses communes se sont mobilisées de la même façon. A Perpignan, la mairie a coordonné un convoi humanitaire avec des associations pour des familles ukrainiennes fuyant la guerre. 110 personnes sont arrivées dimanche 6 mars. "Près de 400 hébergements disponibles ont été recensés", se félicite Stéphane Babey, directeur du cabinet du maire.
A Montpellier, la ville a mis la Maison des relations internationales à disposition des associations pour les collectes, mais s'est aussi engagée à accueillir des réfugiés. "Nous disposons pour les loger des places que la Ville et la Métropole de Montpellier avaient prévues pour les Afghans. Ces derniers ne sont pas venus, ce qui libère des logements. Accueillir des réfugiés est notre devoir et notre tradition", a déclaré Michaël Delafosse, cité par dis-leur.fr
Les départements comme échelon de coordination
Dès le lendemain de la première offensive russe sur l’Ukraine, Sophie Pantel, la présidente socialiste de la Lozère a exprimé son intention d’accueillir des réfugiés dans le département. "La Lozère a toujours été une terre d accueil, nous manquons d'habitants et nous avons des emplois à pourvoir", a-t-elle écrit.
Les présidents des départements de gauche ont appuyé dans un communiqué : “Nos départements prendront toute leur part dans l’accueil de ces réfugiés de guerre. C’est pourquoi nous demandons à l’Etat d’organiser, dans chaque département, une conférence des collectivités pour organiser et préparer cet accueil.”
Dans l'Aude, le département coordonne déjà les multiples initiatives qui émergent à différentes échelles. "Le département avait réagi de la même façon pour les réfugiés syriens et afghans qui fuyaient la guerre", affirme Chloé Danillon, vice-présidente déléguée à l'enfance et à l'action sociale. "La question de l'hébergement est centrale. C'est pourquoi le département propose aux communes et aux intercommunalités de se manifester auprès de nous."
Nous disons aux Audois qui veulent mettre un logement à disposition, ou aux Audois dont des proches arrivent par leurs propres moyens : signalez-vous, pour que l'on puisse vous accompagner au mieux. C'est seulement ainsi que nous aurons un référencement efficace. Plus de personnes remonteront des logements vacants, plus nous arriverons à assurer l’accueil.
Chloé Danillon6e vice-présidente déléguée à l'action sociale, département de l'Aude
Les plateformes préfectorales pour recenser les hébergements disponibles
Du côté de l'Etat, la préfecture de Lozère s'est engagée à "faciliter les démarches administratives d’entrée et de séjour sur le territoire national" pour les réfugiés ukrainiens. Ceux qui disposent d’un passeport numérique pourront librement séjourner en France pendant une durée de 90 jours sans formalité. "Le recensement par les services de l’État, en lien avec l’association des maires du département (AMD48) et le Conseil départemental, permettra d'avoir une meilleure visibilité sur l'offre d’hébergement et d'accueil en Lozère."
La préfecture du Gard renvoie quant à elle aux plateformes mises en place par le ministère de l’Intérieur. Les personnes morales (collectivités, associations, entreprises) qui souhaitent proposer un mode d'hébergement peuvent remplir le formulaire disponible en cliquant ici.
Les personnes physiques (initiative citoyenne, particuliers) qui souhaitent accompagner des ressortissants ukrainiens peuvent se signaler sur le site https://parrainage.refugies.info. Cette plateforme a vocation à recenser des initiatives d’aide de différentes natures (insertion professionnelle, éducation, rencontres/loisirs), et en particulier les initiatives d’hébergement solidaire. Les particuliers volontaires seront ensuite mis en relation avec des associations.