Selon le ministère de l'intérieur, les agressions physiques ou verbales envers les élus ont augmenté de 32 % en 2022. Au total 2265 plaintes ont été déposées. Les maires représentent la moitié des élus agressés.
Sept jours d'interruption temporaire de travail. Gregory Delfour, le maire de Cuxac-d'Aude se souviendra longtemps de son dernier réveillon de Noël. Il était venu demander à des habitants de baisser le son dans un appartement situé dans une rue du village, lorsqu'il a violemment été frappé par un individu.
"Sur le coup, je n'ai pas eu le temps d'avoir peur. C'est arrivé très vite par derrière. Ensuite, quand j'ai vu que même avec la gendarmerie en protection, cela ne calmait pas la personne, ça n'a pas été facile. Heureusement qu'il y avait des administrés sur place. Ils ont aidé les gendarmes à maîtriser l'agresseur", se rappelle Gregory Delfour, maire (SE) de Cuxac-d'Aude.
Violence et incivilités en hausse
L'agresseur a écopé de 10 mois de prison avec sursis. Dans les communes rurales, de plus en plus d'élus sont confrontés à l'agressivité de certains de leurs administrés. Les violences demeurent heureusement exceptionnelles, mais l'impatience et les incivilités augmentent.
"Les gens veulent une réponse immédiate sur tout. Quel que soit le sujet. On ne prend plus le temps de poser les choses, d'en discuter. Et cela s'accélère avec les réseaux sociaux", ajoute Gregory Delfour.
Besoin d'une réponse pénale
Jean Francois Saïsset, vice-président de l'association des maires de l'Aude, réclame une loi et une réponse pénale adaptées. Il indique que l'association des maires de l'Aude se porte désormais partie civile aux côtés des maires victimes d'agressions physiques ou verbales.
Une douzaine de plaintes ont été déposées pour des bousculades, des graffitis, des injures sur les réseaux sociaux.
Je comprends qu'une injure sur Facebook passe après une tentative d'assassinat, mais c'est la République que l'on doit protéger.
Jean-François SaïssetVice-président de l'association des maires de l'Aude
Les maires sont souvent les plus exposés aux agressions. Ils demeurent au contact de leurs électeurs alors que les cantons et les régions se sont considérablement agrandis.
L'AMF s'est mobilisée depuis de nombreux mois sur la recrudescence des incivilités et l'inquiétante multiplication des agressions envers les élus locaux, à travers notamment de la création d'un observatoire de ces violences à l'encontre des élus.
Ecrit avec Eric Henry