Justice : à Carcassonne, 18 ans de prison pour les 3 meurtriers du " cadavre du canapé" au Massif de l'Oeil doux

Trois hommes ont été condamné à 18 ans de prison pour avoir tué Fethi Djilali Belouazani, un 4e à 2 ans pour recel et transport de cadavre. Trois des condamnés avaient roué de coups la victime pour une dette de 50 euros liée à une vente de drogue. Des peines moins lourdes que celles demandées. 

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Le verdict est tombé  pour le meurtre commis en novembre 2017, près du massif de l'Oeil doux dans l'Aude, de Fethi Djilali Belouazani, avec une requalification des faits en " violences volontaires ayant entraînés la mort sans intention de la donner ". Les peines sont donc plus clémentes que celles requises par le ministère public : 18 ans pour les trois  meurtriers au lieu des 28 ans et 22 ans demandés.  Le 4éme accusé, le père du plus jeune condamné,  jugé pour recel et transport de cadavre écope de 2 ans avec mandat de dépôt, comme souhaité par l’avocate générale.  En ce qui concerne le plus jeune accusé, le fils du voisin de la victime, il y a eu rejet de  " l'altération du discernement ." 

Un verdict qui satisfait les avocats de la Défense .
 

La Justice est passée de manière équitable.

Me Victor Font, avocat de la Défense

 

Retour sur les faits 

Il est environ 22 heures, ce 21 novembre 2017, lorsque des passants sont alertés par des flammes en bord de la route, sur un parking près du gouffre de l'Oeil Doux, à Fleury-d'Aude. Ils trouvent alors un corps partiellement carbonisé, posé sur un canapé incendié.

Etranglé

Une semaine plus tard, les analyses ADN et le Fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG) permettent d'identifier le corps carbonisé. La victime est Fethi Djilali Belouazani un homme de 43 ans originaire de Carcassonne. Il vivait dans le centre de Narbonne depuis peu. Il était connu de la justice pour des petits délits et il avait été placé sous tutelle.
L'autopsie faisait apparaître plusieurs traces de coups portés à la victime et révélait des traces de strangulation.

Un père et son fils parmi les supects

Six mois plus tard cinq personnes sont arrêtées, une sera relâchée. Les 4 suspects, quatre hommes de 21, 35, 37 et 57 ans seront mis en examen. 3 pour coups mortels en réunion et le plus âgé, père du jeune homme de 21 ans, pour recel de cadavre et modification de scène de crime.

Mort pour 50 euros

Selon les enquêteurs de la gendarmerie, la victime avait été passée à tabac à son domicile par les 3 suspects les plus jeunes, puis laissée au sol. A l'origine de l'affaire, un différend de 50 euros portant sur un deal de drogue.
Le lendemain, l'homme âgé de 21 ans voisin de la victime inquiet de ne pas le voir serait revenu dans l'appartement par par la porte fracturée la veille, c'est alors qu'il aurait constaté sa mort.

Les suspects perdus dans la campagne

Le jeune homme aurait ensuite prévenu son père. Ils auraient ensemble décidé de cacher le cadavre en le transportant dans la campagne.
Ne connaissant pas la route pour se rendre au gouffre de l'Oeil Doux, les deux hommes auraient demandé leur chemin à 4 reprises. Les témoignages recueillis par les gendarmes ont permis d'établir une chronologie et surtout d'identifier les auteurs des faits.
Les 2 hommes qui ont transporté le corps l'ont ensuite incendié sur le parking du gouffre, car à la nuit tombée... il n'ont pas trouvé le chemin menant au gouffre de l'Oeil doux.

Réquisitions : de 2 à 28 ans de prison ferme

Trois des suspects, des marginaux qui se rejettent la responsabilité du crime, répondent de coups mortels en réunion, le quatrième est jugé pour recel de cadavre et modification de scène de crime. L'avocate générale Camille Julla-Marcy a requis pour le père deux ans de prison sans sursis. Pour son fils, 23 ans aujourd’hui, dont les troubles psychologiques sont reconnus, ce qui diminue sa part de responsabilité : 22 ans de reclusion criminelle avec une peine de sûreté des 2/3 avec à sa sortie un suivi socio-judiciaire de 5 ans, Pour un autre, 28 ans avec une peine de sûreté des 2/3 et 7 ans de suivi socio-judiciaire. Idem pour le dernier. 

A cette annonce, la compagne de l'un d'eux, mère de ses 2 enfants, éclate en sanglots et quitte la salle, après un regard désespéré échangé avec son compagnon dans le box des accusés. (les 2 autres accusés dans le box sont restés impassibles tout au long du procès) Pour son avocat, cette peine est disproportionnée, choisie parce que le cadavre a été brûlé, et l'enquête n'a pas réussi à déterminer le responsable.

"Les faits qui sont jugés aujourd'hui par la cour d'Assises de l'Aude sont des faits de violence ayant entrainé la mort sans intention de la donner commises en réunion. La peine maximale encourue est de 20 ans, si on requiert au-delà de ces 20 ans, c'est parce que personne n'est poursuivi pour ce qui a été fait à ce cadavre," estime Me Victor Font, avocat de l'un des prévenus.

Dans ce crime, nous connaissons le pourquoi mais toujours pas le comment, 3 ans après les faits

Camille Julla-Marcy , Avocate générale


Après 4 jours d'audience, les questions de la famille de la victime restent sans réponse. "Dans ce crime, nous connaissons le pourquoi mais toujours pas le comment, 3 ans après les faits". L'avocate générale a résumé par cette phrase l'impossibilité de déterminer le degré de responsabilité des 3 principaux accusés, qui se rejettent mutuellement la faute. Pour l'avocat des parties civiles, Me Hichem Laredj: "ils ont été lâches du debut de la GAV jusqu'à aujourd'hui devant la cour d'assises. ils n'ont cessé de mentir. Les peines qui ont été requises par Mme l'avocate générale sont à la hauteur du crime commis. Mon client a été massacré martyrisé humilié étranglé".

Le verdict est tombé dans la soirée, en deça des peines demandées. 


 
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