Dans l'Aude, le vote en faveur du Rassemblement national a été nettement plus important au premier tour de ces élections législatives que lors du précédent scrutin, en 2022. Si la gauche garde un maigre espoir de l'emporter dans la 3e circonscription, il est fort probable que le département soit une nouvelle fois représenté par l'extrême droite à l'Assemblée nationale, à partir du 7 juin.
L'Aude n'échappe pas à la dynamique nationale. Le vote pour l'extrême droite a bondi dans ce département, lors du premier tour des élections législatives, dimanche 30 juin.
Les trois circonscriptions audoises avaient déjà été raflées par le Rassemblement national au deuxième tour, en 2022. Mais cette année, c'est dès le premier tour que le parti de Marine Le Pen enregistre des résultats records.
44,7%, 48,12% et 49,33% des voix : les candidats RN audois sont tous proches de la majorité absolue quand ils récoltaient plutôt 28 à 33% des voix au premier tour des élections précédentes.
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1 / Barthès file devant, Poutou se défend
Dans la première circonscription de l'Aude, le match est presque gagné d'avance. Avec 49,33% des voix, le député RN Christophe Barthès, par ailleurs député sortant, a failli obtenir la majorité absolue (50%) et retrouver son siège dès le premier tour.
Ses chances de victoire sont peut-être d'autant plus fortes que dans cette circonscription, la gauche est représentée par Philippe Poutou du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA).
L'ancien candidat aux élections présidentielles est sorti du premier tour la tête haute, avec 18,7% des voix. Mais son positionnement, à l'extrême gauche du spectre politique, minimise ses chances de récupérer les voix d'électeurs plus centristes au second tour, nous explique Emmanuel Négrier, directeur de recherche au Centre d'études politiques et sociales de Montpellier.
2 / Renaissance se désiste, insuffisant ?
Même chose dans la deuxième circonscription audoise. Le député sortant RN Frédéric Falcon, à nouveau candidat, remporte 48,12% des suffrages et termine loin devant l'écologiste Viviane Thivent (26,02%). Laissant penser que le désistement de Christine Breyton (19,32 %), la candidate Renaissance arrivée en troisième position, ne suffira pas pour que le Nouveau Front Populaire (NFP) devance le RN au deuxième tour.
A tous mes soutiens MERCI.
— BREYTON CHRISTINE (@BREYTONChris) July 1, 2024
Je me désiste pour le 2eme tour. Personnellement je voterai contre le RN. Votre vote vous appartient. D'autres échéances nous permettrons de confirmer notre volonté d'une autre politique démocrate sur notre territoire. N'hésitez pas à me contacter. pic.twitter.com/F7OAqR2YTD
3 / Moins d'écart, plus de réserves de voix pour la gauche
Reste un (maigre) espoir pour la gauche dans la troisième circonscription du département. L'écart - de 12 points tout de même - y est plus faible entre le RN et le NFP.
Dans la mesure où le socialiste Philippe Andrieu, arrivé en deuxième position avec 32% des voix, occupe une position politique plus modérée, les réserves de voix en sa faveur sont par ailleurs "un peu plus importantes" selon Emmanuel Négrier.
"Ruralisation du vote RN"
D'après le politologue, les résultats de l'extrême droite dans l'Aude prouvent "un phénomène de ruralisation du vote RN, qui s'étend comme une tache d'huile sur le territoire national". Il précise que ce vote a progressé dans toutes les couches de la société, n'étant plus réservé à une certaine tranche d'âge ou un certain niveau de diplôme.
Le paysage politique s'est inversé. La gauche avait auparavant un rôle central auprès du monde rural et des classes moyennes de ces régions. Aujourd'hui, c'est le RN qui occupe cette centralité sociologique.
Emmanuel Négrier, Directeur de recherche au Centre d'études politiques de Montpellier
Un vote contre Macron, mais pas toujours un vote d'adhésion
Autre dynamique notable dans l'Aude : la progression de la gauche au détriment de Renaissance, qui passe le barrage du premier tour dans seulement une circonscription sur trois.
"Il faut évidemment y voir un vote de défiance à l'égard du gouvernement et de la personne d'Emmanuel Macron", analyse encore Emmanuel Négrier. Pour autant, selon lui, le vote pour l'extrême droite n'est pas uniquement "un vote d’adhésion" car "une grande partie des électeurs choisissent RN sans connaître le programme du parti".