Alors que la deuxième semaine de campagne électorale bat son plein, de nombreux candidats du Rassemblement national refusent de débattre sur les antennes de France 3 Occitanie. À quelques jours du scrutin, plusieurs débats ont dû être annulés, faute de participants.
Depuis le début de la semaine, les messages d'excuses des candidats RN se succèdent. Contactés par nos équipes pour participer à des émissions de débats dans le cadre de la campagne du second tour des élections législatives, les candidats se défilent.
"Je vous remercie pour votre invitation. Je ne vais pas pouvoir accepter ce débat pour plusieurs raisons : mon agenda est déjà chargé", explique un candidat par message à la journaliste en charge des débats. Avant d'ajouter : "compte tenu de la campagne agressive et calomnieuse de mon adversaire, j'estime que ce débat n'apportera rien aux électeurs si ce n'est la cacophonie." Dans son message, le candidat évoque également d'autres raisons comme son "passé familial" qui l'empêcherait de "débattre avec des gens qui s'allient aux amis du Hamas."
J'ai refusé la proposition de débat avec mon adversaire sur France 3 Languedoc.
— Frederic Falcon (@FalconFrederic) July 2, 2024
Compte-tenu de la campagne agressive et calomnieuse qu'elle livre à mon endroit, j'estime que ce débat n'apportera rien aux électeurs si ce n'est de la cacophonie.
Je refuse de débattre avec Madame…
Parmi les autres raisons avancées, plusieurs candidats évoquent un "planning trop chargé." C'est le cas notamment de Lauriane Troise, candidate RN dans la 3e circonscription de l'Hérault. Même raison Pour Brigitte Barèges (LR soutenue par RN) qui a refusé l'invitation de France 3 Midi-Pyrénées.
Le Rassemblement National c'est donc : courage fuyons le débat !
Jean-Louis RoumégasCandidat NFP sur la 1ère circonscription de l'Hérault
Jean-Louis Roumegas, candidat NFP sur la 1ère circonscription de l'Hérault se désole de ces annulations. "Alors que j'avais donné mon accord à France 3 pour la tenue d'un débat sur la première circonscription de l'Hérault, qui devait avoir lieu mercredi, je viens d'être informé que le débat était annulé parce que Josyan Oliva refusait d'y participer."
Au premier tour, le candidat RN est arrivé en tête avec un score de 34,11%, contre 34,04% pour son adversaire du Nouveau Front Populaire. "Il suit en cela l'exemple de son chef Jordan Bardella qui refuse le débat face à Marine Tondelier au niveau national", regrette Jean-Louis Roumégas. Le Rassemblement National c'est donc : courage fuyons le débat !"
Interrogé dans la matinale de France Bleu Hérault, le candidat RN a expliqué son refus : "Nous avons des doutes sur la tenue de certains bureaux de vote. Ce que nous voyons nous interpelle donc nous devons contrôler avec nos avocats." "Cela vous empêche-t-il de débattre ?" le questionne le journaliste. "Oui, car nous souhaitons pour le second tour la sérénité des votes, que les électeurs puissent avoir un mot à dire sur l'élection et que nous soyons certain que le scrutin se tienne dans de bonnes conditions."
Principalement une question d'agenda selon les candidats des Pyrénées-Orientales
Dans le département des Pyrénées-Orientales, les deux députés sortants de la 3e et de la 4e circonscription ont également refusé de participer aux débats. "C'est principalement une question d'agenda", affirme Xavier Baudry, adjoint au maire de Perpignan. "Les déplacements à Montpellier prennent du temps, les candidats ont peu de temps dans cette campagne d'entre-deux tours qui est très courte."
Mais l'élu RN affirme également comprendre les candidats qui refusent de débattre contre les candidats LFI. "Ils sont dans l'insulte en permanence et ne respectent pas le résultat des urnes. Après, moi je ne suis pas candidat, chacun fait comme il le souhaite", conclut-il.
Plusieurs débats annulés sur les antennes de France Bleu
Nos confrères de France Bleu rencontrent les mêmes difficultés. Une vingtaine de candidats du Rassemblement National ont annulé leur présence aux débats proposés par la rédaction. C'est le cas par exemple à France Bleu Gascogne où aucun débat n'a pu être organisé, faute de candidat RN.
Les candidats Rassemblement national refusent de débattre avec leurs adversaires dans les Landes
— France Bleu Gascogne (@Bleu_Gascogne) July 2, 2024
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Des refus de participer aux débats du 1er tour
Si de nombreux candidats ont déjà débattu sur nos antennes pendant la campagne du premier tour des élections législatives, certains avaient déjà refusé d'y participer. C'est notamment le cas de Christophe Barthès, candidat dans la 1ère circonscription de l'Aude, qui n'avait pas souhaité débattre avec Philippe Poutou, figure du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), investi par le Nouveau Front populaire. "Je ne parlerai, ni ne débattrai JAMAIS avec des terroristes, des gens qui soutiennent le Hamas, qui soutiennent les tueurs de flics et surtout des antisémites", avait-il alors écrit dans un SMS adressé à France 3 pour décliner l'invitation. Christophe Barthès faisait référence à la polémique autour des prises de position de Philippe Poutou sur la guerre en cours à Gaza. Au lendemain des attaques terroristes du Hamas le 7 octobre contre Israël, le NPA avait "rappelé son soutien aux Palestiniens". Le parti avait alors été visé par une enquête pour "apologie du terrorisme", rappelle le Figaro.
Erik Berg, directeur de l’information des régions à France 3 déplore ce refus du débat chez les candidats RN : "les débats organisés partout en France par les rédactions régionales de France 3 ont vocation à éclairer les citoyens sur les enjeux de leur circonscription et les choix qu’ils souhaitent faire pour la France. Ils contribuent à faire vivre la démocratie à laquelle chaque formation politique est sans aucun doute attachée."
Aussi, nous regrettons cette situation préjudiciable à la qualité de la confrontation des idées, plus que jamais nécessaire en période électorale.
Erik Berg, directeur de l’information des régions à France 3.
La direction du RN affirme de son côté n'avoir donné aucune directive aux candidats et leur laisser le libre choix quant à leur présence ou non sur les différents débats proposés.