A Coursan dans l'Aude, la maladie de la flavescence dorée a pris de telles proportions qu'elle menace le vignoble. Pour les parcelles les plus touchées, une seule solution : arracher la vigne. La chambre d'agriculture appelle à l'aide.
Présente dans tout le vignoble français, la flavescence dorée progresse de manière inquiétante dans l'Aude, en particulier du côté de Coursan. Cette maladie, transmise à la vigne par la cicadelle, un insecte vecteur d'une bactérie qui se dépose ensuite sur la plante. Un mal insidieux, car il faut attendre plusieurs mois, jusqu'à la montée de sève, pour voir apparaître les premiers symptômes : atteinte au bois, coloration des feuilles, mortalité des inflorescences et flétrissement du raisin.
Un véritable fléau pour les viticulteurs audois. Car la flavescence dorée est aussi hautement contagieuse. Et cette année, sa propagation a été fulgurante, comme l'explique Jean-François Sampere, président du GDON, le Groupement de Défense des Organismes Nuisibles de l'Aude.
On passe dans les parcelles pour marquer les sources contaminées qui devront impérativement être arrachées. Malgré ce, c'est compliqué d'enrayer le phénomène.
Jean-François Sampere, président du GDON (Groupement de Défense des Organismes Nuisibles) de l'Aude
Un travail de plusieurs générations sapé
Des ceps badigeonnés de rouge, signe d'infestation, jalonnent les parcelles. Lionel Boutié, propriétaire du domaine Ricardelle de Lautrec, n'a pas eu d'autre choix que d'arracher sa vigne : les larmes aux yeux, il contemple les dégâts : neuf hectares désormais vierges et arides et six autres qui subiront le même sort après les vendanges. Ce vigneron a perdu 30% de sa production.
C'est du vivant, c'est long à remettre en place. On ne plante pas de salades ! Normalement, une vigne, on se la transmet de génération en génération. Moi, je ne peux pas la transmettre à mon fils.
Lionel Boutié, propriétaire du domaine Ricardelle de Lautrec
Des aides qui se font attendre
Un pied malade une année, c’est au bas mot sept autres la suivante. Et aucune parcelle ne semble épargnée. A la cave coopérative de Coursan, l'angoisse monte.
C'est une lutte qui n'est efficace que si elle est collective : si seulement 90% des viticulteurs concernés font le travail, les 10% qui restent contamineront les autres. Or, s'il existe des aides pour ceux qui arrachent, le délai de traitement des dossiers est de 3 ans. C'est trop long pour pouvoir supporter le manque à gagner.
Pierre Angel, vice-président de la cave coopérative de l’Espérance à Coursan
La situation est prise très au sérieux par la chambre d’agriculture de l’Aude, qui prévoit une réunion d'urgence en septembre.
Ecrit avec Karine Zabulon et Lou Florentin.