Une plainte contre x pour injure publique a été déposée par trois associations de défense de l’environnement contre le Syndicat des Vignerons de l'Aude à la suite des propos diffusés par celui-ci dans une newsletter intitulée "comme en 40 : quand les écolos veulent la guerre".
Le sujet de l'épandage aérien pour lutter contre le mildiou a mis le feu aux poudres. Après avoir eu l’intention d’entamer une action en justice pour casser l’arrêté ministériel du 23 mai 2020 qui autorisait temporairement les traitements aériens contre le mildiou dans l’Aude et l’Hérault, trois associations de défense de l’environnement déposent plainte contre x pour injure publique.
En cause, une newsletter publiée le 4 juin dernier par le Syndicat des Vignerons de l'Aude. Elle prend pour cible la Confédération paysanne, l'association Eccla et France Nature Environnement.
"Comme en 40 : quand les écolos veulent la guerre"
Intitulée « Comme en 40 : quand les écolos veulent la guerre » la newsletter publiée par le Syndicat des Vignerons de l'Aude a indigné les associations visées qu'elle qualifie de "collabos à la solde de la nazi-écologie". Ce texte, envoyé par courrier électronique intervient après les différentes actions des associations pour s'opposer au traitement des vignes par hélicoptère par dérogation.
«Le Syndicat des vignerons audois revendique 4000 adhérents, on peut supposer qu'ils sont destinataires de la newsletter, et nous avons la preuve que le communiqué a été diffusé au-delà » précise Simon Popy, président de FNE Languedoc-Roussillon . « L’impact est fort. C’est comme un appel à la guerre, or nous n’avons jamais appelé à la violence ». Les associations sont aujourd’hui choquées par les propos employés dans le communiqué. En particulier, ces extraits : « Voilà donc que les écolos nous la jouent régime de Vichy. Voilà que Maryse Arditi, Présidente de l'association ECCLA, fait l’apologie de la délation. (…). Comme en 40! les écolos sont de retour à la solde de la nazi-écologie ».
La newsletter publiée le 4 juin 2020 par le Syndicat des vignerons audois
Je pense que là, ils sont allés trop loin.
Maryse Arditi, la présidente d’ECCLA, citée dans le communiqué est aujourd’hui consternée par ces propos. Elle est militante depuis 40 ans et son père est mort en déportation pendant la seconde guerre mondiale : « Aujourd’hui encore, je suis retournée, c’est un coup-de-poing que j’ai reçu. C’est aussi une incompréhension profonde, qu’est-ce qui se passe dans la tête de ces gens-là ? Je pense que là, ils sont allés trop loin. » .
Si une plainte a été déposée, "c’est pour qu’une enquête soit menée et que le ou les responsable(s) de ces propos soi(en)t identifié(s) et mis en examen", confirme Simon Popy, président de FNE LR : « Qu'on nous donne des noms d'oiseaux, cela arrive et nous en avons vu d'autres. Mais là, il y a des propos qui dépassent gravement les limites de la polémique acceptable. Je ne crois pas qu'on puisse grand chose pour l'auteur de ce torchon, en revanche, je souhaite dire aux viticulteurs de l'Aude que nous sommes nous aussi très inquiets des effets délétères du libéralisme mondialisé sur la viticulture, tout autant que sur l'environnement. Je ne crois pas, en revanche, que le retour des hélicoptères pour traiter les vignes soit la priorité qui mérite une telle mobilisation et une telle outrance».
Cette nouvelle polémique nuit à toute la profession,
Mathieu Dauvergne, co porte-parole de la Confédération Paysanne de l’Aude, pointe du doigt les conséquences pour la profession. Pour lui, la viticulture du Languedoc mérite une autre image : « Le syndicat défend une minorité et cette nouvelle polémique nuit à toute la profession. Plus qu’une attaque de bas étage et une tentative d’exacerber les tensions dans notre profession en désignant opportunément des boucs émissaires, c’est une insulte aux vignerons de notre département, une atteinte à l’honneur et à la mémoire de nos aînés qui ont vécu les sombres années 40 et pour certains ont donné leur vie pour les surmonter. Le brûlot irresponsable que diffuse le Syndicat des Vignerons de l’Aude est une lamentable illustration de l’effet de projection par ses auteurs de leurs propres turpitudes ». Mathieu Dauvergne est aujourd’hui inquiet, car cette manière d’attiser les tensions est, selon lui, "irresponsable dans une situation de tension et de crise viticole". En effet, l’Aude connaît une crise viticole profonde.
J’assume nos propos, à savoir quand on appelle à la délation, ça nous rappelle les heures les plus sombres de l’histoire de la France,
Pour Frédéric Rouanet, président du Syndicat des Vignerons de l'Aude, ce communiqué s’adressait uniquement à ses adhérents : « Il s’agit d’un mail envoyé à nos adhérents, pour leur expliquer la situation à laquelle nous sommes confrontés. J’assume nos propos, à savoir quand on appelle à la délation, ça nous rappelle les heures les plus sombres de l’histoire de la France.».
Ce dernier, qui n’a pas souhaité s’étendre davantage sur le sujet estime qu’il est plus important de gérer aujourd’hui la crise viticole qui sévit actuellement et de préparer les prochaines récoltes.