Il sera finalement autorisé de se garer sur les plages de La Palme, Gruissan et Port-La Nouvelle dans l'Aude cet été. La préfecture accorde une dérogation aux usagers des plages audoises, prisées des sportifs et des habitants, dans l'attente d'aménagements définitifs permettant de stationner à leurs abords
La préfecture de l'Aude annonce que le stationnement sur les plages de Gruissan, Port-La Nouvelle et La Palme sera autorisé du 15 juin au 15 septembre par dérogation. Grâce à cette "mesure exceptionnelle", les usagers auront l'autorisation de se garer sur un espace "restreint" et délimité sur les plages concernées, précise le communiqué. Une décision temporaire mais nécessaire pour l'afflux de baigneurs à prévoir cet été selon les services de l'État, "les aménagements pérennes n'étant pas encore opérationnels" et "les pratiques illégales ne pouvant perdurer." En dehors des aires de stationnement estivales, qui seront délimitées, il sera toujours interdit de circuler et de stationner sur le sable de la plage.
Risque d'accidents et préservation de la nature
Une tolérance était appliquée les années précédentes pour permettre aux usagers de la plage d'y accéder facilement, jusqu'à cette année. À la fin du mois de mai, le procureur de la République de Narbonne, Eric Camous, annonçait qu'il serait désormais proscrit de se garer sur la plage. Dans une interview qu'il nous accordait le 31 mai, il mettait en avant la responsabilité encourue en cas d'accident et la préservation de la nature. "Il s'agit de respecter la loi. II est essentiel de protéger la faune présente sur les plages. Nous ne pouvons plus mener la vie que nous menions avant, la protection de l'environnement l'impose", déclarait-il.
II est essentiel de protéger la faune présente sur les plages.
Eric Camous, procureur de la République de Narbonne
En effet, depuis 1986, la loi Littoral, qui a pour but de protéger et mettre en valeur les littoraux français stipule que "le stationnement des véhicules terrestres à moteur autres que les véhicules de secours, de police et d'exploitation sont interdits sur le rivage de la mer et sur les dunes et plages appartenant au domaine public." L'opposition des habitués aura poussé la préfecture de l'Aude à autoriser cette pratique, entrée dans les mœurs des locaux.
2 km à pied pour rejoindre la plage du Rouet
Il était notamment question de l'accès à la plage du Rouet, sur la commune de La Palme, qui nécessite de marcher 2 kilomètres à pieds au minimum. Une solution difficilement envisageable pour les personnes âgées ou atteintes de handicap mais aussi pour les nombreux pratiquants de sport de glisse (char à voile, planche à voile, windsurf ou surf) qui dénonçaient cette mesure.
Gérard Romero, habitant de la commune de La Palme, se félicite de cette décision : "C'est ce que nous réclamions." Il a participé à fonder le collectif "Libérez le Rouet" qui a pour objectif de défendre l'accès à ce lieu de baignade préservé et prisé des locaux.
"C'est la voiture ou rien"
Pour lui, la circulation et le stationnement sur la plage sont un mal nécessaire, faute de meilleure solution. "95 % des usagers de la plage s'y rendent directement avec leur voiture. L'itinéraire piéton n'est pas adapté et dangereux : il nécessite de parcourir 5 km depuis le village, de traverser une route où circulent des poids lourds et des voitures à vive allure ainsi qu'une voie ferrée."
95 % des usagers de la plage du Rouet s'y rendent directement avec leur voiture.
Gérard Romero, coresponsable du collectif "Libérez le Rouet"
Selon Gérard Romero, l'accès à la plage du Rouet se résume en une formule simple : "C'est la voiture ou rien." Il met en avant la situation particulière de la commune : "Nous sommes l'un des rares villages du littoral à ne pas avoir d'accès direct au bord de mer, et cette plage est aussi une exception car elle ne possède pas de parking à proximité et pas de piste cyclable."
Lorsqu'il a été question d'appliquer l'interdiction de stationnement et de circulation à la plage pour la première fois en 2021, le collectif s'est constitué "spontanément", en rassemblant plusieurs habitants de La Palme. Mais il ne faudrait pas les opposer aux militants pour l'environnement : "Nous souhaitons que la présence des véhicules sur la plage soit encadrée pour perturber la faune et la flore le moins possible."
L'association Ecologie du Carcassonnais des Corbières et du Littoral Audois (Eccla), qui soutient l'interdiction de stationnement des véhicules à moteur sur les plages et défend l'application de la loi Littoral. Contactée, elle n'a pas répondu à nos sollicitations à cette heure.
Dans son communiqué, la préfecture de l'Aude rappelle la nécessité pour les communes concernées de créer des "aménagements définitifs" permettant le stationnement aux abords des plages. Les collectivités sont invitées à faire part de leurs projets d'aménagement "d'ici l'été" aux services de l'État.