Voila trois ans que Sallèles-d'Aude tente d'attirer des médecins généralistes sur son territoire avec des locaux tout neufs loué à des prix très abordables, en vain: les jeunes médecins ne veulent pas quitter les villes, ni travailler à H24. Les mentalités ont changé.
A Sallèles-d'Aude, près de Narbonne, Phillipe Laguillier soigne les habitants depuis 1985. Agé de 64 ans, ce médecin généraliste commence à songer à prendre sa retraite mais sa relève est loin d'être assurée malgré les efforts de la municipalité.
Selon ce médecin à l'ancienne qui afffirme n'avoir jamais compté ses heures, les jeunes médecins ne veulent plus s'installer en libéral, par peur des amplitudes horaires.
Les médecins ont changé de mentalité
Selon l'atlas démographique du Conseil national de l'Ordre des médecins (Cnom), en dix ans le profil des médecins a beaucoup changé : la profession a vieilli, elle s'est féminisée et tend à devenir davantage salariée (voir encadré).
Si le nombre de spécialistes a augmenté en France (hausse de 7,2% depuis 2007), en revanche, les généralistes en activité régulière ont diminué sur la même période (moins 9,1%).Autre fait marquant: les médecins salariés (travaillant surtout dans les hopitaux, entres autres ) sont dorénavant majoritaires par rapport aux libéraux exclusifs.
Enfin, la baisse du nombre de généralistes entre 2010 et 2017 est importante en Occitanie, elle se situe derrière la Bretagne, région de France la plus impactée par cette baisse ( moins 30%).
Un lourd investissement pour la maison de santé
Vu le contexte, on comprend mieux pourquoi Sallèles -d'Aude a autant de difficultés à trouver de nouveaux généralistes !
Le hic, c'est que sa nouvelle maison de santé a coûté au total quelque 700 000 euros : 400 000 pour l'acquisition du bâtiment et deux tranches de travaux d'aménagement à 150 000 euros, selon le maire Yves Bastié.
Ce dernier se bat depuis trois ans pour attirer des généralistes sur son territoire. Dans la nouvelle maison de santé, les locaux sont loués 250 euros par mois : un prix attractif qui a déjà séduit des infirmières, une psycologue et une naturopathe-énergéticienne, mais toujours pas de médecin généraliste.
Oui à 80% au référendum
La population de Sallèles ( 3000 habitants environ) soutient la municipalité dans cette action : il y a un an, la population a été consultée par référendum au sujet de la construction de cette maison de santé et le "oui" l'a emporté a 80%Les travaux d'aménagement ont commencé dans la foulée, sans l'aide de l'Etat ni de la région: seul le département de l'Aude a aidé la commune financièrement à hauteur de 30 %.
La nouvelle région Occitanie, malgré ses promesses, n'a toujours pas investi un centime dans ce dossier.
Recensement des médecins: plus de spécialistes, plus de salariés
Au 1er janvier 2017, la France recensait 215.941 médecins en activité, (régulière, temporairement interrompue et remplacement compris), soit 0,9% de plus qu'en 2007, selon l'Ordre qui revient sur dix ans d'analyses démographiques de la profession.
Le nombre de spécialistes a augmenté, à 84.862, soit une hausse de 7,2% depuis 2007. Les généralistes en activité régulière ont en revanche diminué sur la même période de 9,1% pour atteindre un effectif de 88.137.
Une profession qui vieillit et se féminise
L'âge moyen des médecins est de 51,2 ans contre 50 ans en 2007.
Les médecins âgés de moins de 40 ans représentent 20% de la population médicale en activité régulière alors que ceux âgés de 60 ans et plus représentent 28% de cette population.
La profession poursuit sa féminisation: les femmes représentent près de la moitié (47%) des médecins en activité régulière contre 38% en 2007.
Autre changement marquant, note le rapport, les médecins salariés sont dorénavant majoritaires (91.851) par rapport aux libéraux exclusifs (84.738).
Leur effectif a crû de plus de 10% en 10 ans, alors que celui des cabinets libéraux a diminué dans la même proportion.
Ils sont aussi de plus en plus nombreux à choisir l'exercice mixte (+9,7%).
Parmi les salariés, 66% exercent à l'hôpital.
Les médecins diplômés hors de France, représentent 11,8% des médecins en activité régulière, soit une hausse de 7,8 points par rapport à 2007.
Parmi les 8.076 nouveaux inscrits au tableau de l'Ordre au cours de l'année 2016, plus de 80% sont titulaires d'un diplôme français, 10,4% d'un diplôme de l'Union européenne et 9,2% d'un diplôme extra-européen.
Forte baisse du nombre de généralistes en Occitanie
Enfin, la baisse du nombre de généralistes entre 2010 et 2017 concerne toutes les régions à l'exception des Pays-de-la-Loire. "Avec une diminution de 30% du nombre de généralistes, la Bretagne est la première région de France à être fortement impactée par cette baisse préoccupante", devant l'Occitanie et l'Ile-de-France, indique l'Ordre.
Du côté des spécialistes, seules les régions Provence-Alpes-Côte d'Azur et Corse enregistrent une baisse des effectifs entre 2010 et 2017.