L'histoire a ému les habitants de la commune de Salles-d'Aude. Louis, un petit garçon de 4 ans né d'un père japonais et d'une mère française, doit retourner au Japon après Noël, sur décision de justice. Le père et son avocate livrent leur version des faits.
Depuis plusieurs mois, les habitants de la commune de Salles-d'Aude se mobilisent pour permettre à Louis, un petit garçon de 4 ans né d'un père japonais et d'une mère française, de rester sur le territoire français.
Après deux ans de procédure, cinq procès et un rejet du dernier recours de la mère par la Cour de Cassation, la justice s'est finalement prononcée en faveur du renvoi de Louis au Japon, en novembre dernier.
Son père, Susheido Kudo, doit venir le chercher dans l'Aude le 26 décembre prochain.
"Mon fils me manque beaucoup. On ne s'est pas vu pendant deux ans. Cette situation m'a rendu vraiment triste", explique-t-il à France 3 Occitanie. "J'ai essayé de lui expliquer que je venais le chercher mais c'est difficile, il est encore trop petit pour comprendre. En tout cas, sur Skype, il m'a dit qu'il voulait aller au Japon pour me voir."
Pour l'avocate de Susheido Kudo, Maître Hansu Yalaz, cette décision de justice est légitime. "La maman est venue en France sans l'accord du papa, alors que tout le monde habitait au Japon", constate-t-elle. "Ce que dit cette décision des tribunaux, c'est que cet enfant doit retourner au Japon, de préférence avec la mère, pour trouver une solution avec un juge sur place."
La situation du petit Louis est loin d'être un cas isolé, selon Maître François Zimeray, spécialiste du droit japonais et avocat français de Carlos Ghosn.
"C'est une situation qui touche beaucoup de parents. On estime à 150 000 le nombre de familles avec un parent japonais, où l'un des parents ne peut pas voir son enfant."
Un bras de fer entre les parents
Marine Verhoeven, la mère de Louis, explique avoir fui le Japon avec son fils suite à des violences et des humiliations.
De son côté, le père de l'enfant, avec qui elle reste mariée à ce jour, nie ces accusations et évoque un enlèvement.
"Je n'ai jamais été violent avec elle, je n'ai jamais été violent avec personne. (...) Ma femme est partie avec mon fils en vacances, c'est là qu'elle m'a averti qu'elle voulait lancer une procédure de divorce. On n'en a pas vraiment discuté. Je n'ai pas compris pourquoi elle voulait divorcer avec moi."
Au Japon, le pays où Louis a été conçu, l'autorité parentale est toujours remise au parent japonais en cas de séparation.
Mais pour Maître Yalaz, cette décision de renvoyer le petit garçon d'où il vient est liée au droit international et non japonais.
"La convention de La Haye a comme mécanisme de renvoyer l'enfant dans son pays de résidence habituel pour régler les conflits, ce n'est en aucun cas une décision sur la garde de l'enfant. Les tribunaux n'ont pas déterminé si le père ou la mère avait la garde."
"Je ne veux pas empêcher ma femme de voir Louis"
En attendant de trouver une solution, le père de Louis explique avoir déjà commencé à organiser le retour de son fils.
"Louis va retourner à l'école. Il a ses grands-parents sur place, ses deux tantes et sa cousine. Nous étions tous ensemble à Tokyo, dans des quartiers très proches. (...) On attendait tous son retour depuis deux ans. Et moi, avec mon entreprise, je peux travailler de la maison comme je veux."
Maître Yalaz tient également un discours optimiste quant à la suite de l'affaire. "Je voudrais dire à Madame Verhoeven d'être rassurée. On ne la privera pas de son enfant, son mari s'est engagé à ce qu'on prenne en compte l'avis des deux parents. Le frère de Madame Verhoeven habite au Japon, elle y a elle-même habité 10 ans... Il ne devrait pas y avoir de difficultés à régler ce problème."
Susheido Kudo, lui, souhaite désormais renouer le contact avec son épouse.
"Je ne saurais pas encore me prononcer pour le futur, je ne sais pas si une garde alternée est possible. Mais je souhaite discuter de toutes les possibilités avec ma femme. En tout cas, je ne veux pas l'empêcher de voir Louis ni séparer Louis de sa mère."
Le petit garçon quittera dans tous les cas l'Aude pour le Japon après les fêtes.