Suite et fin du procès au bout d'un mois d'audience. Les avocats de la défense ont, en majorité, plaidé la relaxe.
«Sans Fasen pas un seul kilo de viande n’aurait été vendu». A la défense d’Hendricus Windmeijer, le trader en viande souvent présenté comme l’homme de paille de l’autre trader néerlandais Johannes Fasen, Edward Huylebrouck enfonce le clou.
"Chez Fasen, poursuit l’avocat c’est après moi le déluge. A la ménagerie, il va falloir ajouter le pigeon et dindon de la farce", ironisera l'avocat.
L’étiquette d’Hendricus Windmeijer c’est celle d’un chef d’entreprise sous l’emprise de l’ensorcelleur Johannes Fasen. Il a passé sa vie dans un frigo, il n’a de négociant que le nom.
"C’est pas moi, c’est lui "
Depuis le début du procès, les lignes de défense sont claires et pourraient se résumer en une formule : «C’est pas moi, c’est lui».Hier soir, Me Janick Languille a plaidé la relaxe pour Patrice Monguillon, l'ancien directeur du site de Castelnaudary (contre lequel 2 ans avec sursis et 10 000 euros d’amende ont été requis).
Cet après-midi, il y a la foule des grands jours pour les trois avocats de Jacques Poujol, dont Eric Dupont-Moretti.
Un an ferme, une interdiction définitive d’exercer dans le commerce de la viande et la confiscation de ses biens (environ 800 000 euros), ont été demandés par la procureure.
Il dit avoir été trompé par le négociant en viande néerlandais sur la nature de la viande.
Tromperie ?
La tromperie. C'est le premier thème développé par Me Antoine Vey pour la défense de Jacques Poujol.Me Vey est chargé de démonter l’accusation de tromperie qui pèse sur son client.
L’avocat s’attaque à la part la plus indigeste de la défense : la législation, les codes du marché de la viande, les subtilités sur les différences de prix pour prouver la bonne foi de son client, selon lui convaincu d’avoir acheté du bœuf.
En un an Spanghero a enregistré une marge bénéficiaire de 562 000 euros.« Jacques Poujol, qui faisait une marge importante en croyant acheter du boeuf changeait les étiquettes pour ne pas faire apparaître le nom de Fasen auprès de ses clients, dont Tavola . Sinon ces derniers se seraient directement fournis chez lui, étant donné l’attractivité des prix pratiqués par le trader néerlandais.
Viande avariée en corned beef
« Dans tous les systèmes, il y a un bouc émissaire, Jacques Poujol est ce bouc émissaire », a conclu l’avocat laissant la place à Me Laurent De Caunes, le ténor du barreau de Toulouse.Jamais avare de bon mots et de calembours culinaires, souriant d’être pris en « sandwich » entre Mes Vey et Dupont-Moretti, l’avocat s’est attaqué au volet de l’accusation concernant la VSM (viande séparée mécaniquement)de mouton.
Un procédé interdit en France depuis la crise de la vache folle auquel les responsables de Spanghero auraient eu recours en introduisant de la viande de mouton britannique dans la fabrication de merguez.
"Quid de Charal qui a transformé de la viande avariée en corned beef ? Pourquoi l'interprofession bovine ( qui a demandé que Poujol ne puisse plus travailler dans le commerce de la viande) ne s'est-elle pas constitué partie civile ? "a encore interrogé Me De Caunes.
Sa dernière magouille ?
Tout aussi mordant, l’avocat a évoqué le traitement de Jacques Poujol.Il a été détenu à Fresnes pendant quatre mois pour des confrontations… Qui n’ont jamais eu lieu. En garde à vue, les policiers lui ont demandé quelle était « sa dernière magouille ».« Dès le départ, ça a été l’homme à abattre ».
Rappelant qu'il n'y avait pas eu de problème sanitaire, l'avocat a demandé aux juges de ne pas le considérer Jacques Poujol comme un délinquant et de lui permettre de continuer à exercer son métier.
Pas de mort, pas même une diarrhée
« Avec l’opiniâtreté d’un boeuf UE et la rapidité d’un cheval roumain », Eric Dupont-Moretti va conclure la défense de Jacques Poujol.« On a agité le spectre d’un scandale sanitaire, or il n’y a pas eu de mort… Pas même une diarrhée », a souri l’avocat.
Lorsqu’il regarde son client , « un mec bien, qui a été crucifié », Jacques Poujol essuie une larme. Il demandera aux juges de ne pas interdire d’exercer, celui qui est issu de « quatre générations de bouchers, dont les aieux sont dans la viande depuis le 19 ème siècle ».
Après une plaidoirie-éclair, Eric Dupont-Moretti a cédé la parole à Jérôme Triomphe.
L’avocat du « roi des chevaux », piaffant d’impatience de défendre le trader Johannes Fasen qui a eu droit aux réquisitions les plus sévères.
Derniers mots pour «le roi des chevaux»
Jérôme Triomphe a conclu à la défense de Johannes Fasen, « el rei de los caballos » (le roi des chevaux) qui hérite des plus lourdes réquisitions : quatre ans ferme avec mandat de dépôt, et l’interdiction définitive d’exercer.Le jugement devrait être rendu dans un mois.