La droite devrait récupérer un siège. La gauche est désunie. Le FN mesurera sa réelle implantation.
Que peut-on attendre du résultat du 28 septembre ?Le scrutin régional des Sénatoriales devrait donner un rapport arithmétique quasiment inchangé. A ce jour, le rapport de force est 6 sénateurs socialistes ou apparentés pour 3 parlementaires UMP. Au regard des rapports de force et de la loi électorale –proportionnelle intégrale pour le Gard et l’Hérault- la Droite Républicaine devrait obtenir un élu supplémentaire dans le département du Gard.
Le vote étant seulement ouvert aux grands électeurs, ce type de scrutin est une photocopie des rapports de force nés au lendemain des élections municipales. L’appartenance partisane compte bien évidemment mais la floraison des listes municipales sans attache aux partis politiques complique légèrement la fixation des votes.
Une prime pour les Conseils Généraux
Présentée comme une élection des « Sages », le scrutin sénatorial est aussi un marqueur des dépendances clientélaires des élus des petites collectivités. En ce sens, le maillage des Conseils Généraux et les subventions qui suivent restent un élément fort des dynamiques électorales. Cette réalité devrait servir les intérêts des candidats socialistes dans le département de l’Aude et ce malgré la perte des villes comme Carcassone, Narbonne et Quillan. Toutefois, la dissidence du maire de Magrie pourrait empêcher, par la dispersion des voix éventuelle, l’élection de Gisèle Jourda au premier tour.
Il n’y a plus de chefs dans l’Hérault !
Cependant, cette élection est caractérisée par une multiplication des candidatures. 15 candidats dans l’Aude ou 12 listes dans l’Hérault. Cette inflation démontre l’effritement de l’autorité des appareils politiques et les dissidences qui accompagnent leurs (dys)fonctionnements.
En la matière, l’Hérault est symptomatique de la disparition d’un leadership incontestable. Après l’épisode des élections municipales, ce scrutin confirme la disparition du Frêchisme. Trois candidats d’obédience socialiste sont en course : Henri Cabanel, un conseiller général soutenu par André Vézinhet et la Fédération, Christian Bilhac, président des maires de l’Hérault derrière lequel se profile le soutien du député Kléber Mesquida, et encore Robert Navarro, sénateur sortant et en disgrâce avec l’appareil socialiste. Au-delà de la désignation d’un sénateur, le résultat figera des rapports de force interne dont l’ampleur aura des conséquences sur les gouvernances et de la Fédération Socialiste et éventuellement du Conseil Général si la majorité socialiste est reconduite en mars prochain.
La droite sans général !
Ce panorama en miette de la gauche gouvernementale n’épargne pas la droite républicaine. Là aussi l’offre est éclatée. François Commeinhes, le maire de Sète, bénéficie de l’ imprimatur de l’UMP ; un atout pour son élection ! Le cas de Jean-Pierre Grand, ce proche de Dominique de Villepin, n’est pas inintéressant. Son positionnement relativement central et son installation politique dans l’aire métropolitaine de Montpellier devrait grandement participer à la réussite de son entreprise. D’autant qu’une certaine bienveillance de Philippe Saurel, le maire de Montpellier, sera un atout. Enfin, Raymond Couderc, sénateur sortant et sans investiture, perturbera la liste officielle UMP mais il reste à savoir si son réseau, hors secteur biterrois, lui permettra d’espérer un retour au Palais du Luxembourg.
Cependant, au-delà d’un pronostic, la dispersion des voix pourrait conduire à l’absence de sénatrice dans l’Hérault.
Dans le Gard, le fonctionnement du binôme Fournier-Lachaud a permis la présentation d’une liste unitaire UMP-UDI malgré les protestations du maire d’Uzès Jean-Luc Chapon. Cette conjoncture autorise des espoirs pour deux sénateurs de cette obédience dans un département qui fut jadis, un bastion de gauche, avec une prégnance communiste non négligeable.
Une progression pour le Front National
Dans le cas du Languedoc-Roussillon, il n’y a pas a priori d’opportunités pour le Front National d’obtenir un sénateur. Toutefois, l’entrée en masse de conseillers municipaux FN dans les aires urbaines et peri-urbaines verra la multiplication des voix à faveur de ce mouvement politique. Centré sur le thème de la « France des oubliés » -et des pertes identitaires que cela induit- et reprenant une antienne jusque-là très socialisante des services publics dans les territoires ruraux, le Front National devrait rassembler des votes au-delà de la visibilité des ses élus. La question dont nous connaîtrons la réponse sera de voir sa pénétration dans le tissu des grands électeurs ruraux ; à défaut d’être massive elle ne devrait pas être insignifiante.
La géographie politique bouge….même si le Sénat le fera à pas plus feutrés !