Viticulture : "la situation pourrait être désastreuse", les acteurs du secteur redoutent une nouvelle taxe sur les exportations de vins aux Etats-Unis

Au lendemain de l'élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, la possibilité d'une nouvelle taxation des vins français exportés outre-atlantique inquiète la filière viticole du Languedoc, déjà en grandes difficultés.

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L'élection de Donald Trump à la Maison Blanche aura-t-elle un nouvel impact sur les exportations de vins aux Etats-Unis ? C'est en tout cas ce que redoute la filière viticole. À peine élu, le président des Etats-Unis qui sera intronisé le 20 janvier prochain, a confirmé son intention de taxer les produits importés entre 10 et 20 %. De quoi rappeler de mauvais souvenirs aux viticulteurs de l'ex région Languedoc-Roussillon. 

Lors de son premier mandat, en plein différend entre Boeing et Airbus, le président américain avait imposé des taxes douanières de 25 % sur différents produits, dont le vin. Celles-ci concernaient d'abord les vins tranquilles de moins de 14 degrés conditionnés en moins de deux litres, puis à partir de janvier 2021, les vins tranquilles à plus de 14 degrés et les contenants de plus de 2 litres. "Cette taxe sur les vins tranquilles avait coûté 600 millions d'euros au secteur pour un désaccord qui ne le concernait absolument pas", se souvient l'Héraultais Jérôme Despey, 1er vice-président de la FNSEA en charge du secteur. 

Une taxe suspendue pour 5 ans

En mars 2021, l'administration américaine Biden avait suspendu cette taxe pour 5 ans, soit jusqu'en 2026. Celle-ci pourrait être prochainement rendue caduque par le nouveau président américain.

Or, les États-Unis sont les plus gros clients de la filière vin (22 % de l’ensemble des exportations), ce qui représente 3,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires, selon le dernier rapport de la Fédération des Exportateurs de Vins et Spiritueux (FEVS) de France, loin devant le Royaume-Uni (10,4 %), comme l'expliquent nos confrères de la Revue des vins de France.

Nous demandons aux autorités françaises et européennes de résoudre au fond ce conflit pour éviter que le vin soit à nouveau taxé dans un contexte aujourd'hui plus tendu pour le secteur

Jérôme Despey, 1er Vice président de la FNSEA

" Si on nous inflige à nouveau ces taxes, complète-t-il, la situation pourrait être à nouveau désastreuse pour la filière viticole çà laquelle le gouvernement et l'Union européenne ne peuvent rester insensibles." 

Un double traitement des pays producteurs ? 

L'élection de Donald Trump intervient alors que la filière viticole est confrontée à de nombreuses difficultés dont une baisse de la récolte de 13%. "Ce que je redoute le plus c'est que Trump créé une dichotomie de traitement entre pays européens. Lors de son premier mandat, les vins français étaient taxés, mais pas les vins italiens", rappelle Pierre Bories, le président du Conseil interprofessionnel des vins du Languedoc et également propriétaire Château Ollieux Romani à Monséret dans l'Aude.

Or l'Italie, grande exportatrice aux Etats-Unis, dirigée depuis par Georgia Mélonie, veut s'imposer en interlocutrice privilégiée pour éviter toute "contrainte" économique. Tout dépendra aussi du niveau de taxation. "Si c'est 10 ou si c'est 20% de taxe, ce n'est pas la même chose, analyse encore le président du CIVL qui souhaite favoriser l'exportation des vins de la région notamment aux Etats-Unis, de l'ordre de 194.000 hectolitres actuellement. Car les vins du Languedoc sont moins chers, leurs prix resteraient donc moins élevés que leurs concurrents et pourraient continuer d'intéresser le consommateur américain. Peut-être une carte à jouer, si on regarde le verre à moitié plein. "Espérons que Donald Trump n'essaie pas de nous diviser entre pays européens", insiste Pierre Bories. 

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