Colère des agriculteurs. "Les gens nous hébergeaient, on était applaudi" : il y a 50 ans, des paysans montaient à Paris pour se faire entendre

Lundi 29 janvier, des centaines d'agriculteurs annoncent se rendre à Paris pour bloquer la capitale. Un mouvement qui rappelle celui des agriculteurs du Larzac : en 1973, ils sont plusieurs à monter vers Paris pour contester un projet d'extension d'un camp militaire sur leurs terres. L'un des participants de l'époque témoigne.

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"Un siège de la capitale", c'est en ces termes que des centaines d'agriculteurs de la FNSEA et de Jeunes agriculteurs comptent bloquer Paris lundi 29 janvier. Selon un communiqué commun, "tous les axes lourds menant à la capitale seront occupés".

Cette initiative n'est pas nouvelle : il y a près de 50 ans, des agriculteurs du Larzac étaient eux aussi montés à Paris pour dénoncer un projet d'extension d'un camp militaire sur leurs terres. L'un des agriculteurs qui a participé à ce mouvement, Léon Maillé, raconte cette traversée. 

20 à l'heure sur la route, une semaine de trajet

"On était déjà monté à Rodez l'année précédente. On était 2.000 hommes dans 70 tracteurs" se souvient Léon Maillé. "Puis on s'était dit : s'il faut, c'est à Paris que l'on ira". En janvier 1973, un cortège d'une dizaine de tracteurs se forme, direction la capitale. Un trajet sinueux, de près d'une semaine à 20 km/heure sur les routes. "On était 20 tracteurs en plein hiver" se rappelle cet éleveur aujourd'hui âgé de 80 ans. 

Ce parcours est rendu plus agréable par le soutien de la population à chaque arrêt avant Paris. "Les gens nous hébergeaient, c'était sympathique. Quand on passait, on s'arrêtait pour discuter. Ça faisait plaisir, on était applaudi. La FDSEA nous a aussi soutenu tout le trajet."

"On faisait ça pour que l'on parle de nous"

Une aide bienvenue mais brutalement stoppée à Orléans, à l'entrée de Paris. "On nous a laissés tomber car on était trop dérangeant" en sourit aujourd'hui Léon Maillé. Pour arriver jusqu'à Paris, Bernard Lambert, figure du syndicalisme paysan français, aide ces agriculteurs en chargeant un tracteur dans un camion. Il les dépose aux abords d'une université parisienne. 

"On faisait ça pour que l'on parle de nous. On ne voulait pas que l'armée nous prenne nos terres (NDLR : dans le cadre d'un projet d’extension du camp militaire de la Cavalerie). Sur 107 paysans du Larzac, 103 avaient signé un engagement pour ne pas leur vendre" développe Léon Maillé.

Cette colère a donné naissance à un film documentaire : Le serment des 103, unis pour la terre du Larzac. "À l'époque, on était considéré comme des farfelus. Mais dans le Larzac, l'agriculture est devenue dynamique. La population a doublé dans certains territoires" assure l'ancien agriculteur. 

"Les agriculteurs travaillent comme des ânes pour pas grand-chose"

Aujourd'hui, Léon Maillé garde une certaine fierté de cette aventure à Paris. "On a inventé la montée de tracteurs à Paris. J'ai l'impression qu'ils copient ce qu'on a fait" taquine-t-il. "On a aussi fait la marche à Paris dans les années 80. On a souvent été des précurseurs."

Il soutient évidemment l'action des agriculteurs, dont la majorité bloque toujours des routes en Occitanie. "C'est normal qu'ils manifestent. Ils travaillent comme des ânes pour pas grand-chose. Dans les campagnes, les gens en ont le ras-le-bol. Le monde paysan n'est pas respecté par les dirigeants alors qu'il est bien vu par la population" estime Léon Maillé. 

Mais il reste optimiste sur la finalité de ce mouvement. "Les gens discutent, s'engueulent un peu mais ce bouillonnement d'idées va faire avancer les choses" pense-t-il. "Ça permettra peut-être au monde paysan d'être mieux connu."

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