VIDÉOS. Colère des agriculteurs : "pris à la gorge", deux exploitants d'Occitanie témoignent

Qu'est-ce qui pousse les agriculteurs à sortir de leurs exploitations pour aller barrer les routes ? De quoi se nourrit leur colère ? Face aux charges qui explosent, aux normes toujours plus contraignantes et aux prix de vente insuffisants, ils disent ne plus s'en sortir. Un éleveur catalan et un viticulteur héraultais confient leurs difficultés.

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Voilà 17 ans que Sébastien Barboteu exerce en tant qu’éleveur bovin à Maureillas-las-Illas (Pyrénées-Orientales). Un métier passion, très prenant : près de 80 heures de travail par semaine, pour une rémunération minime, voire nulle. En cause : des prix de vente imposés par les abattoirs et la grande distribution bien inférieurs au coût d’élevage de ses vaches Limousines.

Depuis la crise sanitaire du Covid, ces prix sont certes repartis à la hausse, mais sur des niveaux comparables à ceux des années 1980 selon l'éleveur, tandis que dans le même temps, ses charges ont été multipliées par 5 ou 10 sur certains postes.

En 2023, j'ai réalisé 120000 euros de chiffre d'affaires, pour un résultat comptable négatif de 23000 euros. Donc zéro rémunération.

Sébastien Barboteu, éleveur de bovins à Maureillas-las-Illas (Pyrénées-Orientales)

Pénalisé par la sécheresse 

Il lui faut également composer avec les aléas climatiques, source d’importantes pertes agricoles et économiques, surtout dans les Pyrénées-Orientales où sévit une sécheresse critique depuis deux ans.

On est en janvier et dans mon champ, les cailloux ressortent, il n'y a plus d'herbe. D'habitude, je suis légèrement excédentaire en fourrage, mais depuis deux ans, j'achète de foin.

Sébastien Barboteu, éleveur de bovins à Maureillas-las-Illas (Pyrénées-Orientales)

Blocage de l'A9 vendredi

Le surcoût pour l'exploitant s'élève à 20000 euros par an. Et 2024 ne devrait pas échapper à la règle. Mais faute de trésorerie, les factures s’entassent, générant une pression mentale supplémentaire pour ce père de famille, même si, comme de nombreux agriculteurs, il peut compter sur le soutien de son épouse :"on se sent redevables, on est un couple mais c'est toujours le ou la même qui fait bouillir la marmite. Psychologiquement, c'est très dur".

Il l'explique dans le reportage qui suit, signé Meerajh Vinayagamoorthy et Thomas Imbert.

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Qu'est-ce qui pousse les agriculteurs à sortir de leurs exploitations pour aller barrer les routes ? De quoi se nourrit leur colère ? Face aux charges qui explosent, aux normes toujours plus contraignantes et aux prix de vente insuffisants, ils disent ne plus s'en sortir. Nous avons rencontré un éleveur des Pyrénées-Orientales. ©Meerajh Vinayagamoorthy et Thomas Imbert, France 3 Occitanie/Pays catalan

Pour exiger de meilleures conditions de travail, Sébastien Barboteu participera, vendredi 26 janvier, à la nouvelle mobilisation des agriculteurs catalans.

Les adhérents de la FDSEA convergeront à partir de 8 heures vers le péage de Perpignan sud sur l'A9 pour bloquer l'autoroute. Ceux de la Confédération Paysanne, eux, annoncent leur intention de manifester de 7 heures à 17 heures au péage du Boulou.

Éleveurs et viticulteurs embourbés

Dans l'Hérault, à 32 ans, Rémi Dumas vit une situation similaire. Ce descendant d’une lignée de viticulteurs de Saint-Geniès-des-Mourgues évoque un métier qui s’est complexifié. 

On a de plus en plus de contraintes, de normes environnementales. Souvent, on n'a pas eu le temps de les mettre en place que de nouvelles nous sont imposées.

Rémi Dumas, viticulteur à Saint-Geniès-des-Mourgues (Hérault)

Les effets indésirables des normes

Certaines de ces normes imposent par exemple une réduction des produits phytosanitaires qui conduisent au développement de plantes indésirables. La nature gagne du terrain, mais parfois au détriment des cultures.

Aujourd'hui, on laisse pousser l'herbe entre les rangées de vignes. La conséquence hydrique, c'est qu'elle entre en concurrence avec nos plants en termes de consommation d'eau.

Rémi Dumas, viticulteur à Saint-Geniès-des-Mourgues (Hérault)

Fin de l'exonération du gasoil non routier

Résultat : les rendements sont en baisse. Pour limiter cette concurrence, certaines allées sont labourées à l’aide d’un tracteur. Une solution très onéreuse, car le prix du gasoil non routier ou GNR s’est envolé : il est deux fois plus cher qu’il y a quatre ans. "Le prix du GNR a augmenté, mais l'Etat nous supprime petit à petit l'exonération qu'on avait dessus. C'est un poids de plus sur l'exploitation", explique Rémi Dumas dans le reportage ci-dessous réalisé par Emilien David et François Jobard.

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Qu'est-ce qui pousse les agriculteurs à sortir de leurs exploitations pour aller barrer les routes ? De quoi se nourrit leur colère ? Face aux charges qui explosent, aux normes toujours plus contraignantes et aux prix de vente insuffisants, ils disent ne plus s'en sortir. Nous avons rencontré un viticulteur héraultais. ©Emilien David et François Jobard, France 3 Occitanie

L’ensemble de ses charges ont augmenté de 20% en 5 ans. Mais le vin est toujours vendu au même prix. Alors pour ne pas produire à perte, la solution a été radicale : il a arraché des vignes plantées par son père il y a à peine 20 ans. Un crève-cœur "la rentabilité impose des choix" dit-il.

Le pari de la diversification pour sauver l'exploitation

Pour faire face à la crise, Rémi Dumas tente désormais de diversifier son activité : il se lance cette année dans l’élevage de brebis. Un pari pour sauver le domaine familial.

Écrit avec Meerajh Vinayagamoorthy, Thomas Imbert, Emilien David et François Jobard.

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