Déserts médicaux : une carte interactive souligne l'état déplorable de l'accès aux soins

L’UFC-Que Choisir rend publique la carte interactive de la fracture sanitaire dont sont victimes des millions de patients. Chacun peut vérifier gratuitement l’accès aux soins dans sa commune. En Occitanie, la situation est alarmante, notamment pour trouver un spécialiste.

Cette carte interactive actualisée, souligne l’état déplorable de l’accès géographique et financier aux soins en France. Selon UFC-Que Choisir, la dimension géographique révèle que jusqu’à 25 millions d’usagers vivent dans un territoire où l’offre de soins libérale est insuffisante. Un français sur 4 n'a pas accès à un médecin généraliste.

La région Occitanie est loin d’être épargnée et les déserts médicaux sont nombreux. L’analyse porte sur l’accès direct aux soins selon quatre catégories de médecins : généralistes, ophtalmologistes, gynécologues et pédiatres. Les données combinent à la fois l’éloignement géographique des médecins et les tarifs pratiqués.

En Aveyron, dans le Gers, les Hautes-Pyrénées, le Tarn et le Tarn et Garonne les difficultés d’accéder aux soins et les déserts médicaux sont prédominants, conséquents et encore plus criants pour les spécialistes.

 Les Métropoles beaucoup moins impactées

Toulouse et sa grande couronne semblent être épargnées par les déserts médicaux toutes catégories de médecins confondus. Selon la carte, on peut constater que la population des villes de Blagnac, l’Union, Tournefeuille, Colomiers, Balma, Muret, Ramonville-Sainte-Agne ou encore Saint-Orens ont un accès supérieur à la moyenne aux médecins généralistes, ophtalmologistes, gynécologues et pédiatres quel que soit leurs tarifs.

En revanche dès que l’on s’éloigne, en troisième couronne comme dans la commune de Merville ou Lara, l’accès est inférieur à la moyenne pour la médecine générale et spécialisée.

Si en Haute-Garonne on note moins de déserts médicaux que dans les départements voisins, les zones roses, significatives d’un accès difficile aux soins sont importantes. Par exemple, les communes de Saint-Lys ou encore de Lherm sont concernées.

Dans les autres départements de l'ex région Midi-Pyrénées, la fracture sanitaire ressort davantage avec des situations alarmantes notamment en Aveyron.

Alerte rouge

Au plan national, selon UFC-Que Choisir, l’accès à la médecine de ville est particulièrement compliqué pour les spécialistes.

En Aveyron la carte vire au rouge, affichant des déserts médicaux en gynécologie, pratiquement dans toutes les communes y compris dans les villes comme Rodez. Pour les spécialités médicales comme la pédiatrie, l’ophtalmologie la carte reste au rouge avec des exceptions. Par exemple en pédiatrie, même Rodez est classée en désert médical, seules les communes de Millau et Saint-Affrique sont à un niveau d’accès supérieur. En France, 11,8 millions de patientes n'ont pas accès à un gynécoloque.

 

 

En prenant compte de l’offre médicale accessible à moins de 45 minutes de route, l’analyse de l’association UFC-Que Choisir montre que 19% des habitants, soit 12,3 millions de personnes résident dans un désert médical pour l’ophtalmologie. La situation est encore plus dégradée pour les gynécologues avec 23,6% des femmes qui vivent dans un désert médical. La triste palme de la pire répartition des spécialistes revient aux pédiatres avec 27,5% des enfants qui vivent dans un désert médical pédiatrique.

Dans les Hautes-Pyrénées le constat est tout aussi inquiétant. Pour la médecine généraliste, les zones d’accès difficiles aux soins sont importantes même si les villes de Tarbes et Lourdes ont, elles, un accès très supérieur ou supérieur à la moyenne. En revanche dès que l’on recherche des spécialités, les zones rouges correspondantes aux déserts médicaux sont majoritaires, à l’exception de Tarbes et Pau.

Dans le Gers, l’accès aux soins reste difficile à l’exception des communes d’Auch ou de Gimont et Masseube pour la médecine généraliste. Pour l’accès aux gynécologues, la carte vire là aussi au rouge. Les déserts médicaux touchent la majorité des communes en dehors d’Auch et Eauze. Même constat pour l’accès aux ophtalmologistes et à la pédiatrie où là encore les déserts médicaux sont majoritaires avec des accès aux soins difficiles dans de nombreuses villes.

En Ariège, les généralistes sont davantage présents sur le territoire que les médecins spécialisés. Concernant les gynécologues, excepté dans la ville de Foix, les accès aux soins sont difficiles et les déserts médicaux touchent la majorité des communes. Ce constat désastreux est le même pour la pédiatrie.

Dans le département du Tarn-et-Garonne, en médecine générale, les accès aux soins restent inférieurs à la moyenne ou difficiles, excepté à Montauban. Trois déserts médicaux sont à noter dans les communes de Saint-Sandos, Beaupuy et Garganvillas. En pédiatrie, là encore, la carte vire au rose et rouge, en dehors de la ville de Montauban qui reste à un niveau très supérieur à la moyenne.

Enfin dans le Tarn, excepté dans les communes d’Albi et de Gaillac, l’accès à la médecine générale reste difficile et inférieure à la moyenne avec de nombreux déserts médicaux. Des déserts médicaux notamment importants pour les spécialités. Albi et Lavaur tirent leur épingle du jeu mais partout ailleurs l’accès aux soins est difficile voire inexistant. Idem pour la gynécologie hormis les villes de Castres et d’Albi. Les villes de Graulhet ou Villefranche d’Albigeois sont elles en zone rouge.

Les dérives des dépassements d’honoraires

La fracture sanitaire est également financière. 8 français sur 10 ont des difficultés pour accéder à un ophtalmologue au tarif de la Sécurité sociale. En France les dépassements d’honoraires payés par les usagers ne cessent de croître, soit 3,5 milliards d’euros en 2021. Dans l’analyse que dresse l’association UFC-Que Choisir, il est de plus en plus difficile de trouver des médecins qui respectent le tarif de la Sécurité sociale. Le frein financier est la première explication du renoncement aux soins des patients, dans 29% des cas. Lorsque l’on ne prend en compte que l’accès aux médecins ne pratiquant pas de dépassements d’honoraires, la pénurie de médecins augmente de manière affolante :

La part des enfants vivants dans des déserts médicaux pédiatriques passe à 46,8% (+19,3 points) et celle des femmes vivant dans des déserts gynécologiques à 66, 8% (soit + de 43 points).

La combinaison de la dimension géographique et financière de l’accès aux soins souligne que les déserts médicaux concernent les zones rurales et urbaines.

 

UFC-Que Choisir tire la sonnette d'alarme

Au plan national, selon UFC-Que Choisir, si les déserts médicaux sont moins importants pour les généralistes (2,6% de la population), la situation n’en reste pas moins préoccupante puisque 23,5% des usagers éprouvent des difficultés pour accéder à moins de 30 minutes de route d’un maillon essentiel du parcours de soins.

Un état des lieux alarmant. En France et dans notre région, la fracture sanitaire est abyssale. L’UFC-Que Choisir dénonce l’échec des politiques successives à réduire cette fracture. Notifiant que le gouvernement ne montre aucune volonté de remédier à cette situation dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. 

L’association propose des solutions pour lutter contre cette fracture sanitaire et lance un appel à la mobilisation pour interpeller les décideurs afin qu’ils agissent "urgemment et fermement contre cette fracture sociale".

Des solutions concrètes comme :

  • L’instauration d’un conventionnement territorial des médecins dans le but de garantir une meilleure répartition de médecins sur le territoire, et qui ne permettent plus aux médecins de s’installer en zones surdotées.
  • La fermeture de l’accès au secteur 2 (honoraires libres), à l’origine du développement incontrôlé des dépassements d’honoraires.
  • La suppression des aides publiques aux médecins ne respectant pas le tarif de la Sécurité sociale.

L’association lance aussi un appel à témoignage pour toutes les personnes qui vivent dans un désert médical ou qui ont des difficultés à accéder aux soins, selon différentes pathologies.

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