Les deux tiers de la superficie des zones humides ont été détruites depuis le début du XXème siècle en France dont les plus importantes sont protégées. Des bénévoles et des scientifiques multiplient les initiatives pour leur restauration ou leur préservation. Mais à quoi servent-elles ?
Les deux tiers de la superficie des zones humides ont été détruites depuis le début du XXème siècle en France. Mais la Convention de Ramsar, signée et ratifiée par la France, permet de protéger les plus importantes zones humides. La plus connue est certainement celle de Sivens dans le Tarn au coeur du combat des Zadistes.
Dans le département voisin de l'Aveyron, des bénévoles ont entrepris des travaux de restauration d'une zone de 4 000 m2 et 700 m3 de remblais, à Montsalès. Cette friche est devenue une zone humide alimentée par les précipitations et les eaux de ruissellement.
"En 2022, on a entrepris ces travaux de restauration en supprimant ce remblai, en dessouchant les peupliers, et créant les mares pour favoriser encore plus la biodiversité", explique Sophie Daviau, technicienne zones humides et bocage au syndicat mixte bassin Célé-Lot.
Avec le remembrement, l'Aveyron a perdu comme d'autres territoires les trois-quarts de ses zones humides. Peu à peu, on prend conscience de leur importance.
Plusieurs fonctionnalités et intérêts
"Les zones humides ont plusieurs fonctionnalités et plusieurs intérêts : préserver et garantir une quantité d'eau durable dans les milieux, lutter contre les pollutions, permettre et garantir un débit d'étiage durant l'été et les sécheresses pour les cours d'eau. Elles ont aussi un intérêt sur la biodiversité", résume Emmanuel Gilhodes, chef de projet à l'association départementale d'aménagement des structures des exploitations agricoles d'Oc .
Des espèces rares viennent désormais s'y côtoyer comme l'Agrion de Mercure, le Triton marbré ou encore la Dolomède, une araignée semi-aquatique.
Dans les Hautes-Pyrénées, des bénévoles et des scientifiques tentent de préserver une autre zone humide, celle la tourbière du lac de Lourdes. Ils s'astreignent à la débarrasser de pousses devenues envahissantes pour tenter de conserver le Fadet des laiches, un papillon d'Europe de l'ouest en voie d'extinction. L'insecte a choisi cette tourbière au bord pour y établir son habitat.
Depuis 2016, sa population a pratiquement disparu de cette zone humide, passant de 300 papillons recensés à seulement trois, l'an dernier. Avec le dérèglement climatique et l'activité humaine, le milieu naturel de ce petit papillon coloré s'est transformé. Mais ce n'est pas que ce papillon qui est en danger. Mais toute sa zone humide classée Natura 2000, un écosystème pourtant essentiel.
Un allié à l'heure du réchauffement climatique
"C'est important de les conserver pour ces espèces-là et puis ce qui est fondamental, c'est que les zones humides stockent énormément de carbone. Ce qui est important pour les problématiques qu'on connaît du climat actuel", analyse David Soulet, entomologiste au CEN programme LIFE Biodiv'Paysanne.
Dans les prochains mois, d'autres actions seront menées pour conserver cette zone. Des vaches de pâturage seront même amenées sur place pour stopper la pousse de la végétation et tenter de sauver le Fadet des laiches.
Mais ces écosystèmes aquatiques ne sont pas toujours respectés. Le 2 février dernier, France Nature Environnement a porté plainte pour destruction de zones humides dans la commune de Dieupentale dans le Tarn-et-Garonne.
L'association accuse un propriétaire d'avoir détruit cette zone "répertoriée et protégée", sans aucune autorisation ni déclaration de travaux au préalable, ce que dément l'auteur des travaux. L'Office français de la biodiversité va ouvrir une enquête.
( Avec Mazigh Abdelli)