Dans le Gard, la commune de Salingres pourrait détenir le record du monde de rejets de TFA, un "polluant éternel" qui peut subsister 1000 ans. Le professeur Charles Sultan, endocrinologue et professeur à l'Université de Montpellier, sonne l'alerte sur les conséquences de ces polluants sur la santé.
Dans le Gard, la commune de Salindres pourrait détenir le record du monde de rejet du polluant TFA en raison de l'activité de l'usine chimique Solvay, selon l'organisation Générations futures, qui lutte contre la pollution chimique. L'association, qui a effectué des relevés dans l'eau de la commune à l'automne 2023, révèle de fortes concentrations de substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS), suspectées d'effets nocifs sur la santé. L’acide trifluoroacétique (TFA) est l'un d'eux et il est le composé majoritaire des PFAS relevées à Salindres.
Charles Sultan, médecin, professeur en endocrinologie pédiatrique à l'Université de Montpellier et président du conseil scientifique de Générations futures, sonne l'alerte auprès de France 3 Occitanie sur les conséquences de ces polluants sur la santé.
Des produits cancérigènes
Invité sur le plateau de France 3 Occitanie mercredi 7 février, Charles Sultan a alerté sur les "risques considérables" de la pollution par les PFAS. Ces substances sont présentes en forte concentration dans l'eau autour de Salindres – Générations futures y relève jusqu'à 19 milligrammes par litre d'eau, contre moins de 1 mg/L ailleurs –, mais se trouvent aussi partout dans des produits du quotidien : emballages alimentaires, vêtements imperméables, produits cosmétiques...
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Pourtant, "ils ont des effets particulièrement nets sur le système nerveux, ils sont associés au développement d'une tumeur du système nerveux", avance Charles Sultan. "Au-delà, ils sont perturbateurs endocriniens : ils induisent des troubles de la reproduction, l'obésité, le cancer ; ce sont des produits cancérigènes", insiste-t-il. Surtout, alerte le médecin, "ils ont une durée de vie qui peut dépasser les 1 000 ans", ce qui les caractérise comme des "polluants éternels". "Il faut suspendre l'utilisation de ces PFAS", juge-t-il.
Un traitement des rejets en 2027
Le groupe Solvay, responsable des rejets à Salindres, assure être capable de mettre en place une solution de traitement des PFAS pour 2027. Ce sera trop tard, estime Charles Sultan. "Jusqu'en 2027, nous allons contaminer des femmes enceintes, nous allons contaminer des fœtus, nous allons induire des pathologies de l'enfance", assène-t-il.
Il faut informer la population sur des mesures de prévention ou tout au moins de réduction de ces PFAS.
Pr. Charles Sultan, endocrinologue
Si Générations futures s'inquiète de leur présence, les autorités sanitaires françaises, elles, ne mesurent pas les taux de TFA. À Salindres, la substance est donc rejetée en toute légalité. Santé Publique France a tout de même annoncé le 6 février le lancement d'un comité d'experts pour évaluer si les cancers du cerveau, dont le taux est trois fois plus élevé à Salindres qu'ailleurs, ont un lien avec les rejets de TFA. Pour l'heure, ce lien n'est pas scientifiquement établi.
"Ce n'est pas un problème qui est apparu récemment. On savait que les PFAS induisaient des conséquences cliniques non négligeables", évoque cependant le professeur. "Il y a 4 500 [types de PFAS] et on ne saurait investir des sommes colossales pour les identifier. Il n'en reste pas moins qu'il faut informer la population sur des mesures de prévention ou tout au moins de réduction de ces PFAS", affirme Charles Sultan.