Le procureur de la République de Rodez a saisi la semaine dernière des dizaines d'objets nazis, dont un buste d'Hitler. Ces lots devaient être vendus jeudi 4 février lors d'une vente aux enchères à Rodez (Aveyron). Plusieurs ventes similaires avaient déjà fait polémique récemment en Occitanie.
Des insignes, des boucles de ceintures, des broches, des plaques émaillées ornées de croix gammées et un buste en bronze d'Adolph Hitler devaient être vendus lors d'une vente aux enchères prévue le 4 février 2021 à Rodez. Le procureur de la République de Rodez en a décidé autrement. L'ensemble de ces lots d'objets nazis a été saisi vendredi 29 janvier par la police de la préfecture aveyronnaise.
Le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) avait alerté, la semaine dernière, la justice de cette vente par l'intermédiaire de son avocat, Me David Kaminski :"On saisit les parquets de toutes les villes de France quand on constate que des ventes doivent avoir lieu, a expliqué à l'AFP Me Kaminski. C'est important, le fait de vendre des objets de l'Allemagne nazie, c'est une forme d'apologie de crime contre l'humanité".
Vendus pour s'en débarasser
Selon la justice, le propriétaire de ces objets, dont "il voulait se débarasser", est un collectionneur résidant dans l’Aveyron. Le commissaire priseur en charge de cette vente, Maître Hervé Legroux, estime de son côté avoir pris "toutes les précautions nécessaires en ayant mis un message d’avertissement sur le site de la vente et en ayant masqué les croix gammées de ces objets" et nie toute intention d’apologie du nazisme.
Au début de l'année 2021, d'autres ventes similaires à travers plusieurs départements d'Occitanie, dont l'Aveyron, avaient déjà fait débat. A l'époque, Maître Hervé Legroux avait déclaré à France 3 Occitanie ne pas comprendre "que l'on puisse provoquer la polémique à ce sujet. Cela appartient à l'Histoire. On en trouve partout, notamment dans les musées".
Un point de vue non partagé par le procureur Olivier Naboulet. Le magistrat estime que la vente pourrait relever du délit d'apologie de crime contre l’humanité et de l'infraction d'exhibition publique d'objets nazis. L'ensemble des lots saisis pourrait être donné à l'Etat et trouver sa place dans un musée.