Environ 500 personnes ont manifesté devant le ministère de l'économie en soutien à la Sam. Aucune avancée selon les syndicalistes de l'entreprise aveyronnaise à l'issue d'un entretien avec Bruno Lemaire.
Environ 200 salariés de la Sam, un sous-traitant de Renault situé dans l'ancien bassin minier de Decazeville (Aveyron) dont la liquidation a été prononcée fin novembre, ont manifesté ce mercredi 12 janvier 2022 devant le ministère de l'économie à Paris. Ils réclament un projet industriel de reprise de l'usine. Une délégation a été reçue par le ministre.
La Sam (Société aveyronnaise de métallurgie) employait 350 personnes sur la commune de Viviez.
"On se bat pour la survie de notre bassin de population", explique Philippe Ladou,
59 ans dont 38 ans de boîte, pour qui la fermeture de la Sam et le licenciement de ses quelques 340 salariés représentent une catastrophe pour la région.
"Mon père a été licencié en 1987" quand les usines sidérurgiques ont mis la clef sous la porte et "on commençait tout juste à s'en relever", décrit Philippe Ladou. Avec la fermeture des mines en 1962, "notre bassin a beaucoup souffert", poursuit-il.
De Viviez à Paris pour manifester
Quatre bus ont été affrétés pour acheminer les ouvriers de la Sam qui occupent leur usine depuis 51 jours. Ils réclament un projet industriel pour poursuivre l'activité du site qui "est toujours capable de produire", selon les salariés sur place.
Des offres de reclassement ont été proposées par Renault, mais toutes éloignées de Decazeville et "pas forcément en adéquation avec les qualifications des salariés de Sam", a relevé le ministère de l'Économie.
Aujourd'hui, on vient voir les décideurs et les fossoyeurs de la fonderie française. L'Etat actionnaire de Renault a son mot à dire.
David Gistaureprésentant CGT de la Sam
"On demande le droit de travailler au pays", affirme David Gistau, délégué CGT de la Sam. "Il suffit d'appuyer sur un bouton pour que l'usine reparte", défend-il.
Comme ses collègues, il blâme Renault, seul client de la Sam, qui a refusé de soutenir l'unique projet de reprise. "Aujourd'hui, on vient voir les décideurs et les fossoyeurs de la fonderie française. L'Etat est actionnaire de Renault à hauteur de 15 % donc il a son mot à dire. Il y a 5 milliards d'euros d'argent public qui ont été donnés, il doit y avoir des contreparties sur l'emploi", explique-t-il.
"On a fait beaucoup pour Renault, on a développé une pièce pour eux pour le moteur hybride qu'ils nous ont piqué pour la délocaliser en Roumanie", s'emporte un ouvrier qui préfère garder l'anonymat.
Des soutiens politiques
Au total, près de 600 personnes étaient venues manifester devant le ministère de l'économie en soutien aux salariés.
"On a besoin d'entreprises comme la Sam pour la transition écologique", a souligné le candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot, venu en soutien aux manifestants.
Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT lui aussi présent, a demandé à Renault de "réparer le préjudice subi par la Sam".
Le candidat du Parti Communiste à la présidentielle Fabien Roussel et le député européen de la France Insoumise Manuel Bompard étaient également présents.
"On restera dans l'usine jusqu'à ce qu'on ait un emploi ou bien des indemnités mais si c'est ça, la douleur de voir l'usine éteinte comme ça, elle restera", se désole Philippe Ladou qui craint pour son avenir. "Je vais devoir repartir en intérim, il n'y a que ça qui m'appelle", anticipe-t-il.
L'occupation de l'usine continue
A la sortie de leur entretien avec le ministre de l'économie, Bruno Lemaire, les syndicalistes estimaient qu'il n'y avait pas d'avancée. Les salariés ont eu tout de même le sentiment d´être entendus. L´occupation de l´usine continue.
Reprise en 2017 par le groupe chinois Jinjiang, la Société aveyronnaise de métallurgie (SAM) avait été placée en redressement judiciaire en décembre 2019. Son sort a été définitivement scellé le 26 novembre dernier, quand le tribunal de commerce de Toulouse a acté la cessation de son activité et sa liquidation après le refus de Renault de soutenir l'unique projet de reprise.
Depuis, environ 150 anciens salariés, sur les quelque 350 que comptaient l'usine, se relaient jour et nuit dans la fonderie, réclamant à Renault une "réparation du préjudice subi", mais aussi pour empêcher que les machines soient vendues aux enchères. Ils estiment aussi que l'État n'a pas fait tout son possible pour éviter la fermeture du site.