Rodez : 15 ans de réclusion pour le chauffard qui avait mortellement percuté un policier

En avril 2015, voulant échapper à un contrôle, un homme de 36 ans a foncé sur des policiers et en a percuté un mortellement. Les jurés de la cour d'assises de l'Aveyron l'ont condamné à 15 ans de réclusion criminelle

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Sous l'empire du cannabis
Après plus de 4 heures de délibérations, les jurés ont reconnu Jérémy Munoz, 30 ans, qui roulait sous l'emprise de cannabis, coupable de violence ayant entraîné la mort du sous-brigadier Benoît Vautrin. Mais ils ont été un peu plus cléments que l'avocat général Olivier Naboulet, lequel avait requis une peine de 16 ans de réclusion.

Il avait tenté de ranimer sa victime
C'est un "crime aggravé" car "commis sur un fonctionnaire de police", avait souligné Olivier Naboulet dans son réquisitoire. Cependant, il avait précisé tenir "aussi compte de la personnalité de l'accusé" qui "n'est pas un voyou" et avait "tenté de ranimer la victime".

Le 10 avril 2015
Après avoir été flashé en excès de vitesse, Munoz avait fait demi-tour pour échapper aux policiers. Plus loin, à Aubin, il avait percuté à plus de 100 km/h le sous-brigadier Benoit Vautrin, 36 ans, posté au milieu de la route pour l'arrêter, le projetant à quelque 60 m. Il lui avait prodigué les premiers soins puis s'était laissé interpeller.
Dans un premier temps, Munoz avait été renvoyé à pour "meurtre d'une personne dépositaire de l'autorité publique" mais finalement la Chambre de l'instruction de Montpellier avait requalifié l'infraction en "violence volontaire ayant entraîné la mort, sans intention de la donner".

Pour le procureur, c'était un crime
Face aux jurés, le magistrat s'était longuement attaché à expliquer les règles de droits qui différencient un acte volontaire d'un acte involontaire.
"Sa famille pense, de façon aveuglée, que ce n'est pas un crime mais un délit que vous avez à juger", avait-il souligné. "Il s'agirait donc d'un accident. Mais ce n'est pas un accident", avait-il poursuivi, insistant au contraire sur les "actes volontaires" de Munoz pour démontrer que le crime "est constitué": fumer un joint de cannabis, rouler à plus de 105 km/h, échapper au contrôle routier ou s'abstenir de freiner... "Non non non, tout procède d'un comportement volontaire", avait répété Olivier Naboulet.

"Peine disproportionnée" 
Une peine "disproportionnée", avait plaidé l'avocat de Jérémy Munoz, Me Elian Gaudy, selon lequel son client est enfermé dans la culpabilité.
Me Gaudy était revenu sur les circonstances du drame et avait mis en cause "le co-pilote" et propriétaire du véhicule qui lui avait demandé de faire demi-tour, d'aller très vite, avec l'objectif de tourner à droite pour fuir les policiers.
Cependant, il a poursuivi sa route et à l'approche du policier posté au milieu de la voie pour l'intercepter, Jérémy Munoz a "fait une manoeuvre d'évitement sur la gauche", avait affirmé Me Gaudy.
Et l'avocat de s'interroger sur la position du policier. "Je connais le dossier et je n'ai rien trouvé qui permette d'assurer que Benoît Vautrin était statique au moment du choc".
Pendant l'instruction, Jérémy Munoz avait indiqué que le policier s'était déplacé vers la gauche et qu'il n'avait pu l'éviter.
L'avocat général "vous a dit que tous les gestes sont volontaires", avait poursuivi Me Gaudy à l'adresse des jurés. "Oui, son demi-tour l'est, sa vitesse excessive aussi. Mais y a-t-il une comptabilité entre une violence et une manoeuvre d'évitement ? La violence, c'est le passage coûte que coûte. Si je veux éviter, alors il n'y a pas de violence ! Voilà les faits", avait fait valoir l'avocat.

"Je n'ai jamais voulu faire mal"
Depuis son interpellation, et tout au long du procès, l'accusé, caporal de l'armée en voie de reconversion au moment des faits, a reconnu sa responsabilité mais a réfuté une quelconque culpabilité criminelle. "Je n'ai jamais voulu faire mal", avait-il répété encore jeudi.
"Vous avez tout fait pour que ce drame survienne", avait tonné plus tôt l'avocat de la partie-civile, Me Laurent Boguet à l'adresse de Munoz, lui demandant s'il pensait sincèrement que la famille de la victime pouvait se satisfaire de l'excuse lâchée mercredi: "J'ai fait tomber mon cerveau".
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