Les arbres souffrent de la sécheresse et de la canicule. Ils perdent leurs feuilles pour se protéger mais les vagues de chaleur successives les fragilisent. On fait le point avec un technicien de l'Office national des forêts de Haute-Garonne.
Les incendies qui se multiplient en Europe montrent à quel point la forêt est vulnérable. Si les résineux sont particulièrement concernés par les risques d'incendie, l'ensemble des essences souffrent de la sécheresse et des canicules successives. C'est le cas en Occitanie, que ce soit en Ariège ou en forêt de Bouconne à proximité de Toulouse (Haute-Garonne).
Les techniciens de l'Office national des forêts (ONF) font preuve d'une vigilance accrue. Ils constatent les effets des températures élevées en continu l'été. La plante, l'arbre se protègent ainsi en perdant leurs feuilles, ce qui explique ce jaunissement précoce des forêts. Les végétaux restreignent au maximum leurs besoins de capter l'eau dans le sol, quand les racines ne parviennent pas à en trouver.
Des cimes dégarnies preuve d'un manque d'eau
Pour mesurer par exemple l'impact de la sécheresse sur les chênes de Bouconne, il suffit de lever la tête : les cimes dégarnies témoignent d'un manque d'eau chronique. "On voit des chênes qu'on appelle dépérissants, explique Guillaume Fraces, technicien forestier territorial à l'ONF. Ce sont des chênes qui commencent à sécher en partie sommitale. Donc vous avez des branches mortes vraiment au sommet de l'arbre, le sommet du houppier commence à dépérir".
"Les sécheresses consécutives amènent ce bois mort à plusieurs étages. On voit sur certains arbres qu'il prend quasiment la moitié de l'arbre. Donc, au début, on a le pied qui sèche, ensuite on a de la feuille morte et l'année d'après, l'arbre peut sécher sur la moitié de sa partie haute et on arrive jusqu'à un arbre complètement sec. Ce phénomène est vraiment dû aux sécheresses consécutives, ça avance par strates".
"Sur Bouconne, nous avons un sol peu profond : 50 à 60 cm de sol performant entre guillemets, ensuite on arrive sur une couche imperméable. Donc en hiver, on a des sols qui sont gorgés d'eau et en été, au contraire, on a des sols qui sont très secs. Les racines de l'arbre essaient de tracer à la recherche d'eau mais comme elle n'est pas présente, ça donne des arbres qui sont en détresse".
Les chênes ne montrent pas spontanément de signes de faiblesse, "par contre des années de sécheresse répétées font qu'on a des houppiers qui dépérissent, qui sèchent et ces années répétées aboutissent au dépérissement de l'arbre sur pied. Cela peut se passer sur 2-3 années".
Arbres et sous-bois en souffrance
Les chênes ne sont pas les seuls à souffrir du réchauffement. Les sous-bois sont aussi concernés. "On le voit sur cette aubépine, explique Guillaume Fraces. Il y a quand même de la feuille saine, de la feuille bien verte, de la feuille qui commence à se flétrir et à jaunir et de la feuille sèche qui ne tarde pas à tomber dès qu'on la touche. Ces feuilles-là ne font pas d'évapo-transpiration".
Le forestier insiste sur l'importance de ce tapis végétal qui abrite les animaux et leur permet de se préserver des fortes chaleurs dans une ambiance fraîche. "C'est essentiel pour les insectes, les oiseaux, les mammifères mais aussi les champignons, précise-t-il. Et ça permet également une régénération naturelle de la végétation".
Enquête sanitaire nationale
S'ils ne peuvent lutter directement contre ce phénomène, les techniciens de l'ONF renforcent leur présence sur le terrain en cette période critique. Ils surveillent la forêt et multiplient les occasions de sensibiliser le public au risque d'incendie, notamment du fait de mégots ou de barbecues sauvages.
Les effets du réchauffement climatique sur les chênes font l'objet d'une enquête sanitaire nationale. La forêt de Bouconne qui s'étend sur 2.000 hectares, mais aussi celle de Montech dans le Tarn-et-Garonne sont concernées.