Une trentaine de détenus de la région porte plainte contre le premier ministre, Edouard Philippe et Nicolle Belloubet, Garde des Sceaux pour non-assistance à personne en danger. Ils dénoncent l'absence de protections sanitaires et des conditions de détention inhumaines et dégradantes.
Les détenus d’une trentaine de prisons françaises avaient été à l’origine d’incidents, voire de débuts de mutineries la semaine dernière pour protester contre leurs conditions d’incarcération et la suspension des parloirs pour les familles afin de limiter les risques de propagation. L’Administration Judiciaire avait promis dimanche une réponse ‘’ferme’’ à l’encontre des prisonniers ayant participé à ces mouvements de protestation. Cinq d’entre eux ont été condamnés lundi par le tribunal de Béziers à des peines de prison ferme.
31 détenus ont décidé d’aller plus loin. Leur avocate, la Nîmoise Khadija Aoudia a déposé une plainte pour non assistance à personne en danger qui vise directement le Premier Ministre Edouard Philippe et la Garde des Sceaux Nicole Belloubet.
Des conditions de détention inhumaines
Elle demande la saisine de la Cour de Justice de la République. Elle défend les intérêts de 31 personnes incarcérées dans les établissements pénitentiaires de Nîmes, Béziers, Villeneuve-les-Maguelone, Perpignan, Mende, Muret mais aussi à Luynes, Salon-de-Provence, Tarascon et Arles dans les Bouches-du-Rhône, Pontet dans le Vaucluse, Toulon dans le Var et Roanne en Haute-Loire.Me Aoudia accuse le gouvernement de n’avoir pris aucune mesure sanitaire pour protéger le personnel pénitentiaire et les détenus. Elle évoque des conditions sanitaires déplorables, des conditions de détention inhumaines et dégradantes, en violation des dispositions de la Cour Européenne des Droits de l’Homme. Elle rappelle que le Code Pénal punit de cinq ans d’emprisonnement et 75.000 euros d’amende une personne s’abstenant volontairement de porter assistance à une personne en péril.
A la Maison d’Arrêt de Nîmes, la surpopulation carcérale est la plus élevée de France avec un taux d’occupation de plus de 220% selon les derniers chiffres publiés en 2019. Près de 450 personnes y sont détenues pour une capacité de 200 places. Saisi par l’Observatoire International des Prisons, le Conseil d’Etat, en 2015, s’était déclaré impuissant, tout en reconnaissant des conditions dramatiques de détention à Nîmes.