Après l'annonce de la fermeture des marchés mardi dernier, les producteurs doivent faire face à une baisse significative de chiffre d'affaires. Parmi eux, certains apiculteurs craignent pour l'avenir : cette chute des ventes s'ajoute à d'autres problèmes connus précédemment.
Alors que la fermeture des marchés est effective depuis cette semaine malgré quelques exceptions, des apiculteurs s'inquiètent pour leur avenir.
Christian Pons est apiculteur dans l'Hérault, à Cournonsec. Ses ventes, il les réalisent à 80% sur les marchés. "De 7 ou 8 marchés par semaine, il n'y en a plus qu'un qui fonctionne toujours". Sa perte de chiffre d'affaires est de 70 à 80%.
La vente directe, première source de revenus
"Beaucoup d'apiculteurs n'ont pas d'autres ressources que la vente de miel sur les circuits courts et la vente au détail," commente Christian Pons, administrateur de l'Union Nationale de l'Apiculture Française. Il explique que la vente dématérialisée n'est pas une solution miracle, cela demande une organisation importante, et malheureusement, nombreux de ses clients n'ont pas internet. Les personnes âgées notamment, qui ne se déplacent plus pour venir acheter leur pots. Quant à la grande distribution, les prix d'achat sont trop bas pour que ça soit rentable selon lui."Un creux de 5 à 6 mois des revenus"
Christian Pons a monté son GAEC "Art de miel", qui fait travailler 4 personnes à temps plein. Si les ressources s'effondrent, ce sont les revenus de 3 familles qui sont touchées. La structure travaille aussi sur la vente d'insectes et d'essaims, mais "nous avons eu beaucoup de défections de commandes". "Aujourd'hui, je m'attends à un creux de 5 à 6 mois des revenus"."Plus ça va durer, plus ça sera compliqué"
Olivier Fernandez, président du Syndicat Apiculteurs Midi-Pyrénées, ne s'inquiète pas pour l'instant de la fermeture des marchés, qu'il espère de courte durée mais souligne une contradiction : "les supermarchés eux restent ouverts alors que ce sont des endroits de contamination bien plus dangereux que les marchés."Il concède que "plus ça va durer, plus ça sera compliqué." En ce moment, l'activité apicole est en plein boom, la saison ayant un mois d'avance en Haute-Garonne. "On est la tête dans les ruches", témoigne-t-il.
Selon lui, les principales problématiques sont liées aux restrictions de déplacement, qui rendent difficiles voire impossible les travaux de transhumance ou de récupération des essaims par exemple.
Une année déjà difficile en 2019
Richard Cuartero est apiculteur à Colomiers et travaille avec sa fille, pâtissière, qui produit des gâteaux à base de miel. Eux aussi constatent une baisse significative des ventes : "nous enregistrons une perte de 80% de chiffre d'affaires en mars". Ses charges sont faibles, ce qui lui permet de rester serein pour l'instant.
"On essaie de s'adapter. Nous nous sommes inscrit sur la plateforme de vente en ligne du conseil régional, ce qui nous a permis d'enregistrer 3 commandes." La production de miel ne commençant que dans 3 semaines, la saison de vente n'est pas prévue avant un mois, ce qui ne l'inquiète pas outre-mesure.
Loin d'être serein, Christian Pons conclut que tout ceci vient s'ajouter à "des problèmes récurrents dus aux changements climatiques. Par exemple, nous n'avons pas de miel pour l'instant." La baisse de la production de miel en France a été historique en 2019. Pour certains apiculteurs, cet évènement apporte un nouveau coup de massue sur des structures déjà fragilisées.