Coronavirus : musique, pancarte, café ... la vie au balcon des Occitans confinés

Les habitants de la région Occitanie redoublent de créativité à leur balcon tous les soirs. Certains font de la musique, d'autres des pancartes, d'autres encore partagent un café à distance. Les liens entre voisins se resserrent. Exemples à Perpignan, Toulouse et Montpellier.

Tout a commencé chez les Italiens. Confinés avant nous, nos voisins se sont rapidement mis à chanter à leurs balcons, tous ensemble, chaque soir.
Leurs vidéos à l'unisson, émouvantes, ont fait le tour du monde sur les réseaux sociaux, et inspiré notamment les Français.

A l'image de cette vidéo publiée le 13 mars à Rome sur Twitter, où les italiens interprètent leur hymne révolutionnaire "Bella Ciao", popularisé ces dernières années par la série espagnole "La casa de papel":
 


Au début, les Français se mettent à leurs balcons pour applaudir le personnel soignant en première ligne pour lutter contre le Coronavirus. Rapidement, les musiciens s'emparent du mouvement, souvent juste après, ou juste avant l'applaudissement général. Et les balcons deviennent peu à peu des lieux de vie et de partage.


Un concert en famille à Perpignan 


A Perpignan, dans un quartier pavillonnaire proche de la Porte d'Espagne, Romain Lucas, un intermittent du spectacle, sa compagne et leur jeune fils s'installent sur leur balcon tous les jours à midi et offrent 10 minutes de concert à leurs voisins, depuis le début du confinement.

Ils expliquent leur démarche dans cette vidéo tournée le 21 mars 2020.
  

Deux musiciens professionnels à Toulouse


Dans la vie, Luc et Pierre sont respectivement percussionniste et trompettiste professionnels. Ils sont aussi frères, et colocataires.

Depuis le balcon de leur appartement du quartier du Bazacle à Toulouse, ils jouent tous les soirs à 20h pour leurs voisins. Parfois, la petite amie de Pierre, musicienne pour le plaisir, rejoint la bande.

Formés au conservatoire, les frères interprètent Pharell Williams et bien d’autres, selon leurs envies du soir. La vidéo qui s’est faite le plus remarquer est celle où ils jouent du Nougaro : plus de 160 000 vues! A l'origine, les frères avaient simplement envie d'égayer les journées de confinement des habitants d'à côté.

Ça nous est venu comme ça, on voulait donner un peu de plaisir à nos voisins. Le confinement n’est pas facile. C’est un petit moment de bonheur, explique Luc.

Bonheur partagé puisque les voisins les remercient massivement sur les réseaux sociaux. Ils ont même fabriqué des pancartes de remerciement. On aperçoit l’une d’entre elles sur cette vidéo :
 
Pour aller encore plus loin dans le plaisir commun, ces deux musiciens toulousains ont décidé d’organiser un concert entier le week-end prochain, toujours depuis leur balcon.
 

Un saxophoniste toulousain solidaire


Heilinn joue du saxophone depuis 6 ans. Au début du confinement, il remarque une page Facebook : « 10 minutes du peuple ». Tous les soirs, des Français y postent des vidéos d'eux en train de chanter, danser, jouer de la musique à leurs balcons à 19h30

Heilinn décide de s'y mettre. Et pas qu'à moitié. Il ne rate pas une seule soirée à sa fenêtre du quartier Saint Michel à Toulouse (il n’a pas de balcon), accompagné de son saxophone.
 
Et quand il ne le fait pas, les voisins en réclament ! Depuis une dizaine de jours, il se filme en direct sur sa page Facebook. Un moyen de passer le temps mais aussi d'encourager les autres, comme un symbole. Heilinn espère même jouer un rôle social en cette période de confinement, des plus difficiles pour les personnes seules. Il explique sa volonté de jouer à sa fenêtre de ces mots :

C’est un peu en soutien aux personnes en première ligne face au Coronavirus, et pour soutenir les gens isolés seuls chez eux, qui n’ont pas forcément de rapport avec l’extérieur. Comme un bol d’air le soir. Ça leur apporte un peu de soleil dans leur journée, même s’il fait beau en ce moment...

 

Le musicien joue parfois avec un fond sonore diffusé par son ordinateur, et d’autres fois seulement avec son instrument fétiche. Dans son appartement il possède aussi une guitare, une basse et des percussions.
Avec son frère Mirwan et la petite amie de ce dernier avec lesquels il vit, ils s’amusent aussi à faire des vidéos humoristiques. Toujours dans l'objectif de partager leurs bons moments avec les autres, notamment avec ceux qui vivent le confinement plus difficilement qu'eux.
  

Un moment partagé par toute une rue à Montpellier 


A Montpellier, dans une rue proche de la gare, Kalifa se cale sur son petit balcon avec son djembé. 
Tous les soirs à 20h, le musicien professionnel, privé de concerts et de tournées, accompagne de ses percussions les applaudissements de ses voisins.

"J’essaie d’animer le quartier pour tous les habitants, c’est un plaisir de partager ça, ma musique, ma passion", explique Kalifa.

Dès le 1er jour du confinement j’ai eu envie de faire quelque chose, j’avais mes djembés à la maison, c’est parti comme ça.

Un extrait de cette ambiance est à retrouver dans la vidéo ci-dessous.
 


Stéphanie occupe l'un des appartement d'en face. C'est de sa fenêtre qu'elle applaudit les soignants au rythme du djembé de son voisin, qu'elle ne connaissait pas avant le confinement.

Il y a de plus en plus de monde aux fenêtres, c'est un moment de partage hyper convivial.

"Mon voisin du dessus fait des bulles avec sa fille, raconte Stéphanie. "D'autres font des percussions avec leurs ustensiles de cuisine. Tu peux crier avec la musique, ça fait du bien. Il y a des familles avec enfants, des gens isolés. C'est un moment vraiment festif."
 


Un café au balcon dans l'après-midi montpelliérain

Dans une petite copropriété de Montpellier, c'est le vendredi à 14h que se donnent rendez-vous les résidents pour un café au balcon.

Tous les appartements ont l'un de leurs balcons au-dessus de la cour intérieure du bâtiment. En tordant un peu le cou, tout le monde peut se voir.
 

Carolina, mère de deux jeunes enfants, apprécie ce "petit moment de partage" qui lui permet de sortir de sa routine quotidienne.

C'est le moment de la semaine où j'ai l'impression de sortir de chez moi tout en restant chez moi.

"Je m'aperçois de l'importance de se confronter avec les autres : Même le fait de voir comment mes voisins affrontent le confinement, avec quel état d'esprit, avec quelle routine, me permet de réfléchir à ma manière de le vivre et ainsi je me sens moins isolée. Le fait de raconter à mes voisins comment va ma famille en Italie, à Bergame, rend un peu moins douloureux le fait de ne pas être là-bas avec eux et de leur donner un peu de soutien", détaille Carolina.

A la fin, quand nous nous saluons et qu’on se dit "à la semaine prochaine" je me sens rassurée par ce rendez-vous hebdomadaire, rapide mais important. 

Il y a des familles avec enfants et des personnes âgées. C'est l'occasion de discuter, de la situation ou d'autre chose, de prendre des nouvelles, de proposer un service, d'échanger des infomations sur les commerçants qui livrent à domicile...

Geneviève, 92 ans, privée des visites de ses petits-neveux depuis le début du confinement, trouve ce petit moment de partage "très sympathique".

Cela nous permet de nous connaître mieux. c'est un contact avec le monde extérieur dans une période où, par la force des choses, on a tendance au repli sur soi.

Pancartes humoristiques dans la Ville rose


Dans le quartier toulousain des Chalets, une colocation se fait remarquer par ses pancartes humoristiques, ses déguisements, et ses chansons.
 
A leur balcon, ingénieurs écologues et services civiques affichent des pancartes qu'ils préparent minutieusement.

Une par jour au début du confinement, après un brainstorming.
Parmi elles : « dès qu’on finit d’être confinés, redeviendra-t-on des cons finis? ». Ce jour-là, ils répondent à un message aperçu sur le balcon d'en face : "comment allez-vous?", la coloc répond : "On va bien et vous? Petit pendu?".

Des messages interposés, qui permettent de garder le lien, de maintenir un contact malgré le confinement. Peut-être communiquerons-nous davantage avec nos voisins après cette période. En tous cas, certains apprennent à se connaître.
 


On est tous un peu débordant d’imagination. On s’est dit que c’était sympa de mettre des messages pour les voisins et les passants, pour égayer leur quotidien, racontent-ils.

Un peu de joie dans les vies confinées. Un pari réussi puisque les colocataires, âgés de 25 à 27 ans, remarquent que beaucoup de personnes s’arrêtent pour prendre des photos. Leur initiative est saluée par les passants, et les voisins.
 


On s’est dit que c’était rigolo, ça ne pouvait être que positif, une distraction pour nous et pour les gens dehors, explique la colocation.

La moitié des habitants de cet appartement toulousain sont en télétravail. Presque chaque jour, ils préparent une nouvelle pancarte. Que racontera la prochaine? Histoire à suivre.
 
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