A la veille du derby du championnat de France de Ligue 1 de football Nimes-Montpellier (dimanche13h Stade des Costières), Bernard Blaquart n’est pas à la place habituelle, le banc de touche. L'homme, sacré meilleur entraîneur français de Ligue 2 en 2017, n'est plus qu'un spectateur attentif.
Dans le cœur des supporters, l’entraîneur du Nîmes Olympique de 2015 à 2020 incarne l’artisan de la remontée en Ligue 1, le jardinier en chef d’une fierté nîmoise trop longtemps piétinée sur la pelouse des Costières.
Bernard Blaquart a dû quitter son jardin au printemps dernier et il en a gardé un peu d’amertume. Il aurait souhaité une reconversion dans l’encadrement du club pour s’occuper des jeunes pousses du centre de formation, mais le président du club Rani Assaf en a décidé autrement. C’est donc en homme libre qu’il analyse le parcours du Nîmes Olympique cette saison et les débuts prometteurs de son successeur Pascal Planque à la place de Jérome Arpinon débarqué fin janvier :
L’équipe il y a un mois était quasiment en Ligue 2, aujourd’hui elle a beaucoup d’espoir de rester en Ligue 1 donc forcément il y a eu du changement. Alors est-ce que les joueurs se sentaient un peu bloqués par Jérôme (Arpinon - ex-adjoint de Blaquart ) et se sont libérés ? Est-ce que ça va durer ? On aura les réponses dans les semaines à venir.
L'importance du maillot pour les crocodiles nîmois du cru
Depuis ses débuts fin janvier à la tête de l’équipe, Pascal Planque a plutôt la main verte : trois victoires, un nul et deux défaites. De bons résultats et une efficacité offensive retrouvée grâce à un discours porté sur l’amour du maillot, ô combien naturel en terre nimoise… Bernard Blaquart adhère : « Cela peut paraitre un peu désuet mais il ne faut pas oublier qu’un tiers, voire peut-être la moitié des joueurs ont été formés au club, donc forcément ces joueurs-là ont plus l’amour du maillot que certains autres. Et je pense qu’à Nîmes c’est extrêmement important.»
Bernard Blaquart pense qu’une victoire face au voisin montpelliérain du MHSC est possible, à condition de bien préparer le terrain du derby. Mieux vaut selon lui dramatiser l’évènement en agitant l’épouvantail héraultais. Car lors de son premier derby disputé en 2018 à Montpellier et perdu 3 buts à 0, Bernard Blaquart avait relativisé l’importance du match dans son discours aux joueurs et la graine n’avait pas pris.
"En principe je ne reviendrai pas..."
Grâce à son bon bilan à la tête du Nîmes Olympique, Bernard Blaquart aurait pu légitimement voir du paysage et cultiver son amour du beau jeu dans d’autres carrés verts prestigieux. Mais il a préféré retourner aux sources de son aventure d’entraîneur, du côté du Gallia Lunel, un club de l'Hérault qui lui a donné sa chance en 1984. Une pépinière réputée dans la région pour faire éclore de jeunes talents. Bernard Blaquart y entraîne deux fois par semaine les U7, des jeunes pousses âgées de 6 ans à 7 ans. Bien loin des caméras et du football professionnel :
Je ne crois pas que je reviendrai. Mais on a vu tellement de gens changer de décision et revenir dans le milieu alors qu’on pensait qu’ils allaient arrêter que…je me garde une porte de sortie. Mais en principe je ne reviendrai pas.
C’est de son « balcon » que Bernard Blaquart regardera le match de dimanche, bien loin des caméras et du monde professionnel qu’il a décidé de quitter après Nîmes. Un homme pourtant à la hauteur, mais qui pense que l’herbe n’est pas forcément plus verte ailleurs.