En février 2021, la région Occitanie, avec la CCI (chambre de commerce et d'industrie) et la société de financement participatif toulousaine Wiseed, a lancé une plateforme d'épargne citoyenne. 252 dossiers ont été déposés par des entreprises locales et 20 projets sont en cours de financement.
Avec la crise économique liée à l'épidémie de coronavirus, la région Occitanie souhaitait diversifier les aides aux entreprises locales. L'idée a germé et en février 2021, la collectivité, associée à la chambre régionale de commerce et d'industrie (CCI) et la société toulousaine d'épargne citoyenne Wiseed, a lancé une plateforme d'épargne citoyenne, Epargne Occitanie, qui permet à des citoyens épargnants d'investir une partie de leurs économies, même modestes, dans des entreprises du territoire en cours de développement et donc à la recherche de fonds.
Le contexte économique
La France est connue pour son niveau d'épargne, les citoyens français ont une très forte appétence pour le Livret A et l'assurance-vie. La crise économique actuelle n'a fait que renforcer cette tendance, l’épargne des Français a augmenté de 160 milliards d’euros depuis le début de l'épidémie de coronavirus. Et les épargnants ont aujourd'hui le souci d'investir dans l'économie locale.
Dans le même temps, les entreprises sont à la peine et ont besoin d'investissement. Comment mettre en relation ces deux demandes ? C'est tout l'enjeu de la plateforme Epargne Occitanie.
Comment ça marche ?
Vous avez quelques économies et l'envie d'être associé au développement économique local ?
A partir de 100 euros, vous pouvez investir, via la plateforme Epargne Occitanie, en actions ou obligations, dans différents projets de développement d'entreprises occitanes. Celles-ci ouvriront leur capital à partir de 200 000 euros.
Qui sont les entreprises concernées ?
Depuis le lancement de la plateforme, 252 dossiers ont été déposés par des entreprises régionales, en quête de financement pour asseoir ou développer leur activité. Comme pré-requis, elles doivent avoir leur siège social en région Occitanie ou un projet de relocalisation et des besoins de financement de 50 000 à 8 millions d'euros sur 7 ans maximum.
A l'issue d'une première sélection, 20 projets ont été retenus. Dans des secteurs allant de l'environnement à la mobilité, en passant par les énergies renouvelables, la santé et l'alimentation.
Parmi ces entreprises, Payote, basée à Perpignan et qui recherche des fonds pour l'ouverture d'une boutique à Toulouse, l'Atelier partagé du feutre pyrénéen, ou encore la société BeeGuard, basée à Labège près de Toulouse et spécialisée dans les ruches connectées.
L'exemple de BeeGuard
BeeGuard, créée en 2016, a mis au point plusieurs outils permettant le suivi à distance des ruches. Les apiculteurs, les scientifiques peuvent ainsi surveiller l'activité des abeilles, mesurer la biodiversité et identifier au plus vite d'éventuels problèmes, comme des carences alimentaires.
4 000 ruches ont ainsi été connectées en France et dans une dizaine de pays. La demande est telle que la jeune entreprise a besoin de changer d'échelle. Et pour cela, il faut des fonds. "C'est complètement un besoin", explique Christian Lubat, président de BeeGuard.
"On est dans une phase d'accélération, on a une augmentation des demandes de nos clients, on a des projets de recherche et dévelopemment qui sont très ambitieux, qui vont nous ouvrir de nouvelles perspectives mais pour accélerer, il faut du carburant et donc, on s'est lancé dans une phase de levée de fonds, on recherche des financements pour compléter l'équipe et créer de nouveaux emplois et pouvoir investir dans nos axes de recherche et de production".
Retenue par le comité de sélection de la plateforme Epargne Occitanie, BeeGuard espère lever 250 000 euros.
Pendant trois mois, on est présent sur la plateforme et on est en collecte. A l'issue des trois mois, si on obtient les 250 000 euros attendus, les investisseurs seront constitués dans une société créée par Wiseed, une holding qui investira ensuite au capital de BeeGuard.
Donner du sens à l'épargne
En une semaine, le site a enregistré 1 700 inscriptions d'épargnants pour les différents projets en cours de financement. "Aujourd'hui, l'investissement doit non seulement avoir du sens", explique Mathilde Iclanzan, directrice générale adjointe de Wiseed, société de financement participatif toulousaine, pionnière en France du crownfunding, "mais il doit porter sur des actifs et sur des entreprises que l'on connaît, que l'on comprend, sur des marchés qu'on comprend".
Il y a eu ce besoin de répondre à cette transparence qui est attendue maintenant de la part des citoyens.
Jean-Louis Saulnier est un ancien chef d'entreprise qui investit dans deux projets, via Epargne Occitanie. "En tant que citoyen d'Occitanie, je pense qu'il est un peu de notre devoir d'investir et de participer au développement du tissu économique de notre région", explique-t-il.
C'est tout l'intérêt des plateformes de crownfunding comme Wiseed, il y a un reporting régulier qui permet de savoir où en est l'entreprise, on a un business plan sur plus de cinq ans qui permet d'avoir une visibilité. C'est de cette manière que je vais suivre l'évolution de ces entreprises.
Et le retraité d'ajouter : "Il me paraît important de s'engager, de ne pas rester que spectateur, pour aider des entreprises à créer des emplois dans le futur. Il me paraissait normal d'allouer une partie de mes économies dans le développement d'entreprises qui sont jeunes, qui démarrent, qui ont besoin d'aide et qui, sur le bassin toulousain, sont aptes à créer de l'emploi puisqu'elles ont des plans de développement assez forts".
Epargne Occitanie s'est fixée comme objectif de lever 20 millions d'euros dans les prochains mois. La plateforme a la vocation de devenir pérenne, assure Mathide Iclanzan : "une équipe est dédiée à ce dispositif pour plusieurs années".