Une grande coopérative agricole du sud de la France, située à Beaucaire, a procédé mardi 28 mars à la réouverture officielle d'une voie ferrée qui doit permettre de transporter en un seul convoi, un chargement de céréales équivalent à 50 camions, une décision motivée par l'urgence climatique.
Située à Beaucaire dans le Gard, le point de collecte de la coopérative Arterris accueille depuis 1980 des céréales, comme orge, colza, blé, et tournesol, produites par ses quelques 15 000 agriculteurs coopérateurs, ce qui en fait son plus important centre de stockage dans cette région.
Ses trois silos, d'une capacité totale de 75 000 tonnes, fournissent notamment chaque année 25 000 tonnes de blé dur à l'usine de pâtes alimentaires de Panzani, située à Marseille, à une centaine de kilomètres.
Or, depuis huit ans, les voies ferrées desservant cette zone industrielle n'étaient plus opérationnelles, le transport par camions ayant été jugé plus économique et flexible que le train sur les courtes distances.
"Aujourd'hui, le train est à nouveau privilégié pour des raisons écologiques et parce qu'il apporte un confort de travail supplémentaire : il faut un jour et demi pour charger un train, il faudrait deux à trois fois plus de temps pour expédier la même quantité de marchandise en camion", a expliqué le responsable du site de Beaucaire d'Arterris, Stephan Vigne, cité dans un communiqué.
Alors que le train peut accueillir jusqu'à 1 500 tonnes de blé dur, il faudrait 50 camions pour transporter le même volume.
Une vingtaine de convois prévus en un an
Pour relancer les voies ferrées, il a fallu deux ans de travaux et un investissement de 360 000 euros, réparti entre la Compagnie Nationale du Rhône (CNR), la communauté de communes Beaucaire Terre d'Argence (CCBTA), le plan France Relance et la région Occitanie.
La locomotive, propriété d'Arterris, qui n'avait plus tournée depuis près d'une décennie, a également été remise en état et a effectué un chargement en présence de responsables d'Arterris, de Panzani et des autorités locales.
Il s'agissait en fait du troisième chargement depuis la fin janvier et la relance effective de la ligne, sur laquelle une vingtaine de convois devraient transiter au cours des 12 prochains mois.
Arterris indique aussi charger des trains au départ de Castelnaudary (52 par an) et des sites haut-garonnais de Baziège, Cintegabelle et Lespinasse.
Selon Stephan Vigne, les camions restent toutefois essentiels pour le transport inter-silos et globalement la vie d'une coopérative. "S'il reste un reliquat de céréales, il sera transporté en camion, on ne va pas déplacer un train pour cela. Nous remettons en fonctionnement des moyens existants, mais les camions gardent un rôle essentiel durant les collectes. La flexibilité du camion ne sera jamais égalé ", précise le responsable du site de stockage de la coopérative Arterris à Beaucaire.
Arterris, dont le siège est à Castelnaudary dans l’Aude, emploie 2 300 salariés et a réalisé 1,2 milliard d’euros de chiffre d’affaires sur l’exercice 2021-2022.
Ecrit avec l'AFP.