Aux confins du Gard et de l'Ardèche, la grotte de Barjac est un monument naturel unique en France. Pour protéger sa beauté exceptionnelle, ce site découvert en 2012 restera fermé au public. Ses inventeurs souhaitent toutefois partager ses splendeurs autrement avec le grand public : par l'image.
Neuf ans après la découverte de la grotte de Barjac, les souvenirs de Nicolas Richardeau sont encore prégnants. "On se pince, on a du mal à y croire", murmure le spéléologue."Je n’irai jamais sur la Lune ni dans l’ISS comme Thomas Pesquet, mais j’ai eu le plaisir d’être le premier à poser un pied dans un monde merveilleux qui existe depuis 8 millions d’années", renchérit son collègue Guido Goossens.
Tout commence en 2012. Bernard Magos, un autre spéléologue, découvre plusieurs cavités prometteuses dans les bois communaux de Barjac, petite commune de 1.600 habitants située au nord-est d'Alès.
Nicolas Richardeau, Guido Goossens et Patrick Soetens tentent de dégager ces minuscules ouvertures. Après deux déceptions, le troisième orifice, de huit centimètres sur huit, se prolonge sous terre.
"C'est comme entrer dans un rêve"
Les trois spéléologues découvrent alors une grotte recouverte de concrétions du sol au plafond. Il s'agit d'amas de particules solides, formés au fil des siècles."La plupart des grottes ont des galeries vides, de la roche à nu", explique Guido Goossens. "Là, on a parcouru trois kilomètres de galeries avec des concrétions de bout en bout !".
En plus d'être nombreuses et exceptionnellement préservées, ces concrétions prennent des formes rares et variées.
"Triangles creux", "nénuphars", "buissons de calcite", "disques", "excentriques"... Les trois spéléologues listent avec émerveillement le trésor naturel qui apparaît sous leurs yeux. "Il y a de l'eau limpide, des concrétions très colorées. Oranges, roses, rouges, noires, et bien sûr, du blanc immaculé", égrène Guido Goossens. "Certaines sont si fines qu'elles bougent quand on souffle dessus !".
Voir notre reportage sur la grotte de Barjac.
Un site fragile, préservé du tourisme
Ce sont justement l'extrême fragilité et la pureté de ce site qui l'empêchent de devenir touristique. Le simple fait de marcher sur le sol abîme les concrétions. "Même avec toutes les protections imaginables, des visites grand public détruiraient le travail que la nature a effectué pendant des millions d'années", alerte Guido Goossens.
Cette grotte a 8 millions d’années… Elle a existé avant la France, avant-même l’apparition des hommes sur Terre, et elle pourrait être détruite en quelques semaines ! C’est ça que l’on veut éviter.
Aucune loi particulière ne prévoit la protection de ce type de grotte, notamment hors des parcs nationaux. "Pour l'heure, c'est une poignée de bénévoles qui s'en occupe à ses frais, mais nous espérons pouvoir discuter avec les autorités d'une protection plus durable", avance Guido Goossens.
Seuls quelques animaux et l'équipe de spéléologues ont foulé la grotte de Barjac. "Elle est comme une grotte-témoin : c'est la seule de France à être totalement protégée, restée dans son état vierge de découverte. Evidemment, nous voulons la garder comme ça, mais ça ne veut pas dire qu’on ne veut pas la partager", reprend le spéléologue.
Sur le site de la grotte de Barjac, de nombreuses photos sont déjà disponibles. Des films, des expositions et des scans 3D sont et seront réalisés pour que chacun puisse profiter du monde qui se cache sous ses pieds.