Gard : quelle politique culturelle après la crise du Coronavirus ?

Dans une tribune publiée la semaine dernière, près de 900 acteurs culturels d'Occitanie appellent à la refondation d’une politique publique de la Culture. Dans le Gard certains l’ont signé... d’autres pas... mais tous espèrent une société plus solidaire !
 

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Dans cet appel, les signataires dénoncent  "la promotion progressive et agressive d’une logique de rentabilité, rongeant l’ensemble des politiques publiques depuis une dizaine d’années."

La crise sanitaire révèle les limites du modèle marchand


Denis Lafaurie, directeur du Cratère théâtre d’Alès, signataire du texte joint par téléphone, fait un triste constat :  "ces dernières années, les activités artistiques ont dû faire face à des coupes claires et les contrats signés avec des compagnies sont systématiquement soumis à une obligation de rentabilité économique au lieu d’être au service du public." 
 


Le diagnostic n’est pas nouveau, mais la crise sanitaire et la période de confinement qui l’a accompagnée a été l’occasion pour les acteurs culturels d’une profonde réflexion sur ce que pourrait être le paysage culturel de "l’après Covid".

              Va-t-on encore une fois, dans cette période de crise, procéder à une austérité sélective, se soumettre à l’impératif de la croissance à retrouver, et sacrifier à l’urgence du moment des pans entiers des politiques publiques ? 


En opposition au constat productiviste "Le temps c’est de l’argent !", les signataire de   la tribune pour la refondation d’une politique publique de la culture répondent "l’argent c’est du temps" ;  Du temps qui permet aux artistes de créer comme aux soignants de soigner ou aux enseignants d’éduquer : "L'après-Covid doit permettre de décélérer,  de replacer l’Homme au centre de la société, et pas la rentabilité..." insiste Denis Lafaurie".

Représentations annulées ou reportées


Dans son théâtre labellisé "Scène Nationale", le directeur du "Cratère d'Alès" a dû  reporter près d’une centaine de représentations en raison du confinement et de la fermeture des salles de spectacle :

Nos spectacles sont reportés à la saison prochaine et pas annulés 

 

Un texte trop corporatiste

François Noël, Directeur du  "Théâtre de Nîmes-Bernadette Lafont"  ,  a dû lui aussi baisser le rideau sur une saison théâtrale 2020 écourtée pour cause de Coronavirus.

Mais à la différence de son alter ego cévenol, le directeur du théâtre de Nîmes n’a pas signé le texte pour une refonte de la politique publique de la culture :

J’ai participé à la réunion préparatoire du texte, mais au final je ne m’y suis pas reconnu. Je l’ai trouvé trop revendicatif, trop corporatiste, à un moment où l’on a un grand besoin de solidarité avec la Nation.

 
 

Le Théâtre Bernadette Lafont a pu payer tous les spectacles programmés jusqu’au 15 mai, date officielle de la fin de la saison 2019-2020, et son directeur a imaginé "une rentrée théâtrale qui pourra se faire à des dates différentes pour faire face à l’évolution de la pandémie."

Les artistes se nourrissent aussi de cette période pour questionner le monde et créer 


Face à un virus qui remet en cause la notion même de spectacle en public et aux annulations en cascade, "les artistes sont résignés décrit François Noël, mais ils se nourrissent aussi de cette période  pour se questionner, questionner le monde et créer. C’est le seul côté positif de cette crise."

 
Questionner et créer, seul côté positif  ? Peut-être pas !


La solidarité aussi a surgi là où ne l’attend pas forcément. "Lorsqu’on a demandé à notre public qui avait payé ses places pour des spectacles finalement annulés s’il voulait être remboursé ou préférait que l’argent soit utilisé pour indemniser les artistes, de nombreux spectateurs ont fait ce second choix" affirme François Noël.

La preuve, peut être, que certaines choses sont en train de changer au sein de notre société.
 
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