La ligne ferroviaire Alès-Bessèges abandonnée depuis 2012 est en bonne voie pour une réouverture voulue par la Région Occitanie. Mais un collectif de riverains exprime son mécontentement et s’interroge sur la viabilité de ce projet de TER qui pourrait circuler avant 2026.
Les 32 kilomètres de rails reliant Alès à Bessèges dans le Gard sont intimement liés à l'histoire de l'extraction du charbon dans les Cévennes.
C’est en 1857 que la ligne est mise en service, transportant beaucoup d’ouvriers des mines de Salindres. Pour des motifs de sécurité, la liaison ferroviaire a été suspendue pour la circulation de voyageurs en juillet 2012. Il ne subsiste qu’un train de fret qui passe une à deux fois par mois pour desservir le pôle chimique de Salindres.
En 2016, dans le cadre des Etats Généraux du rail, la Région Occitanie avait affiché sa volonté de développer fortement le ferroviaire. Le projet est lancé pour pérenniser des lignes fragilisées par des infrastructures vieillissantes et dégradées.
Du 8 mars au 4 avril 2021, le tronçon Alès-Bessèges a fait l’objet d’une concertation publique en vue de sa réouverture. La mise en circulation de ce tronçon cévenol pourrait intervenir au plus tard en 2026.
Concertation publique
C’est lors de cette concertation publique que certains riverains ont eu connaissance du projet. “ On est un peu tombé de haut “ indique Emmanuelle Lallement, récente propriétaire d’une maison en bord de la voie ferrée, "c’est un projet auquel personne ne croyait vraiment. Quand on a acheté notre maison, tout le monde nous disait que la ligne ne rouvrirait jamais".
C’est dans le cadre de ces réunions de concertation qu’ils se sont retrouvés plusieurs à être mécontents. Ils ont créé le “Collectif contre la réouverture de la ligne Alès-Bessèges” qui tente de se faire entendre et ils viennent de lancer une pétition grand public sur les réseaux sociaux en opposition à ce projet.
Pour le collectif, “le projet est estimé entre 66 et 68 millions d’euros. Ce coût vient nous interroger directement en tant que contribuable puisque les territoires concernés connaissent un infléchissement socio-démographique. Rappelons que lorsque la ligne a été suspendue en 2012, les trains de cette ligne étaient peu fréquentés, pour ne pas dire vides”. La famille Lallement précise qu'avant “ il y avait trois aller-retours par jours et là, ils veulent en établir sept au quotidien”.
On ne comprend pas la légitimité de cette réouverture au niveau de la réponse au besoin de la population.
Pour la Région, la faible fréquentation en 2012 est due au fait que la SNCF avait délaissé cette ligne et avait fait fuir les utilisateurs. “ Le niveau de qualité de la ligne était très faible et les propositions misent à la disposition des usagers n’étaient pas à la hauteur, pas fiables” précise Jean-Luc Gibelin, vice-président de la Région Occitanie en charge des transports.
Les opposants s'inquiètent pour les riverains qui sont directement impactés par cette réouverture puisqu’ils habitent en bord de voie ferrée. Nombre d'entre eux ont acheté ou fait construire aux abords de cette ligne ferroviaire suite à sa suspension en 2012. Ils craignent des nuisances sonores et s'interrogent sur une dévaluation de leurs biens immobiliers.
Pour Victor Lallement, l'investissement pour la réouverture de cette ligne est une gabegie d’argent public. "Alès Agglomération va mettre en circulation très prochainement des cars roulant à l'hydrogène. Il aurait été préférable d’un point de vue tant écologique qu’économique que ces cars desservent nos territoires ruraux", précise-t-il.
C’est un service public...
“C'est un choix de développer le réseau ferroviaire sur l'ensemble du territoire et ne pas le réserver à quelques lieux hyper concentrés en population. Nous croyons à l'égalité des territoires qui passe par la répartition de l'offre. Le transport en commun, le transport ferroviaire est un mode de mobilité auquel toute la population à le droit quel que soit son lieu d'habitation sur le territoire” souligne-t-il.
Développer la ligne TER Alès-Bessèges est un choix politique. C'est un service public.
“On n'est pas dupe sur le fait que c'est certainement joué. Ils ont commencé à mettre des moyens, élagage débroussaillage, concertation publique. Mais on voulait quand même être une voix qui se fasse entendre” précise Victor Lallement, un peu résigné.
Le résultat et la transcription de la concertation seront disponibles d’ici trois semaines. Suivront, les phases d’études de réalisation pour avancer un avant-projet avant de lancer les appels d’offre et d’entamer les travaux.