En septembre dernier, le ciel s'abat sur la haute vallée de l'Hérault. De terribles inondations ravagent les parcelles de producteurs d'oignon doux des Cévennes. Aujourd'hui, une partie de la filière peine à se relever. D'autant que les aides gouvernementales ne sont toujours pas arrivées.
Le 19 septembre 2020, la vallée de Taleyrac, les secteurs de Mandagout et de Valleraugue sont durement touchés par des pluies torrentielles. 710 mm d'eau s'abattent en six heures dans ce coin des Cévennes, dévastant des parcelles en terrasses, parfois vieilles de deux siècles. D'abord sous le choc, les producteurs d'oignons doux des Cévennes font leurs comptes. Et pour beaucoup, la situation est inquiétante.
"La profession est en colère car les aides gouvernementales ne sont pas à la hauteur des pertes". Myriam Boyer, productrice d'oignons doux à Taleyrac, est amère. Et elle n'est pas la seule.
La profession est en colère car les aides gouvernementales ne sont pas à la hauteur des pertes
La moitié des producteurs affiliés à la coopérative Origine Cévennes de Saint André de Majencoules ont été touchés par les inondations. Certains ont perdu plus du tiers de leurs terres arables et des parcelles ont été entièrement emportées par les flots. Mais pas le temps de se plaindre. En mars, il faut planter les semis et les repiquages se font en mai.
Repartir de l'avant malgré les difficultés
Certains repartent de l'avant, malgré les difficultés et l'ampleur de la tâche. Comme Lionel Poujol et Cécile Journet. Le couple a dû faire venir de la terre pour créer de nouvelles terrasses et se bat quotidiennement pour relancer la production d'oignons doux. Mais l'avenir paraît bien sombre. Surtout que les aides annoncées se font attendre. "Nous avons donné tous les devis réclamés et on nous promet une réponse en septembre, témoigne Cécile Journet. On devrait toucher 45% non pas des devis mais des estimations des experts. Cela devrait à peine payer le carburant de notre tracteur et de la pelle mécanique". Le couple a fait ses comptes. Il faudra au moins 200 000 euros rien que pour refaire les murs en pierre qui soutiennent les parcelles.
Situation tendue avec les assurances
Côté assurances, la situation est aussi tendue. Alors, forcément, certains broient du noir. "Franchement, il y a des jours où on se demande si on ne va pas tout lâcher et partir ailleurs," reconnaît Cécile Journet. D'autres, à mots couverts, font aussi part de leur lassitude. "C'est terrible, terrible, témoigne ce Vallerauguien. Chaque matin, je me lève et quand je vois les parcelles encore dévastées, j'ai du mal à croire que ça va repartir".
A la coopérative Origine Cévennes, le directeur Thomas Vidal ne cache pas lui aussi son désarroi. "Aujourd'hui les producteurs travaillent sur leurs parcelles mais ils sont inquiets. L'argent n'a pas été versé. Et on ne sait rien. Qui va toucher combien ? Quand ? ".
Qui va toucher combien ? Quand ?
Autre souci, est-ce que les terres nouvellement semées vont produire ? "Un premier bilan sera fait au mois de mai, au moment du repiquage, témoigne Thomas Vidal. Mais quid du rendement des nouvelles terres ou des terres qui ont été lessivées ?". Il faudra attendre la collecte en août pour faire les comptes. Pendant ce temps, la colère monte et Thomas Vidal le prédit : "Ca va tousser".