Un thermomètre qui dépasse les 30 degrés, du vent et une sècheresse prolongée, les pires conditions pour déclencher un incendie sont déjà réunies. Plus de 600 départs de feux ont été comptabilisés autour de la Méditerranée. Dans le Gard, les sapeurs-pompiers ont déployé avec 3 semaines d'avance les moyens supplémentaires qu'ils réservent d'habitude à la période estivale.
Pour la seule journée du lundi 13 juin, les sapeurs-pompiers du Gard sont intervenus dans un camping situé à l'Espiguette, au Grau-du-Roi pour éteindre un incendie. 500 vacanciers ont été évacués dans l'urgence.
Quelques heures plus tard, le SDIS 30 a aussi dû intervenir sur plusieurs départs de feux, près d'Uzès et à Lédenon. 200 hectares sont partis en fumée. 600 pompiers ont été mobilisés. Les sapeurs-pompiers du Gard ont reçu des renforts de l'Hérault et des Bouches-du-Rhône.
Un dispositif estival avancé
" Nous sommes pleinement mobilisés sur une période plus précoce que d'habitude", explique le lieutenant-colonel Eric Agrinier du SDIS du Gard. " Nous ne sommes pas inquiets, puisque la gestion des risques est notre métier, mais nous avons déjà mis en place les moyens supplémentaires que nous déployons habituellement en juillet."
Depuis une semaine notre avion de reconnaissance survole le département tous les jours et des équipes mobiles sont positionnées sur le terrain.
Lieutenant-colonel Eric Agrinier SDIS 30
Sans attendre le mois de juillet, l'avion de reconnaissance du SDIS du Gard survole le département tous les jours pour détecter le plus rapidement possible les départs de feux éventuels. Il est relié au centre opérationnel du Service départemental d'incendie et de secours pour permettre une prise de décision et une intervention rapide.
Dans la même idée, un autre dispositif estival a déjà été relancé : des camions sont déployés sur le terrain pour un maillage encore plus précis du territoire. Et des interventions encore plus rapides en cas de début d'incendie.
La "règle des trente"
Dans le département du Gard, les températures franchissent la barre des 30 degrés régulièrement depuis deux semaines. Plusieurs épisodes de vent ont accéléré le dessèchement des végétaux, alors même que l'absence de pluie a entraîné une sècheresse dans tout le département.
C'est ce que les pompiers appellent la " règle des 30" : un vent supérieur à 30 km/h, un taux d’humidité inférieur à 30% et une température supérieure à 30°C. Des conditions météo déjà en place, alors que la saison estivale, la pire pour le risque incendie, n'est même pas encore officiellement commencée.
Hier mardi 14 juin, sur l’antenne de France Info, Éric Brocardi, le porte-parole de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France a alerté sur « l’été de tous les dangers ».
Nous sommes sur une véritable poudrière. C’est la règle des 30 : un vent supérieur à 30 km/h de vent, un taux d’humidité inférieur à 30% et une température supérieure à 30 °C.
Eric Brocardi porte-parole de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de FranceFrance Info
La question des moyens humains
Du côté des syndicats de sapeurs-pompiers, on se demande déjà comment les centres de secours vont pouvoir tenir tout l'été si la météo continue sur ce rythme-là.
Dans l'Hérault, Eric Bonijoly, secrétaire du syndicat Sud SDIS 34, déplore que, malgré les efforts d'embauches de sapeurs-pompiers, il manque toujours des professionnels dans les casernes.
Il va être difficile de continuer comme ça, sans embaucher davantage de pompiers professionnels.
Eric Bonijoly, secrétaire syndicat Sud SDIS 34
" Le système français s'appuie sur des pompiers professionnels et des pompiers volontaires. Il devrait y avoir dans les centres de secours les plus importants un tiers de volontaires et deux tiers de professionnels mais là, nous sommes plutôt dans des proportions à 50-50", explique Eric Bonijoly. " Et puis trouver des volontaires, c'est de plus en plus compliqué. Il va être difficile de continuer comme ça, sans embaucher davantage de professionnels."
L'entraide interdépartementale
Dans le Gard, le lieutenant-colonel Agrinier reconnaît que si cette situation extrême perdure jusqu'en septembre, la fatigue se fera sentir parmi les hommes du feu. Mais il compte sur l'entraide interdépartementale pour soutenir les efforts à fournir.
"C'est un mécanisme parfaitement rôdé. Très vite, quand un gros incendie se déclare, les départements voisins nous envoient des moyens humains et matériels. Et nous faisons la même chose quand c'est eux qui ont besoin de nous", précise le lieutenant-colonel Agrinier.
Les sapeurs-pompiers lancent un appel à la population : débroussailler, ne pas jeter de mégots de cigarettes, ne pas faire un barbecue à proximité d'une forêt. Des gestes simples et un peu de vigilance qui suffisent à éviter bien des incendies. Une négligence humaine est la cause d'un feu sur deux.