Comment reconstruire la forêt après un incendie : "le mieux, c'est de ne rien faire" selon un écologue de Montpellier

Un énorme incendie a détruit près de 300 hectares de garrigue et de foret, l'été dernier, dans le secteur d'Aubais dans le Gard. Comment traiter ces zones naturelles boisées complétement dévastées? Aujourd'hui, replanter n'est plus systématique. C'est même déconseillé d'un point de vue écologique.

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Les habitants d'Aubais se souviendront longtemps de ce dimanche 31 juillet 2023. Par un après-midi caniculaire, à l'heure de la sieste, deux départ de feu se produisent dans la pinède simultanément. 

Vu l'ampleur du sinistre, c'est la panique : bon nombre d'habitants sont évacués en urgence, les Canadair passent à l'attaque au ras de collines.  Plus 500 pompiers sont mobilisés, certains seront blessés.

Au total, les flammes ont ravagé 370 hectares de garrigue sur les communes d'Aubais, Gallargues et Aigues vives, laissant pendant des mois une odeur âcre dans l'atmosphère et un paysage noir de désolation. 

Pourtant, pour les écologues comme Olivier Thaler, ces incendies ne sont pas synonyme de catastrophe irréversible: 

"Les forêts méditerranéennes, ce sont des écosystèmes qui sont adaptés et capables de se régénérer après le feu, toutes seules", explique ce maître de conférence en écologie à la fac des sciences de Montpellier.

Le bois brûlé, une denrée qui rapporte

Huit mois après l’incendie à Aubais, il reste un paysage lunaire. La forêt brulée a disparu : elle a été coupée, réduite en copeaux qui serviront de combustible pour chauffer des hôpitaux de la région, selon le maire d'Aubais.

Ce dernier explique avoir pris cette décision sur les conseils de l’ONF et de la fédération nationale des communes forestières, pour éviter d'abord que les arbres morts ne tombent sur la tête des promeneurs et surtout pour valoriser cet énorme stock de bois.

Les 74 hectares boisés appartenant à la commune de Aubais, et d'autres terres appartenant à des propriétaires privés qui ont souhaité se greffer sur ces opérations, vont donc être littéralement rasés par des entreprises spécialisées qui traitent tout sur place.

Ce bois mort rapporte 1000 €/ hectare à la commune qui va donc empocher 74 000 € net au final.

Et après ? Il ne se passera plus rien sur cette vaste zone naturelle: 

Il n'y a pas de replantation prévue pour le moment, on va laisser pousser pendant 2 à 3 ans, car on sait très bien que replanter de suite une zone incendiée, c’est voué à l'échec à 90 % 

Angel Pobo, maire d'Aubais

En ce qui concerne le risque d’érosion accentué par ces coupes à blanc, le risque de lessivage ne serait pas très important car il y a surtout de la roche et peu de terre arable, souligne l'élu.

"C’est une zone naturelle, et elle le restera. En plus, à cause du feu, on ne peut rien y faire pendant dix ans, même pas un élevage de moutons". précise Angel Pobo.

Le plus efficace : laisser faire la nature

Dans les années 80, un important incendie avait ravagé les environs de Saint-Clément-de-Rivière, dans l’Hérault. Une partie avait été labourée et replantée, mais le résultat fut des plus médiocres :

"Tandis qu’à côté, là où l'on n'avait rien fait, pendant 2 à 3 ans, il y avait que de l’herbe et des petites plantes, mais aujourd’hui, on a une forêt de pins qui doit faire 10 ou 15 metres de haut" explique Olivier Thaler, qui est aussi un élu, adjoint à l'environnement dans cette commune du nord montpellierain.

Au final, la zone non traitée a repoussé deux fois plus vite. 

Là où on a laissé faire la nature, on aura une forêt mature dans 150 ans ! Le temps de vie des forêts est plus long que le temps de vie des humains.

Olivier Thaler, écologue et adjoint à l'environnement à Saint-Clément-de-Rivière

"Maintenant, avec les incendies à répétition, on a le recul nécessaire pour savoir que le mieux est de ne rien faire d'un point de vue strictement écologique. Des des armées d'insectes en tous genres vont se charger de faire le ménage et tout cela va enrichir les sol. Mais le paysage porte des cicatrices que les riverains ont a du mal à supporter. Voir des arbres calcinés au quotidien pendant des années rappelle l’événement traumatisant que constitue un incendie", conclu l'universitaire héraultais.

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