Pour leurs clients qui limitent leurs sorties, pour leurs fournisseurs locaux, privés d'une partie de leurs débouchés habituels, pour s'adapter aux contraintes du confinement, les 80 étaliers des halles de Nimes ont mis en place un service de livraison commun.
Depuis lundi 16 mars, les étaliers des halles de Nîmes proposent un nouveau service : la livraison à domicile.
« Nos clients les plus âgés n’osent plus venir, les règles de sécurité, que l’on a mises en place très vite, ralentissent le fonctionnement du marché, avec une seule entrée, une seule sortie, et un nombre de personnes limité à l’intérieur» explique Valérie Bénier.
La dynamique commerçante est l’une des quatre élus, représentant les professionnels des halles. Son étal d’horloger a été fermé administrativement, tout comme celui de Gaëlle Pesenti, la fleuriste.On s’est dit qu’on pouvait faire comme les supermarchés et mettre en place des livraisons.
Alors les deux femmes ont pris en main l’organisation du nouveau service, adapté au confinement et à la lutte contre l'épidémie de coronavirus.
« C’était du « patinage artistique » au début, mais maintenant ça commence à bien rouler », s’amuse-t-elle.
C’est elle qui règle les problèmes et coordonne les livraisons, dans un rayon de 15 kilomètres autour de Nîmes. Elle a aussi contacté les comités de quartier pour ceux qui n’ont l’habitude d’internet, pendant que Gaëlle se charge des réseaux sociaux.
Simple comme un coup de fil
Tous les jours, les commerçants jouent le jeu et actualisent leur offre sur les réseaux sociaux : qui est ouvert? quels sont les produits à la vente?
Les étaliers font des photos, les traiteurs proposent une liste de plats vendus à la portion.
« Les clients appellent leurs commerçants habituels pour passer commande, chacun de nous leur demande s’ils ont d’autres commandes dans les halles et on regroupe les paquets. »
Chaque commerçant effectue les livraisons qui sont dans la direction de son domicile ou d’un autre de ses commerces, pour faire le moins de trajets possibles, l’après-midi, après avoir travaillé sur son étal le matin.On mutualise et on optimise les déplacements.
L’un des cafetiers des halles, fermé administrativement, s’est proposé pour réaliser une partie des livraisons.
Dans les halles, ouvertes tous les matins de 7h à 13h, l’activité a un peu baissé depuis la mise en place du confinement.
Mais les producteurs locaux qui les fournissent ont toujours des denrées périssables à vendre. Et leurs débouchés se restreignent avec la fermeture d'une partie des marchés alimentaires de plein air.
« Si on ne les prend pas, explique Valérie Bénier, au nom des étaliers des halles, ils vont tout jeter et ça, c’est une idée impossible à supporter ».
Prochain objectif des commerçants: obtenir l’autorisation d’organiser un "drive" aux portes des halles de Nîmes.Dans une situation aussi particulière, il faut aider les gens d’à côté, nos fournisseurs, comme nos clients.
Livraison et "drive" aux halles de Carcassonne
Ce "drive", les commerçants de Carcassonne l'ont mis en place.
Quand Thierry Franc, l'un des bouchers des halles, reçoit une commande, il demande à son client ce qu'il souhaite d'autre et c'est lui qui fait le tour des étals de ses collègues.
Le commerçant qui reçoit le coup de téléléphone prend la commande pour l'ensemble du marché.
Une façon pour les petits commerçants qui voient les clients se raréfier dans les allées des halles, de continuer à faire touner la boutique.
Et de garder le lien avec leurs clients.
La mairie de Carcassonne a annoncé qu'elle reportait les loyers des étals, pour soutenir les commerçants.
Elle propose aussi un service de livraison des produits des halles pour les personnes les plus fragiles.
Reportage : Alexandre Grellier et Frédéric Guibal.