Dans l’affaire de la tuerie aux Plantiers, terrible drame survenu en mai 2021 dans les Cévennes gardoises, Valentin Marcone, qui avait tué son chef et un collègue, sera renvoyé devant la cour d'assises, selon la décision du juge d’instruction.
L’affaire du double meurtre des Cévennes passera donc devant la cour d'assises de Nîmes, dans le Gard. La date du procès reste pour moment inconnue mais les avocats de la partie civile comme de la défense, espèrent qu'il pourra se tenir au début de l'année prochaine.
En mai 2021, Valentin Marcone avait abattu de plusieurs balles son patron Luc Teissonnière, 55 ans, qui dirigeait une scierie aux Plantiers dans les Cévennes, et Martial Guérin, un de ses collègue âgé de 32 ans. Il épargnera Vincent, un jeune employé de 19 ans, qui s'échappe et prévient les secours.
Le tueur, âgé d'une trentaine d'années s'enfuit alors dans la forêt pour se cacher. La traque va durer quatre jours, les gendarmes déploient d'importants moyens dans cette zone boisée située au flanc du Mont Aigoual. Le village est bouclé, ses 250 habitants sont sous le choc .
Finalement, le fugitif se rend le 14 mai, épuisé et affamé, après s'être terré dans une de ses caches à 600 mètres de chez lui.
Procès pour "assassinats"
Le juge d'instruction en charge de cette affaire a ordonné le renvoi devant les assises de Valentin Marcone, pour "assassinats". L'expert psychiatre ayant estimé que le discernement de cet ancien employé de la scierie était altéré mais pas aboli, il peut donc être jugé.
Valentin Marcone a reconnu les faits mais son mobile reste flou et évoque une altercation verbale à propos du paiement d'heures supplémentaires. Décrit comme solitaire et paranoïaque, il était en conflit avec plusieurs personnes du village.
Pour Maître Nougier, qui représente toutes les parties civiles ( compagnes, enfants des victimes ainsi que le témoin survivant), les familles attendent avec impatience cette audience en cours d’assises, car elles espèrent obtenir des réponses à leurs questions :
Pour le moment, les explications lunaires de Monsieur Marcone ne sont pas convaincantes : la paranoïa, ça ne tient pas la route ! On a le sentiment d'avoir eu deux morts pour rien, c'est un acte gratuit. On veut des réponses crédibles pour pouvoir passer à autre chose, que les victimes puissent entamer leur vrai deuil.
Rémy Nougier, avocat de la partie civile
De son côté, Hélène Mordacq, l'avocate qui va défendre Valentin Marcone, estime aussi que la tenue de ce procès constitue une bonne nouvelle :
"Il est temps de s’expliquer, de comprendre ce passage à l’acte. Le contexte est plus compliqué que la peur du licenciement. C’était une situation sous-tension, pas avec son employeur, mais il avait un passif vis-à-vis de certaines personnes, des craintes. Et lorsque Valentin a entendu qu’il risquait d’être licencié, c’est la goutte qui a fait déborder le vase." explique l'avocate au barreau de Nîmes.
Valentin Marcone risque la réclusion à perpétuité, sauf si les jurés retiennent la notion d'altération de jugement. Dans ce cas, la peine pourrait alors être ramenée à 30 ans de prison.