Le document est signé mais il ne sera expédié par huissier à l'association des musulmans du Gard rhodanien que lundi prochain. Tout juste 15 jours après l'expulsion de l'imam Mahjoud Mahjoubi vers la Tunisie, la mairie a décidé de résilier le bail de location de la mosquée de Bagnols-sur-Cèze.
L'imam gardois Mahjoub Mahjoubi, accusé d'appels à la haine visant les femmes, les juifs et le drapeau français dans ses prêches, a été expulsé de France vers la Tunisie moins de 12 heures après les déclarations de Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur qui avait demandé le retrait de son titre de séjour. C'était le 23 février dernier.
Le maire résilie le bail de la mosquée
15 jours plus tard, le maire de Bagnols-sur-Cèze annonce qu'il résilie le bail de location qui lie la municipalité à l'association qui gère la mosquée et dont l'imam expulsé est le vice-président.
Plusieurs raisons ont motivé cette décision de résilier le bail des locaux qui abrite la mosquée. D'abord, les motifs de l'expulsion de l'imam précisés dans l'ordonnance du tribunal administratif de Paris, ils sont lourds. "Eloge de la charia" et propos "incitant au terrorisme en faisant une apologie du jihad. Ensuite, l'imam est toujours au bureau de l'assosiation qui gère la mosquée. Enfin, dans les clauses du bail, il y a des obligations qui ne sont plus respectées. C'est une suite juridique logique.
Jean-Yves Chapelet, maire de Bagnols-sur-CèzeInterview accordée à France 3 Occitanie.
Cette proposition de résiliation du bail sera présentée le 2 avril en conseil municipal pour être mise au vote.
Le bail portait sur une durée de 18 ans et un loyer de 1 000 euros. Il avait été approuvé et voté à l'unanimité du conseil municipal en 2021.
Drapeaux "sataniques"
Installé en France dans les années 1980, Mahjoub Mahjoubi, originaire de Tunisie, était dans le viseur du ministre de l'Intérieur.
Il lui est notamment reproché d’avoir diffusé une vidéo dans laquelle il qualifie le "drapeau tricolore" - sans préciser s'il s'agissait du drapeau français - de "drapeau satanique" qui n'aurait "aucune valeur auprès d'Allah" (Dieu en arabe). L'intéressé s'était défendu, disant qu'il avait commis un "lapsus".
Une expulsion validée en référé
Après que le tribunal administratif a rendu sa décision et validé l'expulsion de l'imam, retourné en Tunisie dans son pays d'origine, Mahjoub Mahjoubi a réagi au micro de France 3 Occitanie.
Je m'y attendais. Je ne baisserai pas les bras. On a fait de moi le bouc émissaire de la loi immigration.
Mahjoub Mahjoubi, imam de la mosquée de Bagnols-sur-Cèze expulsé en TunisieEntretien depuis la Tunisie pour France 3 Occitanie.
"On a séparé un père de famille de ses cinq enfants, dont le plus petit est atteint d'un cancer" a ajouté l'imam.
Concernant la situation familiale de l'imam, la juge des référés relève que "l'épouse de M. Mahjoubi est Tunisienne, sans emploi lucratif, qu'aucun de ses enfants mineurs n'a la nationalité française et que l'état de santé de l'un de ses enfants ne nécessite qu'une surveillance deux fois par an" et que la cellule familiale "pourrait se reconstituer en Tunisie", rapportent nos confrères de France Info.
Depuis la validation de l'expulsion, l'avocat de Mahjoub Mahjoubi, Me Samir Hamroun, a annoncé qu'il interjetait appel de ce référé.