Quelques flocons de neige mais surtout des températures jusqu’à moins 4° depuis 2 nuits. Les viticulteurs gardois vont constater ce jeudi les dégâts dans les vignes. Dans la vallée du Rhône, des brûlots ont été activés toute la nuit dans les vergers.
Ce jeudi matin la neige tombe dans les Hauts-Cantons de l’Hérault et sur les massifs cévenols mais ce brusque refroidissement menace les vignes et les vergers du Gard depuis hier. En effet, déjà dans la nuit du 24 au 25 mars, les températures sont descendues jusqu’à -3°C ou -4°C degrés du côté de Vers-Pont-du-Gard et Castillon-du-Gard. Idem la nuit dernière.
C’est aujourd’hui que les viticulteurs vont constater l’impact sur la vigne. En prévention, les producteurs de fruits de Bagnols-sur-Cèze, proches de la vallée du Rhône, ont tenté de réchauffer les vergers menacés par le gel.
Des parcelles de vignes « brûlées »
Ils redoutaient ce coup de gel toujours possible fin mars. D’autant plus que la vigne était plutôt en avance cette année. Depuis deux jours, les températures ont chuté pendant la nuit dans le Gard. Sans compter la pluie qui a démarré mercredi soir avant le coup de gel et en a accentué les conséquences. Aujourd’hui les viticulteurs constatent les dégâts car il faut un peu de temps avant que les feuilles et bourgeons impactés par le froid noircissent.
"Le gel a abîmé jusqu’à 80% des bourgeons dans mes vignes jeunes."
Pour Serge Crivellaro, viticulteur à Castillon-du-Gard, le bilan à la mi-journée est déjà lourd : "Tous les cépages sont concernés, ça dépend surtout de l’avancement de la vigne." Sur certaines parcelles plus avancées selon l’ensoleillement, les dégâts sont considérables.
"Je ne m’inquiète pas pour la vigne, elle redémarrera, c’est pas le problème. Le problème, c’est la quantité de raisins de la prochaine récolte."
Et l’inquiétude de Serge Crivellaro n’est pas prête de s’apaiser. Tout dépend de la météo. « On n’est à l’abri de rien. On est encore en mars. Reste tout avril, ça va être long ! »
Gel en pleine montée de sève
La montée en sève est déjà bien avancée avec la météo des dernières semaines. Résultat, les premiers bourgeons sont sortis. Et certains d’entre eux ont déjà «débourré», c'est-à-dire qu’ils laissent apparaître leur partie duveteuse et la fleur ou la feuille qui se forme à l’intérieur.
Les bourgeons peuvent résister jusqu’à quelques degrés en dessous de zéro (-2°C à -3°C). Mais au-delà, le gel de la sève, très riche en eau va détruire, «brûler» disent les vignerons, les cellules des tissus de la fleur ou même des feuilles. Ce qui peut entraîner la mort de plusieurs parties de la plante.
Les vergers menacés dans la vallée du Rhône
Dans le nord du Gard, du côté de Laudun-l’Ardoise, Tresques et Bagnols-sur-Cèze, il y a de la vigne mais aussi de nombreux arbres fruitiers, notamment des cerisiers et ces gelées peuvent être catastrophiques en pleine floraison. Ainsi dans la famille Gervasoni, gros producteurs de vin mais aussi de fruits, on est sur le pied de guerre depuis deux jours, l'un d'entre eux partage avec nous son inquiétude :
A la catastrophe du coronavirus s’ajoute pour nous celle du gel, on est débordés... La nuit dernière, il a fallu allumer les brûlots dans les vergers pour tenter de limiter la baisse de température.
Reste à savoir si cela a été efficace et si la récolte 2020 n’est pas compromise. Elle était déjà bien menacée suite au confinement et à la pénurie de main d’œuvre qui en résulte.
12 jours après l'épisode de gel, la chambre d'agriculture du Gard confirme l'étendue des dégâts
Des vignes et vergers gardois ont été touchés par un épisode de gel "d'ampleur exceptionnelle" fin mars sur une zone géographique étendue, certaines parcelles étant affectées à 80%..
Le gel a notamment touché la vallée du Rhône dans sa partie gardoise, le secteur d'Uzès, la vallée de la Cèze, le Vidourle, la Vaunage et la basse vallée du Gardon où jusqu'à 80% des bourgeons ont été gelés en viticulture comme en arboriculture.
Pour le Nord de la vallée du Rhône (extrême est du Gard), secteur le plus touché pour l'arboriculture, les premiers recensements montrent des parcelles touchées entre 20 et 80% pour les abricotiers, les cerisiers et les pêchers.