Comment venir en aide à un enfant qui subit des intimidations, des menaces, des pressions à l’école ? Bon nombre de parents reconnaissent être démunis face à cette situation. À Aigues-Mortes (Gard), une association organise des ateliers de sensibilisation adressés aux adultes qui veulent agir.
Quand on se rend compte que son enfant est victime de harcèlement scolaire, “on se sent vraiment seuls”. Seule, Nathalie Diaz, cette mère de famille installée dans le Gard, l’a été pendant des années. Sa fille Mélanie a été victime de harcèlement scolaire pendant une grande partie de sa scolarité, dès la fin du primaire jusqu’au début du lycée. Des années durant lesquelles Nathalie Diaz a tenté de venir en aide à son enfant en alertant la direction de l’établissement à plusieurs reprises. Mais en vain. “On nous recevait, on nous entendait, mais il n’y a rien de concret qui se faisait pour que ça s’arrête", affirme Nathalie Diaz. “Au bout d’un moment, on ne sait plus ce qu’on peut faire pour aider son enfant sans trop empiéter dans sa vie scolaire.”
Aujourd’hui devenue adulte, Mélanie, la fille de Nathalie Diaz, se souvient avoir tenté d’alerter les adultes de son école, elle aussi. “J’avais beau aller à la vie scolaire pour faire des rapports, pour signaler tout ce qui se passait, à chaque fois j’avais l’impression que c’était dans le vent”.
Sensibiliser les parents
Si Nathalie Diaz a pu identifier la souffrance de sa fille lorsqu’elle était victime de harcèlement scolaire, ce n’est pas le cas de tous les parents. L’association pour la prévention du harcèlement à l’école (Alphé), basée à Nîmes, entend sensibiliser les parents et leur apprendre à identifier les signes de détresse. “S’il y a une certitude en matière de harcèlement, c’est que les enfants ne parlent pas”, affirme Gabriella Cairo, présidente de l’association, qui rappelle que “plusieurs signes peuvent alerter”. Notes en chute libre, agressivité inexpliquée, enfants qui s’enferment, ou qui au contraire sont particulièrement joyeux… La liste est longue, selon elle.
La sensibilisation des parents est un pas essentiel dans la prévention du harcèlement
Gabriella Cairo, présidente de l’association pour la prévention du harcèlement à l’école (Alphé)
Et pour sensibiliser les parents, Alphé organise des ateliers en présence de parents d’élèves. Une initiative qui attire des dizaines d’adultes à chaque rencontre. “Ma fille a 11 ans, elle est en classe de sixième. Je ne m’inquiète pas pour elle, mais je viens aussi pour les autres enfants”, explique Romain Defert à l’issue d’un atelier de prévention organisé par Alphé au collège départemental Irène Joliot-Curie à Aigues-Mortes près de Nîmes (Gard).
Les établissements scolaires s’engagent
Depuis 2019, cet établissement scolaire a mis en place un dispositif de lutte contre le harcèlement scolaire, en partenariat avec le rectorat de Montpellier. Cette initiative “permet de prévenir et de sensibiliser les jeunes et les adultes aux phénomènes de bouc-émissaire, aux discriminations, à la détection de toute forme de harcèlement ainsi qu’au traitement individuel et collectif des conséquences”, indique la direction du collège. Elle précise que chaque année, une dizaine d’élèves sont formés par des référents académiques et doivent identifier les comportements répréhensibles que peuvent avoir leurs camarades.
Selon les chiffres du ministère de l’Education, environ un 1 collégien sur 10 serait victime de harcèlement au cours de sa scolarité. Lors de la journée nationale de lutte contre le harcèlement à l’école le 17 novembre dernier, le ministre Jean-Michel Blanquer a lancé une campagne de sensibilisation dans les établissements scolaires et sur les réseaux sociaux. Un plan de prévention contre le harcèlement entre élèves, lancé en 2018, vient d’être remis à l’ordre du jour par le gouvernement.