Le lieutenant-colonel Coste est parti le 7 janvier dernier en Australie avec quatre autres collègues français pour combattre les violents incendies qui ont détruit plus de 18 millions d'hectares de forêt et tué presque 30 personnes.
C'est une expérience unique dans sa carrière de sapeur-pompier. Le lieutenant-colonel Coste a vu de ses propres yeux les gigantesques feux de forêt qui ravagent l'Australie depuis plusieurs mois, à l'occasion d'une mission d'appui auprès de ses collègues australiens.
Pendant 10 jours, avec quatre autres pompiers français, le gardois a aidé à vaincre ces flammes qui ont calciné plus de 18 millions d'hectares de forêt, particulièrement à l'Est, entre Melbourne et Canberra, tué 28 personnes et entraîné des conséquences catastrophiques sur l'écosystème australien.
Une superficie qui représente un quart de la France.
"Une mer de fumée à perte de vue"
Dans un entretien, il nous raconte ce qu'il a vu là-bas, dès son arrivée.
La première sensation que nous avons eu, c’est dès l’arrivée à l’aéroport de Camberra, la capitale, l’odeur de fumée. On le ressent dans l’aéroport et dans l’environnement de manière générale. C’est une fumée qui est omniprésente et qui a pénétré au sein des bâtiments.
Bien que le pompier gardois soit un habitué des feux de forêt, qui peuvent atteindre plusieurs centaines d'hectares dans le département, comme à Générac en juillet dernier, c'est une toute autre situation à laquelle le professionnel du feu a dû faire face.
Ce sont des incendies de plusieurs centaines de milliers d’hectares pour certains. Cela représente des surfaces gigantesques. Nous n’avons jamais connu ça ici en France, c'est très impressionnant.
En survolant en avion l’un des feux les plus importants, dans le secteur de Bairnsdale, du côté de Melbourne, Nicolas Coste a pu se rendre compte de la gravité de la situation.
Du sol, nous avons une vue partielle de ces incendies, mais là, depuis 1500 mètres de hauteur, on a aperçu une mer de fumée à perte de vue et d'importants pyrocumulonimbus (des nuages dangereux qui aggravent les incendies, ndlr.)
Nous avons survolé la zone incendiée qui longe la côte Sud-est, et nous avons fait plus de 1400 kilomètres en survolant toujours le même feu.
La technique du contre-feu, flamme contre flamme
Spécialiste de la technique du contre-feu, le lieutenant-colonel Coste a pu partager son expérience mais aussi apprendre de ses collègues, à l'autre bout du monde.
Cette technique consiste à brûler des zones boisées en maîtrisant le feu, de manière à couper l'herbe sous le pied à l'incendie, qui n'a plus rien pour s'alimenter.
Cette technique est utilisée de manière très fréquente par nos collègues australiens, notamment le matin, la nuit, quand la température est moins élevée et le taux d’humidité plus haut. Cela permet aussi d’économiser de l’eau.
Mais cela n'est pas sans failles ; les pompiers sont régulièrement surpris par la capacité des flammes à passer par-dessus ces zones coupe-feu, notamment à cause d'une végétation australienne particulièrement sèche en cette saison.
L’Australie connaît cette année des températures records, 49°C dans certains secteurs, avec des taux d’humidité jusqu’à 7%, donc c'est très sec, ce qui rend la végétation extrêmement vulnérable aux feux de forêt, qui se déclenchent à la moindre étincelle.
"Ce qui frappe, c'est le calme et la sérénité des collègues et de la population"
En Australie, depuis plusieurs mois, de nombreux feux ont lieu en simultané, explique le pompier gardois, avec des pics de 200 feux en même temps sur tout le pays. Ce qui oblige les sapeurs-pompiers à faire des choix stratégiques, faute d'un nombre illimité de soldat du feu et d'eau, après avoir analysé, feu par feu, les enjeux humains.
Le sapeur-pompier a en effet constaté une grande différence dans la gestion des feux, de la part de ses collègues, mais aussi de la population.
Ils concentrent leurs moyens aux endroits où il y a un risque pour la population. Il faut pouvoir accepter de laisser le feu évoluer à certains endroits sans lutter.
C’est un pays habitué à combattre les incendies, notamment à cette saison. La population est aussi très préparée aux feux de forêt. Tous font face à la situation et un calme et une sérénité impressionnante. La première des choses qui nous vient à l’esprit, c’est l’humilité et le respect du travail remarquable qui est fait. Les collègues travaillent d’arrache-pied pour venir à bout de ces incendies, avec beaucoup d’engagement et de fatigue, aussi.
Cette rencontre, ajoute Nicolas Coste, laisse présager "de nouvelles relations constructives" avec les pompiers australiens dans le futur, notamment dans la mise en commun des connaissances et des expériences de chacun.