Catholiques "heurtés dans leurs convictions" ou Nîmois "indignés" venus "par solidarité": plusieurs centaines de personnes ont assisté mercredi soir à Nîmes à une "célébration de réparation" organisée une semaine après des actes de profanation dans la petite église de Notre-Dame des Enfants. 

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"On s'en est pris aux symboles les plus forts : la Croix dessinée avec des excréments et puis les hosties qui ont été volées dans le tabernacle dispersées sur le sol, souillées. Pour nous, c'est abject ! ça touche à ce qui est le coeur même de notre foi, le symbole du Christ, de sa présence", explique Serge Cauvas, 70 ans, curé de la paroisse depuis quatre ans, qui a porté plainte après les actes de vandalisme et les dégradations découvertes mardi 5 février au soir.

C'est une injure qui vise cette fois les catholiques mais qui cible malheureusement aussi les autres religions


"C'est une injure qui vise cette fois les catholiques mais qui cible malheureusement aussi les autres religions", souligne-t-il. Des excréments projetés sur le sol et les murs, des hosties brisées, un tabernacle forcé avaient été retrouvés dans la petite église du quartier de Beausoleil, Notre-Dame des Enfants, consacrée depuis 1948. 

Les actes qui ont été commis dans cette église sont très graves


"Les actes qui ont été commis dans cette église sont très graves", a déclaré mercredi soir Mgr Robert Wattebled, évêque de Nîmes, Uzès et Alès (Gard) en prélude à une "célébration de réparation pour l'acte de profanation" perpétré dans la paroisse. "Nous faisons toute confiance aux enquêteurs pour retrouver si possible le ou les auteurs afin qu'ils soient sanctionnés", a-t-il souligné en insistant également sur le contexte de "recrudescence des actes d'antisémitisme". 

Haine et intolérance

L'évêque a remercié le Comité inter-religieux nîmois (CIRN), qui réunit des responsables religieux juifs, musulmans, protestants et catholiques de la ville. Ce comité a fait part de sa "profonde indignation" après ces "actes délibérés visant à toucher une communauté religieuse...dans ce qu'elle a de plus sacré" et a exprimé son "inquiétude devant la montée des discours de haine et d'intolérance".


Inquiétude devant la montée des discours de haine et d'intolérance


"J'habite à 200 mètres, j'ai été baptisée dans cette église, j'y ai assisté à des mariages, des baptêmes, des funérailles", témoigne Christiane Roux, l'une des premières à avoir vu les lieux "souillés". "On se sent atteints, tristes, c'est un sacrilège envers Dieu mais aussi une atteinte à la liberté de conscience", estime, les larmes aux yeux, cette enseignante à la retraite de 65 ans. "Cela pose question sur l'état de notre société, on se demande ce qu'on a raté dans les familles et dans les écoles pour en arriver là", analyse-t-elle avec gravité.  

Cela pose question sur l'état de notre société, on se demande ce qu'on a raté dans les familles et dans les écoles pour en arriver là


"C'est une église qu'on laissait ouverte dans la journée et qui va devoir maintenant être fermée, c'est triste de devoir en arriver là", déplore la paroissienne qui a découvert la profanation, Aimée Thouvenot, retraitée, qui se dit "très choquée".

Protestant "très engagé", Maurice Ficard, né dans ce quartier populaire il y a 77 ans, est venu "par solidarité": "ça me révolte, c'est le respect de l'autre qui est en jeu", dit-il.  "Je suis athée mais ça ne m'empêche pas d'être indignée, c'est un peu de la mémoire du quartier qui a été souillée", renchérit Mireille Vidal, 67 ans. 
 
L'église de pierre au fin clocher a été construite au coeur d'un quartier composé de petites maisons et de rares bâtiments de deux ou trois étages. A l'intérieur, parois, sols et objets cultuels ont été nettoyés, son architecture oblongue ne révélant plus mercredi soir qu'une voûte illuminée par des pavés de verre incrustés dans la coupole.

La blessure mettrait sans doute longtemps à se refermer


Après un "rite pénitentiel" pendant lequel l'eau bénite est aspergée sur l'autel, la nef et l'assemblée, catholiques et habitants du quartier se sont séparés sur le parvis, dans de grandes accolades, en avouant que la "blessure mettrait sans doute longtemps à se refermer". 

Une enquête a été ouverte par le parquet de Nîmes et confiée à la direction départementale de la sécurité publique du Gard. Aucune piste n'est privilégiée à ce stade, a confié mercredi une source proche du dossier alors que quatre autres églises ont été visés par des actes similaires au plan national dans la même semaine.
 
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