Justice. La guerre de la drogue quartier Pissevin à Nîmes au coeur d'un procès

Sous les projecteurs depuis la mort d'un enfant de 10 ans, victime collatérale d'une fusillade en août, le quartier de Pissevin à Nîmes et son point de vente de drogue sont au coeur d'un procès qui s'ouvre lundi devant le tribunal correctionnel de Marseille.

Ils sont huit à être jugés jusqu'à vendredi. Huit hommes âgés de 24 à 38 ans devant le tribunal correctionnel pour trois fusillades en janvier et février 2020, dans une galerie commerciale au bas des tours de Pissevin, quartier sensible de la capitale de Gard où les habitants réclament davantage de policiers et de services publics.

Trois passants avaient été blessés dans cet épisode de la guerre pour le trafic de drogue qui gagne de nombreuses villes moyennes françaises. "Il n'est pas rare de recevoir des habitants qui se demandent 'où en est la justice?'", confie à l'AFP Raouf Azzouz, directeur du centre social Les Mille Couleurs à Pissevin. "Ce type de procès doit être retentissant car la population attend, en partie grâce à la justice, que la vie reprenne sur la place du quartier et que l'omerta cesse."

Sur le banc des prévenus à partir de lundi, Pierre Guest, 36 ans, surnommé "Pierrus", est désigné par l'accusation comme l'organisateur, depuis sa cellule de la prison de Béziers dans l'Hérault, des scènes de guerre au cours desquelles plusieurs hommes, vêtus de noir et cagoulés, avaient mitraillé la galerie commerciale Wagner.

Jugé pour "association de malfaiteurs en récidive", cet enfant de Pissevin se voit également reprocher d'avoir fomenté un projet d'assassinat des deux gérants qui auraient pris sa place à la tête du réseau de la cité et lui auraient dérobé une grande quantité de stupéfiants, après son incarcération en 2017. Ce projet, étayé par l'envoi de messages portant la photo avec le visage entouré des deux hommes ciblés, semble avoir été finalement abandonné.

Recruté pour 15 000 euros

Selon le juge d'instruction de la Juridiction interrégionale spécialisée de Marseille, qui mène les enquêtes sur les affaires de grande criminalité dans l'arc méditerranéen français, Pierre Guest se serait "appuyé à l'extérieur sur Nadir Hadjal et Fares Saadi, désignés comme les gérants du puissant réseau de stupéfiants du Mas de Mingue, un autre quartier de Nîmes."

Ils auraient notamment fourni des armes et des "véhicules de guerre" pour les fusillades. Cette distribution des rôles a été confortée par l'audition de deux témoins entendus sous X, même si Nadir Hadjal, dont la défense plaidera la relaxe, conteste être ce relais extérieur. Des conversations sur la messagerie Signal entre un téléphone attribué par l'accusation à Pierre Guest et celui de Fares Saadi, abandonné dans un véhicule accidenté, évoquent très clairement ces projets de coups de force.

Mais Pierre Guest conteste être l'expéditeur des messages et donc le commanditaire des trois fusillades. Il dément également être à l'origine du recrutement de deux "Lillois" venus à Nîmes pour constituer le commando. Un jeune homme du quartier du Mas de Mingue a expliqué lui avoir été embauché deux heures avant la fusillade du 10 février, avec la promesse de gagner 15 000 euros. Il s'était vu remettre des gants, une cagoule et un fusil à pompe.

Ce même réseau du Mas de Mingue s'est retrouvé au coeur de l'enquête sur la mort de Fayed, 10 ans, et d'un jeune homme de 18 ans, toujours à Pissevin, deux jours plus tard. Ce dernier était vraisemblablement la cible initiale recherchée par les tueurs qui auraient tiré par erreur sur la voiture de l'oncle de l'enfant, endeuillant une famille totalement étrangère au trafic de drogue.

Mi-novembre, le procureur de Marseille Nicolas Bessone avait expliqué que la cité Pissevin faisait "l'objet d'assauts de la cité du Mas de Mingue (...) dont on sent qu'elle aurait des connexions et du soutien de la DZ mafia", une puissante organisation du narcobanditisme marseillais. "Je souhaite que les accusés soient punis, avec des peines lourdes, mais au fond, je pense que ça ne changera rien", se désole Nastasia, une mère de famille de Pissevin qui préfère taire son nom de famille. Et d'espérer une présence policière plus régulière, au quotidien, "pour que le quartier soit plus calme".

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