La restauration du mammouth de Durfort, l'un des fossiles les plus grands et complets de l'ère quaternaire découvert dans le village éponyme du Gard, est terminée. Il reviendra dans la galerie de paléontologie du Museum d'histoire naturelle ce mercredi 28 juin.
C'est la star du Muséum national d'histoire naturelle : le gigantesque mammouth de Durfort du village gardois éponyme où il a été découvert en 1869 reviendra dans sa galerie de paléontologie du Jardin des plantes à Paris, mercredi 28 juin après treize mois de restauration.
Os fissurés
Le bébé mammouth dit "méridional" est l’un des plus grands et des plus complets fossiles du monde : six mètres de long, quatre mètres de haut, estimé de son vivant à dix tonnes environ. Son âge : compris entre 700 000 et 1,2 million d'années. Depuis son arrivée au musée en 1898, le squelette du mastodonte n'avait jamais eu droit à une restauration. Elle était devenue nécessaire, à la suite notamment de fissures sur ses os. Un lifting complet qui avait débuté en mai 2022. Une cagnotte avait alors été lancée pour financer sa restauration de près de 500 000 euros.
Remis sur pattes
Ce retour du mammouth ravit Bernard de Freminville, passionné d'histoire, intarissable sur le mammouth de Durfort. "Non seulement il a été dépoussiéré mais littéralement remis sur pattes, sourit Bernard de Freminville. Sa marche n'était pas la bonne, ses pattes ont été remises dans l'axe".
"Les pattes n'étaient pas dans la bonne position parce qu'un mammouth ou un éléphant, ça marche à l'amble. C'est-à-dire qui a les deux pattes d'un même côté et qui avance en bloc, puis après les deux pattes de l'autre côté, comme une girafe aussi. Et notre mammouth avait les pattes qui se croisaient comme les pattes d'un chien ou d'un chat. Donc, il n'était pas correct", indique Bruno David, le directeur du Muséum à France Info.
Faux os
Des éléments de ce squelette étaient des faux.
Quand il a été découvert, et pour faire la nique aux Allemands après la guerre de 1870, on avait essayé de montrer qu'on avait un plus grand mammouth qu'eux.
Bernard de FréminvilleHistorien, passionné du mammouth de Durfort
"Il n'était pas question de lui laisser des côtes manquantes. Une partie du crâne avait alors été remodelée en plâtre. On a découvert tout cela 150 ans après sous la poussière au moment où il est parti en restauration. Du coup "ce noble animal", comme on l'avait appelé au moment de sa découverte a repris un coup de jeune mais aussi des os bien en place, et on sait ce qui est d'origine et ce qui ne l'est pas".
Site de fouilles exceptionnel
Le site tout à fait exceptionnel dont avait extrait le mammouth comprenait en plus de trois squelettes de mammouths mais aussi des vestiges d'autres animaux : des chevaux, des lynx et même un batracien. "Une vraie petite faune dans ce marigot quaternaire", loin d'avoir livré tous ses secrets, qui avait relancé des fouilles en septembre 2022.
Durfort s'approprie "son" mammouth
La découverte du mammouth a relancé l'intérêt pour le montage et la reconstitution de ce grand squelette. Cela a renoué des liens avec le village. Au début, le muséum a travaillé seul puis il a associé le village de Durfort. "Le village a embrayé avec enthousiasme. C'est une pièce marquante de son histoire. À L’époque, le boulanger du village avait écrit un poème, les écoliers aussi... Tout le monde avait un bout d'os préhistorique sur sa cheminée.
Le village de Durfort aimait et aime encore sa bestiole, l'animal n'est pas un ovni mais une pièce marquante d'un territoire.
Bernard de FreminvilleHistorien
Le mammouth, lien social
Le bistrot du village s'appelle "Le repaire du mammouth". Un artiste et inventeur a reconstitué la bête en ferraille et autres matériaux de récupération pour la faire parader lors de la fête du village. "Les habitants avaient été invités à y attacher des bouts de laine multicolores : le mammouth est devenu joyeux, invraisemblable du point de vue paléontologique mais intéressant du point de vue mémoriel".
Le spécimen restauré a également pu être entièrement numérisé et modélisé en 3D, devenant accessible en version dématérialisée pour les scientifiques et le public du monde entier. Son squelette reviendra dans la galerie de paléontologie mercredi 28 juin, pour la plus grande joie du public.
